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Alger à l'heure de l'IE


Jacqueline Sala


Au cours du mois de mai, l’épicentre de l’intelligence économique s’est déplacé de quelques milliers de kilomètres au sud de Paris, et s’est établi durant deux jours dans la capitale algérienne. Près de 25 experts étaient programmés pour le 4ème colloque IEMA, organisé de main de maître par le cabinet NT2S dirigé par Sofiane Saadi, et le cabinet LOGE, dirigé par Fatiha Naar.



Alger à l'heure de l'IE
Sans que l’on puisse tous les citer, nous retiendrons quand même qu’Alain Juillet, Claude Revel, Christophe Stalla-Bourdillon, Véronique Mesguich, Guy Debaux, … ont fait le déplacement. Les organisateurs ont été aidés par deux partenaires de poids : l’école SKEMA (ex CERAM) et le Ministère de l'Industrie et de la Promotion des investissements (MIPI).

« Il faut surveiller comme les Chinois, analyser comme les Français, partager comme les Arabes, et agir comme les Américains »

L’Algérie, une place à part
Au niveau économique, elle est le premier partenaire commercial de la France en Afrique, et le troisième marché pour les exportations françaises hors pays de l’OCDE. La France est le second investisseur étranger. Les liens tissés dans le domaine de l’intelligence économique ne font que refléter des liens économiques qui ne demandent qu’à se renforcer.
Avec un auditoire de près de 200 personnes, le succès du colloque a été conforme aux attentes des organisateurs. Pour Sofiane Saadi, chef d’entreprise avisé et ancien auditeur du mastère en intelligence économique de l’ESIEE dirigé à l’époque par Francis Moaty, cette réussite est l’aboutissement d’un travail de sensibilisation qu’il a entrepris depuis de longues années. D’ailleurs, cette quatrième édition avait pour but d’aller bien au-delà de la sensibilisation.  L’accent a été mis sur les retours d’expériences. Et tous les intervenants se sont affranchis des « classiques » de l’IE pour rentrer dans le vif de l’opérationnel et du terrain.

Une nécessaire adaptation aux réalités du pays
La présence du MIPI est un signal fort de la volonté de mettre en place une dynamique d’IE adaptée à la réalité du pays. Mohamed Bacha, directeur IE au MIPI, a souligné que l’IE avait pour but d'augmenter la compétitivité des entreprises algérienne, et d’accompagner une nécessaire transformation de l'industrie. Il a aussi insisté sur l'adaptation des formations au contexte du pays.
Les intervenants ont d’eux-mêmes souligné que le modèle français devait être adapté. A l’instar de Christophe Stalla-Bourdillon qui a rappelé avec humour qu’un de ces amis américains lui avait dit une fois : « En France, on append à trouver seul, des solutions uniques, à des questions bien posées. Aux États-Unis, on apprend à trouver à plusieurs, des solutions multiples, à des questions mal posées ».
J’ai la chance depuis 2004 d’aller régulièrement au Maghreb pour des formations en veille. Et rien ne résume mieux à mes yeux cette volonté d’adaptation que la doctrine marocaine d’IE formulée par Abdelmalek Alaoui * dans son livre Intelligence Economique et Guerres Secrètes au Maroc « il faut surveiller comme les Chinois, analyser comme les Français et agir comme les Américains ».
Belle formule, mais qui peut sans doute être améliorée. Témoin de la capacité de partage et de diffusion des informations dans le monde arabe, je pense que l’on peut la compléter : « il faut surveiller comme les Chinois, analyser comme les Français, partager comme les Arabes, et agir comme les Américains » !
Jerome Bondu

Directeur d’Inter-Ligere.com
Consultant formateur
sur la zone francophone