Une stratégie de communication qui simplifie des enjeux complexes,
Paris, le 5 mai 2025. Lors d’un événement prestigieux à la Sorbonne, Emmanuel Macron lance l’initiative « Choose Europe for Science », destinée à faire de l’Europe – et plus particulièrement de la France – un pôle attractif pour chercheurs et entrepreneurs du monde entier. Cependant, derrière cet appel en faveur d’une « Europe des talents » se cache une stratégie de communication qui simplifie des enjeux complexes, tels que la mobilité internationale des chercheurs, la répartition des financements, et à plus long terme permettre de repositionner politiquement le continent dans la compétition mondiale.
Face à cette mise en scène, il paraît essentiel de questionner tant les arguments avancés que la stratégie de communication sous-jacente : s’agit-il d’un véritable appel à la coopération internationale ou d’un outil de persuasion visant à repositionner politiquement l’Europe dans un contexte de compétition globale ?
La rhétorique employée, propice à des comparaisons simplistes entre un continent se voulant garant des libertés académiques et un autre dont les pratiques sont mises sous le feu des critiques, ne risque-t-elle pas d’alimenter un récit opportuniste et de détourner l’attention des défis réels auxquels font face la recherche et l’innovation à l’échelle mondiale ?
Face à cette mise en scène, il paraît essentiel de questionner tant les arguments avancés que la stratégie de communication sous-jacente : s’agit-il d’un véritable appel à la coopération internationale ou d’un outil de persuasion visant à repositionner politiquement l’Europe dans un contexte de compétition globale ?
La rhétorique employée, propice à des comparaisons simplistes entre un continent se voulant garant des libertés académiques et un autre dont les pratiques sont mises sous le feu des critiques, ne risque-t-elle pas d’alimenter un récit opportuniste et de détourner l’attention des défis réels auxquels font face la recherche et l’innovation à l’échelle mondiale ?
une vision presque utopique de la recherche
Dans un contexte où la capacité d’un État ou d’un continent à incarner un idéal peut s’apparenter à un argument de vente, il est vital de demeurer vigilant quant aux discours qui, à travers une opposition binaire simplifiée, cherchent à légitimer des choix politiques et économiques tout en occultant la complexité des enjeux scientifiques internationaux. Par ailleurs, cette approche mérite d’être confrontée aux données concrètes du terrain afin de nuancer l’enthousiasme engendré par de telles déclarations et d’ouvrir le débat sur la réelle portée de ces initiatives.
Le lancement de cette initiative depuis la Sorbonne est loin d’être anodin. L’établissement, imprégné d’une histoire séculaire d’accueil des esprits dissidents et des chercheurs en quête de refuge face à la censure, est ici mis en scène comme le symbole d’une Europe résolument ouverte. Cependant, s’appuyer sur ce patrimoine historique pose question. La valorisation d’un lieu chargé d’émotion et d’idéaux forts sert sans doute à renforcer une image idéalisée de l’Europe, capable d’offrir de réels espaces de liberté académique.
Or, une telle référence risque d’occulter la complexité des défis actuels, tels que la pression des enjeux financiers, les politiques migratoires ou les rivalités géopolitiques qui influent sur la recherche moderne, même au sein de l’Union. La tradition d’accueil affichée par la Sorbonne se trouve ainsi utilisée comme un levier de communication politique, dont l’ambition est de séduire et d’enraciner une vision presque utopique de la recherche.
Le lancement de cette initiative depuis la Sorbonne est loin d’être anodin. L’établissement, imprégné d’une histoire séculaire d’accueil des esprits dissidents et des chercheurs en quête de refuge face à la censure, est ici mis en scène comme le symbole d’une Europe résolument ouverte. Cependant, s’appuyer sur ce patrimoine historique pose question. La valorisation d’un lieu chargé d’émotion et d’idéaux forts sert sans doute à renforcer une image idéalisée de l’Europe, capable d’offrir de réels espaces de liberté académique.
Or, une telle référence risque d’occulter la complexité des défis actuels, tels que la pression des enjeux financiers, les politiques migratoires ou les rivalités géopolitiques qui influent sur la recherche moderne, même au sein de l’Union. La tradition d’accueil affichée par la Sorbonne se trouve ainsi utilisée comme un levier de communication politique, dont l’ambition est de séduire et d’enraciner une vision presque utopique de la recherche.
Comment l’Europe compte-t-elle réellement concilier cette vision idéale d’une science libre avec les réalités de la concurrence internationale et des contraintes budgétaires ?
Ce décalage entre rhétorique inspirée et défis actuels mérite d’être porté au débat.
Au cœur de ce projet, se dresse la plateforme « Choose France for Science » qui, avec ses 30 000 connexions, semble vouloir nous faire oublier que, pendant ce temps, la dette française qui continue de s’alourdir.
Bien entendu, le Président se fait l’écho d’une volonté farouche de ne pas remplacer nos chercheurs français ou européens par des talents venus d’ailleurs, mais plutôt d’instaurer une coopération internationale digne d’une émulation constructive.
Il a souligné que l'investissement dans la recherche nationale avait déjà augmenté grâce à la loi de programmation pour la recherche (LPR), avec plus de 6 milliards d'euros ajoutés au budget entre 2020 et 2025 et 25 milliards d'ici 2030. Les chiffres avancés dans ce discours, censés résoudre les problèmes structurels qui minent notre excellence académique, invitent à se demander si, derrière cette vitrine d’optimisme, ne se cache pas une réalité financière bien plus implacable.
Enfin, le chef de l’État peint la science comme un ultime rempart contre une « vassalité technologique ». Cette ambition se déploie dans un contexte économique mondialisé où les équilibres de pouvoir rivalisent avec la ténacité de notre dette, toujours présente en filigrane et sans solution à ce jour.
