L’aveuglement, la surdité et le silence sont autant de raisons d’ignorer un danger, à l’image des « trois singes de la sagesse », symbole d’origine confucéenne (*1) qui invite à ne voir, ni entendre, surtout à ne pas dire le mal. À celui qui suivrait cette maxime millénaire, échappant selon la légende à un funeste destin, il n'arriverait que du bien…
Sauf qu’à force de ne rien voir, ni entendre et ne rien dire, votre organisation s’installe dans une routine de micro déviances organisationnelles, de comportements situés à la bordure des process techniques qui érodent les corps et les machines, d’incompréhensions interindividuelles qui, en se multipliant, créent les conditions d’une mauvaise appréciation, d’une décision erronée, voire d’une perte de sens. De fait, la symbolique des « trois singes de la sagesse » est-elle toujours d’actualité dans un monde technologique avancé où la survie organisationnelle et la sécurité individuelle obligent à scruter les prémices de nos propres défaillances ?
Pour nous aider à résoudre une telle énigme, nous prendrons donc le parti que, s’ils relevaient jadis d’une sagesse ancestrale, « les trois singes » sont devenus aujourd’hui les symboles d’erreurs fatales consistant, selon les réflexes organisationnels décrits par M. Liory (2003) ou S. Dekker (2011) à d’abord ne pas vouloir voir ce qui pourrait poser problème ; ensuite à ne rien vouloir dire de ce qu’on sait pour ne pas prendre de risque ; enfin à ne pas vouloir entendre pour pouvoir faire « comme si on ne savait pas ». Comme nous l’avons vu précédemment, Ô combien rares sont les organisations qui savent déclencher une alerte interne à partir de simples signaux…
Pour ce faire, nous emprunterons au domaine de la sécurité et de la santé au travail (SST) ses méthodes de prévention où les signes précurseurs, loin de toute fatalité, semblent bénéficier d’une certaine reconnaissance. En effet, pour éviter les accidents et les risques professionnels, la maîtrise des risques SST oblige l’employeur à protéger ses salariés en rendant leur espace de travail plus sûr. Cela nécessite de mettre en place des mesures de prévention des risques professionnels, conformément aux règles et aux normes en vigueur (*2) et d’armer une « culture de la vigilance » s’appuyant sur la prise en compte des signaux faibles : « La capacité à comprendre les signaux faibles et à développer des mécanismes pour leur identification et leur gestion peut potentiellement conduire à des lieux de travail plus sûrs et plus sains » (Nicolaidou O., Dimopoulous C., Varianou Mikellidou C., Boustras G., 2021) (*3) . Autrement dit, la démarche SST pourrait permettre de passer d’une sécurité réactive à une sécurité anticipative, basée sur l’écoute du terrain, sur ces déviances et ses opportunités. Et d’en déduire, par effet miroir, les quelques pratiques et méthodologies qui, à l’avenir, pourraient permettre d’accroître l’écoute managériale et la prudence organisationnelle.
Alors, comment passer d’anciennes pratiques, symbolisées par les « Trois siNGes de la sagesse » à une démarche de vigilance préventive, nouvelle culture basée sur l’écoute des signaux : les « Trois siGNes de la prudence » ?
Sauf qu’à force de ne rien voir, ni entendre et ne rien dire, votre organisation s’installe dans une routine de micro déviances organisationnelles, de comportements situés à la bordure des process techniques qui érodent les corps et les machines, d’incompréhensions interindividuelles qui, en se multipliant, créent les conditions d’une mauvaise appréciation, d’une décision erronée, voire d’une perte de sens. De fait, la symbolique des « trois singes de la sagesse » est-elle toujours d’actualité dans un monde technologique avancé où la survie organisationnelle et la sécurité individuelle obligent à scruter les prémices de nos propres défaillances ?
