Il n’y a rien de plus politique qu’un chiffre

Les chiffres rassurent parce qu’ils ont l’air neutres. Pourtant, du Global Foresight 2025 qui brandit le pire pour façonner l’avenir, au classement de Shanghai qui impose un modèle unique d’excellence académique, jusqu’au rapport IEF qui habille d’arithmétique des choix éminemment politiques, tous transforment des données en récits.
Les lire sans les questionner, c’est accepter que d’autres écrivent notre histoire. Les décortiquer, c’est reprendre la main sur le récit — et rouvrir le champ des possibles. Les statistiques n'ont pas été inventées pour cela, mais entre l'intention et l'usage, il y a la force des pouvoirs.
Les chiffres se donnent des airs de vérité incontestable. Alignés sagement dans des colonnes, affublés de pourcentages et de moyennes, ils semblent raconter le réel tel qu’il est. Pourtant, derrière leur apparente neutralité, se dissimulent toujours des choix : qui l'on choisit pour élaborer le panel, ce que l’on compte, ce que l’on omet, la manière dont on présente l’ensemble.
Le Global Foresight 2025, par exemple, dresse des scénarios noirs où la guerre mondiale, la prolifération nucléaire et l’effondrement des institutions se succèdent. Officiellement, il s’agit de prospective. En réalité, c’est aussi un outil d’influence. La peur devient un paramètre, presque une boussole.
Le classement de Shanghai 2025, lui, s’érige en référence absolue de l’excellence académique. Paris‑Saclay s’y hisse à la treizième place mondiale, et la France y place 27 universités. Mais cette hiérarchie repose sur une vision étroite de la performance, centrée sur les sciences dures et la recherche mesurable.
Tout ce qui ne rentre pas dans ce moule – mission sociale, diversité des savoirs – s’efface. En célébrant ces résultats, on oriente sans le dire l’université vers un seul modèle, financier et économique.`
Quant au rapport sur le contrôle des investissements étrangers en France, il affiche ses 392 dossiers traités, 182 autorisations et plus de la moitié assorties de conditions. Ces données dessinent une image de vigilance ou d’ouverture, selon l’angle qu’on adopte. Mais elles passent sous silence les tractations, les tensions entre souveraineté et attractivité, les rapports de force qui précèdent la décision.
Dans chacun de ces cas, les chiffres ne livrent pas la vérité ; ils racontent une histoire.
Ils séduisent par leur précision apparente, puis s’installent dans nos esprits comme des évidences. Or, il n’y a rien de plus politique qu’un chiffre. Savoir les lire, c’est accepter de les questionner, de remonter à la source, de déplier le narratif qu’ils véhiculent. Car ce n’est qu’en les ramenant à ce qu’ils sont vraiment – des outils, pas des oracles – que l’on peut espérer voir au‑delà de leur apparence et approcher, peut‑être, une vérité moins chiffrée, mais plus sincère.
Et évidemment sur l'étonnante rencontre en Alaska, nous ne ferons aucun commentaire. Si toute cette mise en scène a un sens, il nous faudra un peu de temps pour comprendre lequel.
Les lire sans les questionner, c’est accepter que d’autres écrivent notre histoire. Les décortiquer, c’est reprendre la main sur le récit — et rouvrir le champ des possibles. Les statistiques n'ont pas été inventées pour cela, mais entre l'intention et l'usage, il y a la force des pouvoirs.
Les chiffres se donnent des airs de vérité incontestable. Alignés sagement dans des colonnes, affublés de pourcentages et de moyennes, ils semblent raconter le réel tel qu’il est. Pourtant, derrière leur apparente neutralité, se dissimulent toujours des choix : qui l'on choisit pour élaborer le panel, ce que l’on compte, ce que l’on omet, la manière dont on présente l’ensemble.
Le Global Foresight 2025, par exemple, dresse des scénarios noirs où la guerre mondiale, la prolifération nucléaire et l’effondrement des institutions se succèdent. Officiellement, il s’agit de prospective. En réalité, c’est aussi un outil d’influence. La peur devient un paramètre, presque une boussole.
Le classement de Shanghai 2025, lui, s’érige en référence absolue de l’excellence académique. Paris‑Saclay s’y hisse à la treizième place mondiale, et la France y place 27 universités. Mais cette hiérarchie repose sur une vision étroite de la performance, centrée sur les sciences dures et la recherche mesurable.
Tout ce qui ne rentre pas dans ce moule – mission sociale, diversité des savoirs – s’efface. En célébrant ces résultats, on oriente sans le dire l’université vers un seul modèle, financier et économique.`
Quant au rapport sur le contrôle des investissements étrangers en France, il affiche ses 392 dossiers traités, 182 autorisations et plus de la moitié assorties de conditions. Ces données dessinent une image de vigilance ou d’ouverture, selon l’angle qu’on adopte. Mais elles passent sous silence les tractations, les tensions entre souveraineté et attractivité, les rapports de force qui précèdent la décision.
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Ils séduisent par leur précision apparente, puis s’installent dans nos esprits comme des évidences. Or, il n’y a rien de plus politique qu’un chiffre. Savoir les lire, c’est accepter de les questionner, de remonter à la source, de déplier le narratif qu’ils véhiculent. Car ce n’est qu’en les ramenant à ce qu’ils sont vraiment – des outils, pas des oracles – que l’on peut espérer voir au‑delà de leur apparence et approcher, peut‑être, une vérité moins chiffrée, mais plus sincère.
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