Enjeux majeurs

COP30 : les espoirs déçus d’un monde qui recompose ses puissances. Un multilatéralisme fragilisé par les rapports de force


Jacqueline Sala
Samedi 6 Décembre 2025


La COP30 s’est achevée sur un constat amer : les ambitions affichées n’ont pas résisté aux réalités géopolitiques. Entre rivalités technologiques, sécurisation des ressources critiques et fragmentation des chaînes de valeur, les États ont privilégié leurs intérêts stratégiques plutôt qu’un agenda climatique commun. Les entreprises, en première ligne, doivent désormais naviguer dans un ordre mondial où la transition se décide moins dans les déclarations que dans les rapports de force.



COP30 : les espoirs déçus d’un monde qui recompose ses puissances. Un multilatéralisme fragilisé par les rapports de force

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La COP30 a confirmé que le système multilatéral peine à répondre à l’urgence climatique. Le sommet de Belém s’est déroulé dans un contexte de tensions géopolitiques croissantes, où les États ont davantage défendu leurs intérêts stratégiques qu’une vision collective de la transition. Cette fragmentation a limité la portée des engagements, malgré une volonté affichée de renforcer la coopération internationale.


Des avancées réelles mais insuffisantes

Regardons le verre à moitié plein ! Certaines thématiques ont néanmoins progressé, notamment l’adaptation, la transition juste et l’intégrité de l’information climatique. Ces avancées restent toutefois en décalage avec les attentes, car elles ne s’accompagnent pas de mécanismes contraignants ni de financements à la hauteur des besoins.
Le fossé reste persistant entre les ambitions proclamées et les moyens réellement mobilisés.

Le Sud global impose son agenda

Belém a marqué la montée en puissance des pays du Sud, qui ont imposé leurs priorités, de la justice climatique à la reconnaissance des vulnérabilités structurelles. Le Brésil a cherché à repositionner la COP comme un espace où les pays émergents peuvent peser sur les règles du jeu, mais cette dynamique s’est heurtée aux divergences persistantes sur les fossiles, la déforestation et les financements.

Un secteur privé en attente de signaux clairs

L’incertitude dans laquelle évoluent les entreprises, confrontées à des engagements politiques fluctuants et à une absence de trajectoire claire pour les chaînes de valeur est flagrante.
Les acteurs économiques doivent composer avec des normes fragmentées, des risques accrus et une compétition technologique qui s’intensifie.
La COP30 n’a pas fourni les signaux attendus pour sécuriser les investissements et orienter les stratégies industrielles.

 


Une COP révélatrice d’un monde en transition

La COP30 reflète un ordre international en recomposition, où les négociations climatiques deviennent le miroir des rivalités géopolitiques. Les avancées obtenues ne suffisent pas à infléchir la trajectoire mondiale, mais elles révèlent les lignes de fracture qui structureront les prochaines années.
Le climat apparaît désormais comme un champ de puissance à part entière, où chaque acteur cherche à défendre sa place dans un système fragmenté.

 

Un bilan décevant

La COP30 s’est refermée sur un constat sévère : les ambitions climatiques ont une nouvelle fois été sacrifiées sur l’autel des intérêts nationaux. Les États ont multiplié les déclarations sans s’accorder sur les leviers structurants, laissant les entreprises face à un vide stratégique préoccupant.

Aucun signal clair sur les fossiles, aucune trajectoire crédible pour les financements, aucune cohérence sur les normes : Belém a confirmé que la transition mondiale avance au rythme des rivalités géopolitiques, pas des engagements climatiques.

Dans ce brouillard politique, les chaînes de valeur restent exposées, les investissements hésitent et les acteurs économiques doivent désormais bâtir leurs stratégies dans un environnement où l’incertitude n’est plus un accident, mais la règle.