
Car une fois les projecteurs éteints et la poussière médiatique dissipée, une question s’impose : les praticiens de l’IE sont-ils les seuls à ne jamais retrouver ces milliards en vrai, dans la vraie vie, dans les usines, dans les emplois, sur le terrain ? Si la France savait encore calculer en 2025, ça se saurait. Or, à force de refaire les comptes, on dirait que les chiffres font le “moon-walk”. Engoncés dans vos jeans patte d’eph - à petit prix, venus du Bangladesh -. La calculette bien serrée entre les dents, glissons-nous dans les pas de Vincent Véga (Pulp Fiction) !
MONTANTS INVESTIS : LA MAGIE DE L’ANNONCE
40,8 milliards d’euros annoncés : c’est à la fois précis et vague. C’est un peu comme dire qu’on va au resto "pour moins de 50 euros" sans préciser si c’est pour une personne ou pour la table entière.
La réalité, c’est que 17 milliards d’euros seraient déjà engagés, le reste relève des "projets" – entendez : "si tout va bien, si le ciel ne nous tombe pas sur la tête par Toutatis, et si la grippe aviaire hautement pathogène, - que l’on ne saurait anticiper -, ne nous fait pas tousser.
En fait, depuis 2018, 220 projets ont été annoncés… et 178 auraient vu le jour, soit environ 80% de concrétisation. Un joli score, mais bien loin de la pluie de milliards annoncée. On comprend mieux pourquoi, chaque année, les mêmes milliards semblent revenir comme les orages stationnaires ou les giboulées de printemps depuis la Cop de Paris et ses 2° - en moyenne – qu'il fallait respecter: "Choose France", c’est un peu "Groundhog Day" - Le jour de la Marmotte”- version BFM Business.
La réalité, c’est que 17 milliards d’euros seraient déjà engagés, le reste relève des "projets" – entendez : "si tout va bien, si le ciel ne nous tombe pas sur la tête par Toutatis, et si la grippe aviaire hautement pathogène, - que l’on ne saurait anticiper -, ne nous fait pas tousser.
En fait, depuis 2018, 220 projets ont été annoncés… et 178 auraient vu le jour, soit environ 80% de concrétisation. Un joli score, mais bien loin de la pluie de milliards annoncée. On comprend mieux pourquoi, chaque année, les mêmes milliards semblent revenir comme les orages stationnaires ou les giboulées de printemps depuis la Cop de Paris et ses 2° - en moyenne – qu'il fallait respecter: "Choose France", c’est un peu "Groundhog Day" - Le jour de la Marmotte”- version BFM Business.
LE NOMBRE DE PROJETS : PLUS ON COMPTE, MOINS ON TROUVE
53 projets cette année, c’est impressionnant. Mais combien sont vraiment nouveaux ?
Combien ne sont pas de simples extensions, renouvellements ou, soyons honnêtes, coups de peinture sur des investissements déjà décidés ?
Mystère et boule de gomme ou à facette. Dans la jungle des dossiers, on trouve de tout : de la méga-usine promise par un géant américain aux entrepôts d’un logisticien déjà bien installé pour le plus grand bonheur des commerces des centre-villes, en passant par la production d’une série Netflix - que l’on remercie ici de bien vouloir conserver en plein maelstrom Trumpiste, un cahier des charges si bien codifié -, mais on cherche encore la réindustrialisation….
Combien ne sont pas de simples extensions, renouvellements ou, soyons honnêtes, coups de peinture sur des investissements déjà décidés ?
Mystère et boule de gomme ou à facette. Dans la jungle des dossiers, on trouve de tout : de la méga-usine promise par un géant américain aux entrepôts d’un logisticien déjà bien installé pour le plus grand bonheur des commerces des centre-villes, en passant par la production d’une série Netflix - que l’on remercie ici de bien vouloir conserver en plein maelstrom Trumpiste, un cahier des charges si bien codifié -, mais on cherche encore la réindustrialisation….
EMPLOIS CREES : LE GRAND FLOU ARTISTIQUE
13 000 emplois annoncés : ça claque. Mais, là aussi, le téléphone-calculette pleure. Rares sont les dossiers qui précisent la durée des contrats, la nature des postes, ou leur localisation (Paris, Auvergne, ou au fin fond du cloud ?). Parfois, on compte les emplois "directs et indirects", ce qui revient à additionner les torchons, les serviettes, et même les mouchoirs en papier que l’on ne saurait voir. Dans certains cas, le nombre d’emplois ressemble à un objectif de croissance de notre - si - regretté Ministre de l’Economie, celui qui voulait faire la “guerre économique à la Russie” : une promesse, pas une réalité enfin du moins en France.
Et puis, avouons-le, entre un data center ultra-automatisé, une plateforme logistique robotisée et un studio de production Netflix, l’impact sur la revitalisation de la France "usinière" reste à démontrer.
Et puis, avouons-le, entre un data center ultra-automatisé, une plateforme logistique robotisée et un studio de production Netflix, l’impact sur la revitalisation de la France "usinière" reste à démontrer.
