
L'illusion de l'échange : un démembrement déguisé
Le sommet prévu en Alaska entre Donald Trump et Vladimir Poutine ne portera pas sur un simple échange de territoires, mais sur la division irréversible de l'Ukraine.
Le mot « démembrement » est évité, car il renvoie directement à l'échec stratégique de l'OTAN. L'exemple est parlant : c'est comme si l'Italie cédait la Lombardie, la Vénétie, la Ligurie et l'Émilie-Romagne à la France, en échange de quelques villages. Les discussions porteront sur la cession à la Russie de régions ukrainiennes essentielles — Donbass, Crimée et peut-être d'autres — contre quelques districts mineurs, possiblement à Kharkiv ou Sumy.
À l'issue de ce processus, l'Ukraine aura perdu ses régions les plus riches et stratégiques, ainsi que presque tout accès à la mer.
Le mot « démembrement » est évité, car il renvoie directement à l'échec stratégique de l'OTAN. L'exemple est parlant : c'est comme si l'Italie cédait la Lombardie, la Vénétie, la Ligurie et l'Émilie-Romagne à la France, en échange de quelques villages. Les discussions porteront sur la cession à la Russie de régions ukrainiennes essentielles — Donbass, Crimée et peut-être d'autres — contre quelques districts mineurs, possiblement à Kharkiv ou Sumy.
À l'issue de ce processus, l'Ukraine aura perdu ses régions les plus riches et stratégiques, ainsi que presque tout accès à la mer.
L'illusion du temps : une mesure arbitraire
L'argument selon lequel la Russie progresserait « trop lentement » n'a aucune valeur scientifique.
Aucun critère objectif ne détermine le temps nécessaire pour prendre une ville fortifiée comme Chasiv Yar, pas plus qu'il n'en existait pour l'armée américaine lors de la conquête de Sadr City à Bagdad, entre 2004 et 2008. Les délais dépendent de facteurs géographiques et logistiques — cours d'eau, altitudes, forêts, conditions climatiques, infrastructures.
Dire que « seize mois pour Chasiv Yar, c'est trop » sans contexte, relève d'une présentation biaisée.
Aucun critère objectif ne détermine le temps nécessaire pour prendre une ville fortifiée comme Chasiv Yar, pas plus qu'il n'en existait pour l'armée américaine lors de la conquête de Sadr City à Bagdad, entre 2004 et 2008. Les délais dépendent de facteurs géographiques et logistiques — cours d'eau, altitudes, forêts, conditions climatiques, infrastructures.
Dire que « seize mois pour Chasiv Yar, c'est trop » sans contexte, relève d'une présentation biaisée.
L'illusion du demandeur : qui veut vraiment la trêve ?
Contrairement à ce que la propagande laisse entendre, ce ne sont pas les Russes qui réclament une trêve, mais Trump, Zelensky et l'Union européenne.
Pour Moscou, en phase d'offensive, un arrêt des combats serait nuisible. Les pressions viennent de Washington, de Kyiv et des capitales européennes. La Maison Blanche, consciente de l'épuisement militaire ukrainien, veut négocier avant que la Russie ne gagne encore du terrain.
Les sanctions secondaires de Trump contre l'Inde — des droits de douane à 50 % — en sont un signal politique : « Poutine ne veut pas s'arrêter, je vais l'y contraindre », a-t-il déclaré. Trump cherche à éviter d'être le président qui supervise l'effondrement militaire de l'Ukraine.
Pour Moscou, en phase d'offensive, un arrêt des combats serait nuisible. Les pressions viennent de Washington, de Kyiv et des capitales européennes. La Maison Blanche, consciente de l'épuisement militaire ukrainien, veut négocier avant que la Russie ne gagne encore du terrain.
Les sanctions secondaires de Trump contre l'Inde — des droits de douane à 50 % — en sont un signal politique : « Poutine ne veut pas s'arrêter, je vais l'y contraindre », a-t-il déclaré. Trump cherche à éviter d'être le président qui supervise l'effondrement militaire de l'Ukraine.
Quatre vérités amères
Une fois ces trois illusions dissipées, il reste quatre constats :
1. Les politiques de l'OTAN ont nui à l'Ukraine, la plaçant dans une dépendance totale vis-à-vis de Washington.
2. Le véritable maître de l'Ukraine est le président américain en fonction. Quand la Maison Blanche veut la guerre, Kyiv obéit. Quand elle veut la paix, Kyiv doit s'y plier. Un refus entraîne l'arrêt des livraisons d'armes, donc la défaite.
3. Zelensky a commis des erreurs stratégiques majeures : il a surestimé le soutien inconditionnel américain et européen, cru à la promesse d'un armement « aussi longtemps que nécessaire » et pensé imposer les conditions de la paix à Moscou. Il a lancé une contre-offensive ratée en juin 2023 et, malgré une percée à Koursk, a vu Sumy tomber sous contrôle adverse.
4. L'Union européenne a été humiliée. Poutine, en forçant Bruxelles à « montrer ses cartes », a révélé son absence de moyens militaires réels. L'UE paiera le prix de la guerre tout en étant exclue des discussions sur la future carte de l'Europe.
Vers une paix imposée
Le sommet d'Anchorage ne sera pas un moment d'équilibre diplomatique, mais un acte de redistribution forcée, où l'agresseur impose ses conditions et où les alliés occidentaux cherchent à sauver la face.
L'Ukraine n'y aura ni voix ni veto.
Ce qui se prépare, derrière les discours sur la « fin du conflit », est une paix asymétrique, inscrivant dans les faits la fragmentation territoriale d'un État européen — un précédent lourd de menaces pour l'ordre international.
L'Ukraine n'y aura ni voix ni veto.
Ce qui se prépare, derrière les discours sur la « fin du conflit », est une paix asymétrique, inscrivant dans les faits la fragmentation territoriale d'un État européen — un précédent lourd de menaces pour l'ordre international.
A propos de l'auteur
Giuseppe Gagliano a fondé en 2011 le réseau international Cestudec (Centre d'études stratégiques Carlo de Cristoforis), basé à Côme (Italie), dans le but d'étudier, dans une perspective réaliste, les dynamiques conflictuelles des relations internationales. Ce réseau met l'accent sur la dimension de l'intelligence et de la géopolitique, en s'inspirant des réflexions de Christian Harbulot, fondateur et directeur de l'École de Guerre Économique (EGE).
Il collabore avec le Centre Français de Recherche sur le Renseignement (CF2R) (Lien),https://cf2r.org/le-cf2r/gouvernance-du-cf2r/ et avec l'Université de Calabre dans le cadre du Master en Intelligence, et avec l'Iassp de Milan (Lien).https://www.iassp.org/team_master/giuseppe-gagliano/
La responsabilité de la publication incombe exclusivement aux auteurs individuels.