Au cœur de ce projet, se dresse la plateforme « Choose France for Science » qui, avec ses 30 000 connexions, semble vouloir nous faire oublier que, pendant ce temps, la dette française qui continue de s’alourdir.
Bien entendu, le Président se fait l’écho d’une volonté farouche de ne pas remplacer nos chercheurs français ou européens par des talents venus d’ailleurs, mais plutôt d’instaurer une coopération internationale digne d’une émulation constructive.
Il a souligné que l'investissement dans la recherche nationale avait déjà augmenté grâce à la loi de programmation pour la recherche (LPR), avec plus de 6 milliards d'euros ajoutés au budget entre 2020 et 2025 et 25 milliards d'ici 2030. Les chiffres avancés dans ce discours, censés résoudre les problèmes structurels qui minent notre excellence académique, invitent à se demander si, derrière cette vitrine d’optimisme, ne se cache pas une réalité financière bien plus implacable.
Enfin, le chef de l’État peint la science comme un ultime rempart contre une « vassalité technologique ». Cette ambition se déploie dans un contexte économique mondialisé où les équilibres de pouvoir rivalisent avec la ténacité de notre dette, toujours présente en filigrane et sans solution à ce jour.
Repositionner la science et la technologie au cœur de l’économie européenne.
Pour Ursula von der Leyen la science est le socle central d’un projet audacieux visant à faire de l’Europe l’endroit incontournable pour innover. Pour concrétiser cette vision, elle propose un investissement de 500 millions d’euros pour les exercices 2025-2027, qui s’accompagneront d’une subvention septennale et du doublement des compléments aux bourses de recherche jusqu’en 2027, sans oublier une législation destinée à protéger la liberté de la recherche et contourner la bureaucratie habituelle.
Tout en admettant quelques faiblesses, comme une lourde bureaucratie et le fossé entre recherche fondamentale et le marché, elle affiche une ferme volonté de repositionner la science et la technologie au cœur de l’économie européenne. Elle se donne ainsi pour objectif d’atteindre 3 % du PIB investi dans la recherche d’ici à 2030, transformant les universités en piliers d’une société réinventée.
Tout en admettant quelques faiblesses, comme une lourde bureaucratie et le fossé entre recherche fondamentale et le marché, elle affiche une ferme volonté de repositionner la science et la technologie au cœur de l’économie européenne. Elle se donne ainsi pour objectif d’atteindre 3 % du PIB investi dans la recherche d’ici à 2030, transformant les universités en piliers d’une société réinventée.
Et pendant ce temps-là, la dette française ne cesse de s'alourdir.
L'initiative "Choose Europe for Science" se veut d'abord un levier financier « attrayant », a un autre objectif, son vrai dessein est de promouvoir la liberté académique comme rempart contre un supposé autoritarisme étatique.
Parallèlement, elle ambitionne de renforcer la souveraineté technologique de l'Europe à travers des investissements massifs dans des secteurs stratégiques (intelligence artificielle, cloud, santé, climat, etc.) afin de redonner vie à des infrastructures scientifiques de renom. Enfin, l'accent est également mis sur la collaboration entre le public et le privé, présentée comme LA solution pour stimuler l'innovation et la compétitivité tout en occultant les lourdeurs bureaucratiques qui freinent la recherche.
Parallèlement, elle ambitionne de renforcer la souveraineté technologique de l'Europe à travers des investissements massifs dans des secteurs stratégiques (intelligence artificielle, cloud, santé, climat, etc.) afin de redonner vie à des infrastructures scientifiques de renom. Enfin, l'accent est également mis sur la collaboration entre le public et le privé, présentée comme LA solution pour stimuler l'innovation et la compétitivité tout en occultant les lourdeurs bureaucratiques qui freinent la recherche.
Du rêve à la réalité
Alors que des sénateurs et syndicats restent dubitatifs face à la durabilité des mesures (évoquées notamment avec l'annulation de crédits budgétaires et un sous-financement chronique de la recherche), le gouvernement lance un appel à l'action collective. Il invite chercheurs, étudiants à rejoindre une Europe se voulant le dernier bastion d'une science libre et indépendante, prête à régner sur la scène scientifique mondiale, tout en laissant planer le doute sur la capacité réelle de ces ambitions à se concrétiser ! Les moyens réels seront-ils à la mesure de ces ambitions ? Comment y croire ?
English Summary
The "Choose Europe for Science" initiative was launched by French President Emmanuel Macron and European Commission President Ursula von der Leyen at the Sorbonne in Paris on May 5, 2025. Its main goal is to attract researchers and businesses worldwide to Europe and France, positioning the continent as a hub for academic freedom and scientific competitiveness. The initiative is a response to perceived threats against science, particularly in the US, where academic freedom and funding face pressure.
The Sorbonne, with its history of welcoming scholars seeking freedom, was chosen as the symbolic location. Emmanuel Macron announced a €100 million investment from France 2030 and the launch of the "Choose France for Science" platform to attract talent. He emphasized science's role in democracy and strategic autonomy, rejecting dependency ("vassalité"). Ursula von der Leyen presented a €500 million EU package for 2025-2027, including new grants, aiming to make Europe the best place for research. She proposed enshrining scientific freedom in EU law.
Key challenges include protecting scientific independence, building public trust, ensuring long-term investment, strengthening critical infrastructure (data, AI, quantum), reducing strategic dependencies, fostering public-private collaboration, and addressing gender inequality. While the initiative was praised for its humanistic message, some senators expressed perplexity and concern about the sustainability of funding following budget cuts. A union group criticized it as "gesticulations," pointing to chronic underfunding. The call is ultimately for global researchers and young people to choose Europe for its commitment to open, independent science.