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3 Questions à Hervé Basset : veilleur scientifique




Bloggeur, auteur, conférencier et formateur, Hervé Basset est avant tout un veilleur. Il nous présente ici son analyse sur l'utilisation des outils professionnels ou gratuits, de la diffusion des résultats et des spécificités de la veille scientifique.



En bon veilleur, Hervé BASSET a de multiples casquettes.

3 Questions à Hervé Basset : veilleur scientifique
En tant que bloggeur, il anime deux blogs (le premier en français, le second en anglais)
-       http://intelligencescientifique.wordpress.com/
-       http://scienceintelligence.wordpress.com/
... destinés à des professionnels de l'information sur des thématiques ciblées : veille scientifique, Science 2.0, médias sociaux.

Mais Hervé Basset est également rédacteur d'articles auprès de magazine anglophone Research Information, Information Today, conférencier dans des congrès européens (Online Information, PharmaBioMed, Internet Librarians International), ainsi que formateur auprès notamment des URFIST et de l'ADBS

Pourquoi utiliser des outils professionnels payants lorsqu'on peut utiliser des outils gratuits ?


A ce jour, assurer une veille professionnelle à l'aide d’outils gratuits reste impensable. Certes, depuis quelques années, le nombre d'outils gratuits estampillés veille croît de façon exponentielle sur le web. Certains sont intéressants comme Diphur ou WebSite Watcher . Toutefois, au final pour l'entreprise, rien n'est véritablement gratuit.
A mon sens, il faut réaliser la distinction entre veille personnelle et veille professionnelle et donc a fortiori entre outils professionnels (type Sindup,  Digimind, KB Crawl, AMI Software ) et outils personnels (type Diphur). Ils se distinguent au niveau du temps nécessaire (et donc du coût) pour réaliser sa veille
Avec des outils personnels, la collecte (même si elle est superficielle) reste certes gratuite ; toutefois, ils pêchent au niveau

- des étapes d'analyse et de diffusion de la veille.
Par exemple, il a été démontré que l'analyse de résultats issus de Google Scholar prend 30 fois plus de temps qu'avec une base de données scientifique traditionnelle de type Web of Science ou Scopus.

- de la confidentialité des données
Dans de nombreux secteurs, transports, santé), la confidentialité des données reste primordiale. Les outils professionnels apportent une garantie (notamment juridique) à ce niveau.

- de l'avantage compétitif
Les outils professionnels offrent la possibilité d'élaborer des requêtes complexes et d'accéder à plus de ressources du web profond (formulaire, capcha).

Comment diffuser les résultats de sa veille professionnelle de façon ciblée ?

Diffuser sa veille professionnelle de façon ciblée nécessite de distinguer les livrables de veille :

- non critiques
Ils pourront être publiés sur un blog internet ou via un forum sur SharePoint par exemple. Pour une veille environnementale per exemple, l'utilisateur final pourra le lire quand il disposera du temps nécessaire

- critiques
Dans ce cas, le mail reste l'outil à privilégier. En effet, l’immense majorité des utilisateurs utilisent leur messagerie au quotidien.

Ensuite, les logiciels professionnels de veille pourront capitaliser cette veille.
Affiner la diffusion de sa veille nécessitera de segmenter les résultats en fonction des cibles : veille concurrentielle pour le marketing, veille règlementaire pour le département légal, veille scientifique et technologique pour la R&D, etc.

La veille scientifique présente-t-elle des spécificités ?

Pour simplifier la veille scientifique passe forcément par des bases de données spécialisées. (Ex les plateformes d’Elsevier, de Thomson, de  Springer, etc.).
La barrière d'entrée se situe au niveau du prix. Les petites structures n'auront pas nécessairement les moyens suffisants pour s'offrir l'abonnement à ces services.
Les plus grandes entreprises en tirent donc un avantage compétitif, en terme de temps-homme passé à la rechercher et au traitement de l’information mais aussi en terme d’exhaustivité. Ainsi, actuellement réaliser une veille scientifique par des outils gratuits  comme Google Scholar porterait uniquement sur 10 à 20% des données contre 50 à 75% de la publication scientifique mondiale pour des services professionnels.

Depuis 4 à 5 ans, ce modèle est toutefois remis en cause pour le mouvement Open Access (libre accès des brevets, des bases de données, de revues etc...)
A terme, porté par la pression académique et sociale, l'accès aux données scientifiques devrait donc se libéraliser.