STRATEGIES

17 nov. Choose France 2025. Ah oui, mais pourquoi ? Comment être crédibles ?

À Paris, la Maison de la Chimie a accueilli le 17 novembre 2025 une édition inédite du sommet Choose France.


Jacqueline Sala
Lundi 17 Novembre 2025


En recentrant Choose France 2025 sur les entreprises nationales, l’événement se veut une démonstration de souveraineté industrielle, où l’information, la protection et l’influence s’entrelacent pour affirmer que l’avenir de la compétitivité française repose autant sur ses PME que sur ses champions mondiaux. Reste à en apporter les preuves !




Déployer une dynamique globale de compétitivité ! Pas si facile

La France a vu sa crédibilité internationale fragilisée par la dégradation de sa note souveraine par plusieurs grandes agences de notation, dont Fitch et Standard & Poor’s, qui ont abaissé la note du pays à A+ en septembre et octobre 2025.

Cette baisse traduit les inquiétudes persistantes liées à la trajectoire budgétaire française et à la difficulté politique de mener une consolidation ambitieuse. Dans les marchés financiers, une telle dégradation agit comme un signal négatif : elle renforce l’idée que la France peine à maîtriser sa dette publique et à stabiliser ses finances, ce qui peut accroître le coût de son financement et réduire sa marge de manœuvre diplomatique et économique. Même si la France reste considérée comme un emprunteur « sans risque » par les régulateurs, cette perte de rang affaiblit son image de puissance économique fiable et met en lumière les tensions entre ambition de réindustrialisation et fragilité budgétaire

Donc cette année, les organisateurs ont décidé de faire évoluer le format : près de deux cents dirigeants français ont été invités à présenter leurs projets d’investissement, illustrant la vitalité d’un tissu entrepreneurial qui ne se limite pas aux grands groupes. Plus de cent cinquante projets ont été annoncés, représentant environ trente milliards d’euros, dont près de dix milliards consacrés à de nouvelles initiatives.

Le sommet Choose France 2025 a mis en avant une ambition claire : réindustrialiser le pays, renforcer sa souveraineté et montrer que les entreprises françaises sont capables d’investir massivement sur leur propre territoire. Mais la probabilité de relever ces défis dépend de la capacité de la France à surmonter plusieurs freins structurels qui, depuis des décennies, limitent son attractivité et sa compétitivité.

Un instrument de diplomatie économique. Les défis à relever.

Le premier obstacle est celui du coût de l’énergie et de la transition écologique. Les entreprises, qu’il s’agisse de grands groupes ou de PME locales, doivent composer avec des prix de l’électricité et du gaz souvent plus élevés que chez certains concurrents européens. La transition énergétique, indispensable, impose des investissements lourds dans la décarbonation, qui peuvent freiner les projets si les aides publiques ne sont pas suffisamment ciblées et pérennes.

Un autre frein majeur réside dans le marché du travail et la formation. La France souffre d’un déficit de compétences dans certains secteurs industriels, notamment dans les métiers techniques et numériques. Les entreprises locales peinent à recruter, ce qui ralentit leur capacité à concrétiser les projets annoncés. La réindustrialisation suppose donc un effort massif en matière de formation, d’apprentissage et d’attractivité des métiers industriels, souvent perçus comme moins valorisés.

La complexité administrative et réglementaire reste également un handicap. Les dirigeants de PME dénoncent régulièrement la lourdeur des procédures, qu’il s’agisse de fiscalité, de normes environnementales ou de démarches liées à l’implantation de sites industriels. Cette bureaucratie peut décourager les initiatives et ralentir la mise en œuvre des investissements annoncés lors de Choose France.

Construction d’un récit national

Ce choix de recentrer le sommet sur les entreprises françaises traduit une volonté de protection et de valorisation des actifs nationaux. En mettant en avant des projets industriels, numériques et énergétiques, l’État cherche à sécuriser des secteurs stratégiques tout en renforçant la résilience du tissu entrepreneurial.

En valorisant des projets emblématiques comme le data center porté par Iliad et EDF, la France envoie un signal sur sa capacité à conjuguer innovation technologique et transition énergétique. En donnant la parole aux PME locales, elle montre que son modèle économique repose sur un tissu entrepreneurial diversifié, capable de soutenir la compétitivité nationale. Ce double discours – grands projets structurants et initiatives territoriales – constitue une arme d’influence, car il projette une image de puissance équilibrée et résiliente. Encore faut-il être crédibles !
 

Entre affrontements politiques et blocages institutionnels

Ce n’est pas le spectacle offert par l’Assemblée nationale ou le Sénat qui peut convaincre les investisseurs français ou internationaux de la solidité de l’économie nationale.

Les débats parlementaires, souvent marqués par des affrontements politiques et des blocages institutionnels, donnent une image de fragilité et d’instabilité qui ne rassure guère les acteurs économiques. Ce qui compte réellement pour les investisseurs, ce sont les signaux tangibles : la capacité des entreprises à innover, la clarté des politiques industrielles, la stabilité fiscale et la cohérence des stratégies de transition énergétique.

Autrement dit, la crédibilité économique de la France ne se joue pas dans l’arène politique mais dans la démonstration concrète que le pays sait créer les conditions favorables à l’investissement et à la croissance.