SECTEURS D’ACTIVITE : LE GRAND ECART TRICOLORE
À y regarder de plus près, les secteurs qui raflent la mise sont souvent le cloud, les data centers, la logistique, la tech, la pharmacie et, cette année, le cinéma. Certes, ces investissements témoignent d’une attractivité économique certaine. Mais ils posent la question : "Choose France" est-il le bras armé de la réindustrialisation, ou celui de la colonisation économique ?
Car, soyons honnêtes : sur la cinquantaine de projets, combien relèvent d’une production industrielle qui va redonner vie à nos territoires, réanimer les usines et faire vibrer la cloche de midi dans les usines ?
À part quelques exceptions (merci Siemens, merci Procter & Gamble, et doit-on dire merci quand on nous promet une usine fabriquant des vaccins ARN?), l’essentiel des annonces vient de géants américains, suédois ou japonais qui installent chez nous leurs entrepôts, serveurs et têtes de pont pour conquérir le marché européen.
La France, hub logistique et data center de l’Europe, voilà un destin enthousiasmant !
Car, soyons honnêtes : sur la cinquantaine de projets, combien relèvent d’une production industrielle qui va redonner vie à nos territoires, réanimer les usines et faire vibrer la cloche de midi dans les usines ?
À part quelques exceptions (merci Siemens, merci Procter & Gamble, et doit-on dire merci quand on nous promet une usine fabriquant des vaccins ARN?), l’essentiel des annonces vient de géants américains, suédois ou japonais qui installent chez nous leurs entrepôts, serveurs et têtes de pont pour conquérir le marché européen.
La France, hub logistique et data center de l’Europe, voilà un destin enthousiasmant !
COLONISATION OU REINDUSTRIALISATION ?
On voulait des usines, on a des serveurs. On rêvait de chaînes de montage, on a des entrepôts Logistiques. On espérait des brevets tricolores, on héberge l’IA de Microsoft (et pour les plus crédules Mistral n’est déjà plus français, comme Gemalto et la carte à puce en son temps !).
À se demander si la souveraineté industrielle française ne consiste pas à faire financer la fibre, la clim’ et à donner des subventions à des boîtes étrangères en échange de promesses qui n’engagent que ceux qui les écoutent.
Soyons justes : attirer des investissements, c’est vital et tout n’est pas à jeter. Mais la question demeure : la France profite-t-elle de ces investissements pour monter en gamme, moderniser son industrie et créer des emplois stables, ou est-elle devenue la "start-up nation" des autres, la Silicon Valley des logisticiens ?
À se demander si la souveraineté industrielle française ne consiste pas à faire financer la fibre, la clim’ et à donner des subventions à des boîtes étrangères en échange de promesses qui n’engagent que ceux qui les écoutent.
Soyons justes : attirer des investissements, c’est vital et tout n’est pas à jeter. Mais la question demeure : la France profite-t-elle de ces investissements pour monter en gamme, moderniser son industrie et créer des emplois stables, ou est-elle devenue la "start-up nation" des autres, la Silicon Valley des logisticiens ?
LA FIN : LA FRENCH TOUCH DU FLOU
En somme, "Choose France" ressemble au bilan de fin d’année de feu la société Enron – aux comptes certifiés par un certain cabinet - où s’additionnaient bonne volonté, poudre aux yeux et slogans tapageurs. Beaucoup d’annonces, un peu moins d’emplois, et des milliards qui, comme les Mirages – aujourd'hui on dirait les Rafales -, s’éloignent à mesure que nos meilleurs amis Européens commandent des F35. Mais rassurez-vous, l’an prochain on recommence, et on trouvera bien un nouveau record à battre. Après tout, la France est une terre d’accueil… pour les chiffres gonflés à l’hélium ; sauf pour le déficit du commerce extérieur.
Allez, on se donne rendez-vous l’an prochain. Avec un peu de chance, ce sera l’année où les comptes tomberont enfin juste. Ou pas. Après tout, une pendule cassée donne la bonne heure deux fois par jour.
Allez, on se donne rendez-vous l’an prochain. Avec un peu de chance, ce sera l’année où les comptes tomberont enfin juste. Ou pas. Après tout, une pendule cassée donne la bonne heure deux fois par jour.

