Communication & Influence

10 septembre : la mobilisation s'amplifie sous l'impulsion de l'extrême gauche sur les réseaux sociaux. Etude Visibrain


Jacqueline Sala
Mercredi 3 Septembre 2025


À mesure que se rapproche l’échéance du 10 septembre, la mobilisation en ligne connaît une inflexion notable, tant dans son intensité que dans la nature des acteurs impliqués. Ce qui, à l’origine, relevait d’une convergence ponctuelle entre cercles anti-système et mouvances issues des extrêmes politiques, tend désormais à se structurer autour d’un nouvel axe d’influence.




Le point de bascule intervient le 17 août, lorsque l’intervention publique de Jean-Luc Mélenchon et l’engagement affirmé de La France insoumise modifient la cartographie des soutiens et amplifient la portée du message.

Sur les réseaux sociaux, cette recomposition se traduit par une augmentation du volume de publications, une diversification des canaux et une professionnalisation des codes de communication. Les hashtags, visuels et formats narratifs employés témoignent d’une stratégie plus cohérente, visant à fédérer au-delà des cercles militants traditionnels.

Pour Thierry Herrant, expert en communication publique et partenaire de Visibrain, cette évolution illustre la capacité des acteurs politiques à capter et réorienter une dynamique numérique initialement diffuse, en la transformant en levier d’influence structuré.

Dans un contexte où la bataille de l’opinion se joue de plus en plus dans l’espace digital, cette mobilisation du 10 septembre apparaît comme un cas d’école : elle met en lumière la rapidité avec laquelle un mouvement peut changer de nature sous l’effet d’interventions ciblées, et souligne l’importance, pour les observateurs, de détecter ces signaux faibles avant qu’ils ne se traduisent en actions coordonnées sur le terrain.


17 août 2025 : le tournant autour de la mobilisation du 10 septembre sur les réseaux sociaux

L’analyse de la cartographie des interactions en ligne autour de la mobilisation révèle une recomposition nette des forces en présence.

Le versant gauche du mouvement a connu un renforcement significatif depuis l’entrée en scène de la gauche mélenchoniste. Positionnée dans la zone noire de la cartographie (voir pj en fin d'article), cette composante occupe désormais une place dominante sur X, imposant ses codes, ses récits et ses relais d’influence. Cette montée en puissance traduit une capacité à capter l’attention et à structurer le discours, au détriment d’autres sensibilités initialement présentes.

À l’opposé, le versant droit du mouvement, identifié dans la zone rose en bas de la cartographie, apparaît en net retrait. Sa visibilité et son poids dans les échanges se sont réduits au point de devenir très minoritaires, signe d’un désengagement ou d’une perte de capacité à mobiliser ses soutiens dans l’espace numérique.

La cartographie met également en évidence un phénomène persistant : la présence massive de faux-comptes, regroupés dans une zone rose distincte, en hauteur. Leur activité, souvent automatisée, contribue à amplifier artificiellement certains messages, à brouiller la perception de la mobilisation réelle et à complexifier l’analyse des dynamiques organiques.

Enfin, la zone verte signale une évolution notable par rapport aux premiers jours : les personnalités politiques, les commentateurs et les médias y occupent désormais une place plus importante. Leur implication accrue traduit un intérêt croissant pour le sujet et participe à la légitimation — ou à la polarisation — du débat public.

Pour les professionnels de l’information stratégique, cette cartographie illustre à la fois la rapidité des recompositions dans l’espace numérique et la nécessité de distinguer les signaux authentiques des bruits artificiels. Elle rappelle aussi que la maîtrise des codes de diffusion sur les réseaux sociaux peut, en quelques jours, redessiner l’équilibre des forces et influencer la perception d’un mouvement bien au-delà de son socle militant initial.

 


Communiqué de presse