Gestion de crise

Natalie Maroun a lu pour vous "Déjouer les risques. Idées reçues et vraies pistes pour les organisations publiques et privées." Dunod. Par Raphaël de Vittoris et Sophie Cros.


Natalie Maroun, Rédactrice Associée Veillemag International Risk communication and Crisis management strategist




Cet ouvrage aurait pu s’intituler « Ce que la gestion de crise nous apprend sur la gestion des risques ».


En cinq chapitres, Raphaël de Vittoris et Sophie Cros tordent le cou aux idées reçues sur les risques et s’attachent à redéfinir le management des risques vers sa nécessaire transformation en culture du risque.

La méthode surprenante a déjà fait ses preuves.
Dans Surmonter les crises, en 2021, Raphaël de Vittoris s’attaquait déjà aux idées reçues sur la gestion de crise et des pistes pour les entreprises.

Déjouer les risques reprend la même formule, l’écriture à quatre mains apporte la complémentarité d’une approche  académique  à l’expertise pratique : Sophie Cros est Professeur des universités en sciences de gestion à l’Institut supérieur d’études logistiques (ISEL) de l’université Le Havre Normandie, spécialistes de la gestion globale des risques et des crises et Raphael de Vittoris est un professionnel aguerri, qui dirige actuellement les départements liés à la Gestion des Risques chez Symbio, après avoir été à la tête de la gestion de crise pendant 13 ans pour le groupe Michelin.

Dans un ouvrage riche en anecdotes, études de cas et retours d’expériences, les situations réelles sont décrites avec le parti pris du contrepoint qu’est l’idée reçue. Peu ou pas formalisée dans les PME, PMI, inconnue ou volontairement ignorée dans les TPE, la gestion des risques pour les décideurs vue par R. de Vittoris et S. Cros c’est donc pas moins de
  • 5 idées reçues
  • 27 observations
  • 5 pistes pratiques
  • quelques constats et de nombreux exemples
 

« Malgré le fait que les risques ne soient jamais réellement nouveaux, leur ampleur et leur fréquence semblent désormais considérables ».

Dès les premières pages, les auteurs analysent la notion de risque sous la loupe de la crise qui en résulte. Un siècle sépare l’accident survenu à Oppau (en Allemagne), en 1921, et l’explosion du port de Beyrouth en 2020, sans oublier l’accident d’AZF en 2001. A travers 3 explosions majeures sur des stockages de nitrate d’ammonium, les auteurs nous rappellent « malgré le fait que les risques ne soient jamais réellement nouveaux, leur ampleur et leur fréquence semblent désormais considérables ».
 
Les auteurs dressent également les préalables indispensables à la démarche de gestion de crise : connaitre l’environnement de l’organisation, mais aussi ses parties prenantes.
 
A travers une réflexion argumentée, ils démontrent les limites de l’approche par typologies de risque et prône une approche globale qui permet non seulement de considérer les risques mais également « leurs interactions probables et plausibles les uns après les autres ».
 

La gestion des risques vue sous le prisme de la gestion de crise nous rappelle également qu’un « risque n’existe que lorsqu’il est perçu ».

Les auteurs ne se contentent pas des constats mais proposent une méthodologie pratique, pragmatique où chaque piste est un outil. Nous retenons la 3ème piste, méthodologie d’évaluation des risques basée sur la notion de « cascades » où le dirigeant est invité à identifier des « scénarios enfants » à partir d’un risque initial.

Cet exemple illustre la méthodologie proposée par les auteurs et qui s’affranchit des biais et écueils de la gestion des risques : la subjectivité, la probabilité, les approches par silo. Une méthodologie qui est une excellente entrée en la matière pour tous ceux qui craignent de se lancer dans une démarche complexe et inconnue, faite de matrices, de calculs de probabilité et de scénarios inimaginables.
 

Une grande absente cependant : l’intelligence stratégique.

Car l’analyse des données dépend aussi de la qualité de la donnée, du schéma de recueil, de la source comme des relais, en somme de ce que Bernard Besson appelle « l’intelligence inventive ». Une discipline (ou une qualité ?) nécessaire pour tout dirigeant souhaitant mettre en place dans son organisation la culture du risque face à l’incertitude et à l’imprévisibilité.
 