Télécharger "Tableau récapitulatif Choose France 2025 Investissements annoncés" N°1
Tableau Récapitulatif N°2
Tableau Récapitulatif N°3 Entreprises par secteurs d'activités
Points clés complémentaires
Secteur : Intelligence artificielle, Data centers, Cloud
Entreprises : Microsoft (USA, 4 Mds €, plusieurs centaines d’emplois), Amazon (USA, 300 M€, 1 500 emplois)
Pays investisseurs : USA
Montants annoncés : 4,3 Mds € (au moins)
Nombre d’emplois créés : environ 2 000
Pays investisseurs : USA
Montants annoncés : 4,3 Mds € (au moins)
Nombre d’emplois créés : environ 2 000
Secteur : Industrie / Industrie verte / Décarbonation
Entreprises : Siemens (Allemagne), AkzoNobel (Pays-Bas), Procter & Gamble (USA)
Pays investisseurs : Allemagne, Pays-Bas, USA
Montants annoncés : Non précisé
Nombre d’emplois créés : Non précisé
Pays investisseurs : Allemagne, Pays-Bas, USA
Montants annoncés : Non précisé
Nombre d’emplois créés : Non précisé
Secteur : Logistique
Entreprises : Amazon (USA), Prologis (USA, 1 Md €), DHL (Allemagne)
Pays investisseurs : USA, Allemagne
Montants annoncés : 1,3 Md € (minimum)
Nombre d’emplois créés : 1 500 (Amazon), autres non précisé
Pays investisseurs : USA, Allemagne
Montants annoncés : 1,3 Md € (minimum)
Nombre d’emplois créés : 1 500 (Amazon), autres non précisé
Secteur : Santé / Pharmacie / Biotechnologies
Entreprises : Moderna (USA), Pfizer (USA), GSK (UK), AstraZeneca (UK), Merck (Allemagne/USA), Biogen (USA), Takeda (Japon), Novo Nordisk (Danemark)
Pays investisseurs : USA, UK, Allemagne, Japon, Danemark
Montants annoncés : Non précisé
Nombre d’emplois créés : Plusieurs centaines
Pays investisseurs : USA, UK, Allemagne, Japon, Danemark
Montants annoncés : Non précisé
Nombre d’emplois créés : Plusieurs centaines
Secteur : Transports
Entreprises : Siemens (Allemagne), DHL (Allemagne)
Pays investisseurs : Allemagne
Montants annoncés : Non précisé
Nombre d’emplois créés : Non précisé
Pays investisseurs : Allemagne
Montants annoncés : Non précisé
Nombre d’emplois créés : Non précisé
Secteur : Énergie / Décarbonation
Entreprises : Siemens (Allemagne), AkzoNobel (Pays-Bas)
Pays investisseurs : Allemagne, Pays-Bas
Montants annoncés : Non précisé
Nombre d’emplois créés : Non précisé
Pays investisseurs : Allemagne, Pays-Bas
Montants annoncés : Non précisé
Nombre d’emplois créés : Non précisé
Secteur : Télécoms / Innovation
Entreprises : Ericsson (Suède)
Pays investisseurs : Suède
Montants annoncés : Non précisé
Nombre d’emplois créés : Non précisé
Pays investisseurs : Suède
Montants annoncés : Non précisé
Nombre d’emplois créés : Non précisé
Secteur : Textile / Commerce
Entreprises : H&M (Suède)
Pays investisseurs : Suède
Montants annoncés : Non précisé
Nombre d’emplois créés : Non précisé
Pays investisseurs : Suède
Montants annoncés : Non précisé
Nombre d’emplois créés : Non précisé
Secteur : Agroalimentaire / Consommation
Entreprises : Coca-Cola (USA), Procter & Gamble (USA)
Pays investisseurs : USA
Montants annoncés : Non précisé
Nombre d’emplois créés : Non précisé
Pays investisseurs : USA
Montants annoncés : Non précisé
Nombre d’emplois créés : Non précisé
Secteur : Services / Conseil
Entreprises : Accenture (Irlande/USA)
Pays investisseurs : Irlande, USA
Montants annoncés : Non précisé
Nombre d’emplois créés : Non précisé
Pays investisseurs : Irlande, USA
Montants annoncés : Non précisé
Nombre d’emplois créés : Non précisé
Secteur : Audiovisuel / Cinéma / Streaming
Entreprises : Netflix (USA, 150 M€)
Pays investisseurs : USA
Montants annoncés : 150 M€
Nombre d’emplois créés : Non précisé
Pays investisseurs : USA
Montants annoncés : 150 M€
Nombre d’emplois créés : Non précisé
Sources
A propos de l'auteur Thierry Lafon
Auteur Thierry Lafon Dr PhD 博士 Chercheur associé au laboratoire CeReGe (UR 13564) axe Intelligence Stratégique Internationale chez Université de Poitiers.
Après avoir navigué dans les rapides des PME et d'ETI, Thierry Lafon a jeté l'ancre à La Poste en 1996 où il déploie depuis 15 ans des compétences en Intelligence Économique et Stratégique acquises à l'EGE, puis comme thésard. Comme tout facteur aimé et respecté par ses usagers, il anticipe les crises avant qu'elles n'aient posté leur lettre de cachet. En effet, quelles que soient les conditions climatiques ou de perturbation des chaines logistiques, le courriers, les services et les colis doivent passer.
Chercheur associé à l'Université de Poitiers, conférencier à HEC Montréal et ailleurs, ce membre fondateur du Cercle K2 et administrateur du Collège enseignant-chercheur au SYNFIE, est aussi le promotteur du SMIst, Système de Management de l'Information Stratégique, - ou l'IE enseignée comme une science de gestion parmi d'autres -, et d'AReS, une méthodologie d'achats responsables qui, comme tout bon vin de Bordeaux, s'est bonifiée avec le temps et qui continue d'être savourée par l'Ademe et l'Afnor 15 ans après sa création ; preuve qu'on peut être un précurseur sans avoir à plonger son regard dans un Palantir.