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Entretien. Bernard Besson analyse les apports du Rapport Martre. "Intelligence économique et stratégie des entreprises"


Jacqueline Sala


"La guerre en Europe renforce l’actualité d’un texte qui parle de souveraineté. Il n’ y a pas d’avenir sans culture française, sans souveraineté démographique, informatique, informative, juridique, technologique, énergétique, alimentaire, diplomatique, militaire. L’intelligence économique est la gouvernance systémique de ces souverainetés. Le rapport Martre fut le premier à oser l’évoquer."




Ecrivain et formateur, Il est directeur scientifique du Comité intelligence économique des Ingénieurs et scientifiques de France (IESF).

 Il a intégré dans un enseignement à distance (MOOC) les savoir-faire des ingénieurs et entrepreneurs dans les cinq piliers de l’intelligence économique : intelligence collective, intelligence des risques, influence, intelligence inventive, éthique.
 
Cadres d’entreprises et étudiants évaluent leurs connaissances et obtiennent un badge d’IESF après avoir obtenu la note de 14/20.
 https://moodle.luniversitenumerique.fr/course/view.php?id=1025
 
Chaleureux et bienveillant, son énergie témoigne de son expérience. Doté d’une curiosité insatiable, il se distingue, comme son ami Jean-Claude Possin, par une volonté de transmettre son savoir. Ce que vous pourrez très rapidement vérifier sur veillemag.com, au travers des documents qu’il nous a offerts. Il a enseigné dans plusieurs formations en France et à l’étranger et actuellement à l’E.E.I.E https://www.eeie.fr/

Quelques références de ses ouvrages dédiés l'I.E. :
“Introduction à l’intelligence économique » (Amazon 2021 4ème édition)
« Intelligence politique et Etat stratège » avec Jean Claude Possin (Amazon 2022)
“L’Audit d’intelligence économique” (avec Jean-Claude Possin, Dunod, 2ème édition, 2002)
“Du Renseignement à l’intelligence économique” (avec Jean-Claude Possin, Dunod, 2ème
édition, 2001)
 « L’intelligence des risques »  avec Jean-Claude Possin  aux éditions I.F.I.E. en 2006.

Ancien chargé de mission auprès du HRIE Alain Juillet, il a piloté le groupe à l'origine du premier référentiel de formation en intelligence économique.

Ses talents d’écrivain, sa carrière dans les services de renseignement (RG et DST) lui donnent une légitimité dans les domaines géopolitiques. Plusieurs de ses romans ont été traduits en Russie et aux Etats-Unis.
 
 Il est notamment l’auteur d’une série portant sur le premier affrontement balistique entre ces deux nations :« 1961 » « 1962 » « 1963 » « 1964 » disponibles chez Odile Jacob et sur Amazon

Il a par ailleurs traité du terrorisme islamiste et de la guerre économique entre multinationales et nations à travers des thrillers publiés au  Seuil et chez Calmann Levy.
 
Il était donc naturel que nous lui demandions l’influence que le Rapport Martre, publié en 1994, avait eu sur ses convictions, ses pratiques et les perspectives qu’aujourd’hui il ouvre.
 

Bernard Besson, vous avez la parole

"Pour moi le rapport Martre a permis à la France en 2003 d’initier une politique concrète d’intelligence économique sous la direction de M Alain Juillet. Cette action souveraine, une nouveauté dans le domaine de l’information et de la puissance qui lui est rattachée fut une leçon de gouvernance.
 
Le rapport Martre a doté les acteurs publics et privés d’un langage commun, d’une culture partagée autour de l’intelligence économique. Sans adhésion les lois et décrets restent des assemblage théoriques. Il faut ajouter au droit la conviction qui permet aux entreprises et à l’Etat d’échanger des informations concrètes.
 
La philosophie de ce document a permis l’invention de question inattendues, parfois iconoclastes dans les groupes de travail dont le HRIE m’avait confié la direction. Une politique publique d’intelligence économique est une remise en cause des certitudes, une saisie des opportunités et des menaces toujours renouvelées.
 
 C’est aussi un audit de nos capacités souvent méconnues. J’ai vu fonctionner le cœur de l’Etat-stratège, une aventure exaltante. Il ne coutait que de l’imagination et de la volonté. Il a évité à la France certains déboires.
 
Rendons grâce à Alain Juillet d’avoir accompli le jour et souvent la nuit, la tâche difficile de faire parler ceux qui s’ignoraient. Dans l’Etat comme dans l’entreprise l’intelligence économiques est faite d’hommes et de femmes qui s’écoutent. Sans affectio societatis les règlements et notes de service tombent à plat.
 
 Cette action a inspiré le Sénat dont le projet de loi de mars 2021 poursuit le travail commencée en 2003. La Haute assemblée confirme qu’il faut à la France une pensée systémique susceptible de renforcer ses dons analytiques dans tous les domaines. Elle accorde une place de choix aux réflexions, aux projections stratégiques.
 
Aujourd’hui, sous la présidence de l’amiral Jean Goursaud, spécialiste du renseignement et de la sécurité, les ingénieurs d’  IESF comme les professionnels des groupes de travail du HRIE, apportent leurs savoir-faire dans les podcasts du MOOC. Ils sont en cela les continuateurs du rapport Martre.
 
 La guerre en Europe renforce l’actualité d’un texte qui parle de souveraineté. Il n’ y a pas d’avenir sans culture française, sans souveraineté démographique, informatique, informative, juridique, technologique, énergétique, alimentaire, diplomatique, militaire. L’intelligence économique est la gouvernance systémique de ces souverainetés. Le rapport Martre fut le premier à oser l’évoquer."

 
 

Bernard Besson, merci.