Gardez le contact avec Natalie Maroun


International Risk communication and Crisis management strategist
Natalie Maroun a plus de 15 ans d'expérience en conseil et formation en gestion et communication de crise. Consultante internationale auprès de l'OCDE, OMS, Banque Mondiale et la GIZ
Pour l'INSP (ex-ENA) elle intervient auprès de délégations internationales en leadership et management de l'incertitude, gestion de crise, communication sensible et influence. 
Ses recherches portent sur la prise de décision dans les situations extrêmes, le management de l'innovation de rupture et les mobilisation citoyennes en temps de crise
Elle détient un doctorat en Info-com (ED pratiques et théories du sens- Paris 8)

Auteur : Raphaël De Vittoris Gestionnaire de crise chez Symbio.

Raphaël De Vittoris a choisi la voie de la double carrière. Il s’évertue en effet à incarner à la fois l'expertise pratique et la passion de la recherche. Avec des Masters en Physiologie en Environnement Extrême, en Administration des Entreprises et en Hygiène Sécurité et Environnement, ainsi qu'une thèse en Sciences de Gestion, De Vittoris a forgé un parcours académique éclectique.
Sa collaboration avec le Pr. Sophie Cros, débutée lors de son doctorat, a marqué le début d'une collaboration fructueuse. Entre des rôles de direction au sein de grandes entreprises – où il supervise la gestion des risques, des crises, l'audit interne, le contrôle interne, la sûreté et la cyberdéfense – et ses fonctions d'enseignant-chercheur en stratégie, management et gestion de crise, De Vittoris se consacre à l'accroissement des connaissances dans les domaines de la gestion de crise et de la gestion des risques.
Son approche impose une rigueur scientifique et ses tests sur le terrain, qui alimentent la publication d'articles académiques permettant une application immédiate des découvertes. Ses ouvrages, quant à eux, défient certains fondamentaux de ces disciplines, en mettant en lumière leurs bénéfices tout en soulignant leurs limites, tout en proposant des solutions novatrices pour les organisations. 


Raphaël de Vittoris  est directeur de la gestion des risques et des crises du groupe Symbio après avoir été plus de 10 ans en charge de la gestion de crise du groupe Michelin. Titulaire d'une thèse en science des organisations acec spécialisation en gestion de crise, il est professeur et chercheur associé en stratégie et gestion de crise à l’université Clermont-Auvergne. Il est également auteur de Déjouer les risques, idées reçues et vraies pistes pour les organisations publiques et privées (Dunod, 2024), Surmonter les crises, idées reçues et vraies pistes pour les entreprises (Dunod, 2021) et de Par-delà la résilience et l’antifragilité, l’entreprise du xxie siècle (Eska, 2022). 

Auteur : Sophie Cros Professeure des universités en sciences de gestion

Le Pr Sophie Cros est spécialiste de gestion globale des risques et des crises, depuis sa thèse de sciences économiques et de gestion obtenue en 1997 à l’ENS Cachan. Ses domaines de recherche portent sur la prise de décision, le diagnostic des risques et l’anticipation de l’improbable.  Elle a cherché à effectuer des recherches appliquées afin d’utiliser les sciences de gestion en réponse à des problématiques de terrain en situation de crises.
En parallèle de ses études, elle a toujours travaillé au contact des acteurs de terrain, des salles de marché (GMF Banque, CCF), en milieu hospitalier (co fondatrice de l’association SoFGRES, gestionnaires de risques en établissements de santé), de la gendarmerie nationale (convention de partenariat) à la réserve opérationnelle de la brigade de sapeurs-pompiers de Paris afin de rester proche des acteurs de gestion des crises (1ère réserviste au titre de l’expertise). Elle est désormais Lcl® au sein du district de sûreté portuaire du Port du Havre, rattachée à la DMD 76.
Tout naturellement, elle a accepté d’encadrer en thèse, Raphaël De Vittoris, crisis manager chez Michelin. Les échanges ont été fructueux et les collaborations se sont développées au fil des opportunités.
Elle est co auteur de « Diagnostic des risques », Ed AFNOR (7 ouvrages publiés au total) qui présentait les bases. Pour aller plus loin dans la maîtrise des risques, elle a opté pour une collaboration fort enrichissante, avec Raphael, pour présenter un point de vue le plus complet possible.


Sophie Cros est professeure des universités en sciences de gestion au sein de Normandie Université. Après avoir enseigné plus de 20 ans à l’Université Paris 1 Panthéon Sorbonne et à Sciences Po Paris, elle enseigne à l’Institut Supérieur d’Etudes Logistiques (ISEL).

Elle est directrice du centre de recherches normand en sciences de gestion, le Normandie Innovation Marché Entreprise Consommation (NIMEC), qui regroupe 12 sites universitaires. Elle est spécialiste de gestion globale des risques et des crises, ses thématiques de recherches concernant principalement la prise de décision, le diagnostic des risques et l’anticipation de l’improbable.

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