Pour nous aider à résoudre une telle énigme, nous prendrons donc le parti que, s’ils relevaient jadis d’une sagesse ancestrale, « les trois singes » sont devenus aujourd’hui les symboles d’erreurs fatales consistant, selon les réflexes organisationnels décrits par M. Liory (2003) ou S. Dekker (2011) à d’abord ne pas vouloir voir ce qui pourrait poser problème ; ensuite à ne rien vouloir dire de ce qu’on sait pour ne pas prendre de risque ; enfin à ne pas vouloir entendre pour pouvoir faire « comme si on ne savait pas ». Comme nous l’avons vu précédemment, Ô combien rares sont les organisations qui savent déclencher une alerte interne à partir de simples signaux…
Pour ce faire, nous emprunterons au domaine de la sécurité et de la santé au travail (SST) ses méthodes de prévention où les signes précurseurs, loin de toute fatalité, semblent bénéficier d’une certaine reconnaissance. En effet, pour éviter les accidents et les risques professionnels, la maîtrise des risques SST oblige l’employeur à protéger ses salariés en rendant leur espace de travail plus sûr. Cela nécessite de mettre en place des mesures de prévention des risques professionnels, conformément aux règles et aux normes en vigueur (*2) et d’armer une « culture de la vigilance » s’appuyant sur la prise en compte des signaux faibles : « La capacité à comprendre les signaux faibles et à développer des mécanismes pour leur identification et leur gestion peut potentiellement conduire à des lieux de travail plus sûrs et plus sains » (Nicolaidou O., Dimopoulous C., Varianou Mikellidou C., Boustras G., 2021) (*3) . Autrement dit, la démarche SST pourrait permettre de passer d’une sécurité réactive à une sécurité anticipative, basée sur l’écoute du terrain, sur ces déviances et ses opportunités. Et d’en déduire, par effet miroir, les quelques pratiques et méthodologies qui, à l’avenir, pourraient permettre d’accroître l’écoute managériale et la prudence organisationnelle.
Alors, comment passer d’anciennes pratiques, symbolisées par les « Trois siNGes de la sagesse » à une démarche de vigilance préventive, nouvelle culture basée sur l’écoute des signaux : les « Trois siGNes de la prudence » ?
(*1) Ce thème est originaire de Chine. La plus ancienne trace connue se trouve dans les entretiens de Confucius, écrits entre 479 av. J.-C. et 221
(*2) Comité stratégique AFNOR SST, guide pratique pour aider les rédacteurs à élaborer des normes qui prennent en compte cet enjeu. Après avoir rappelé le cadre réglementaire européen pour les produits et les lieux de travail, le guide présente les neufs principes généraux de prévention : éviter les risques, évaluer ceux qui ne peuvent être évités, combattre les risques à la source… Il présente sous forme de logigramme les questions à considérer en commençant par identifier la réglementation applicable et les normes existantes. Enfin, il amène le rédacteur à évaluer le type de norme nécessaire : norme de produits, de procédés ou de management. Dans les 2 premiers cas, la rédaction de normes harmonisées est préconisée et dans le 3e, la référence à l’ISO 45001 suffit.
(*2) Comité stratégique AFNOR SST, guide pratique pour aider les rédacteurs à élaborer des normes qui prennent en compte cet enjeu. Après avoir rappelé le cadre réglementaire européen pour les produits et les lieux de travail, le guide présente les neufs principes généraux de prévention : éviter les risques, évaluer ceux qui ne peuvent être évités, combattre les risques à la source… Il présente sous forme de logigramme les questions à considérer en commençant par identifier la réglementation applicable et les normes existantes. Enfin, il amène le rédacteur à évaluer le type de norme nécessaire : norme de produits, de procédés ou de management. Dans les 2 premiers cas, la rédaction de normes harmonisées est préconisée et dans le 3e, la référence à l’ISO 45001 suffit.
(*3) Nicolaidou O., Dimopoulous C., Varianou Mikellidou C., Boustras G. et coll., The use of weak signals in occupational safety and health : an investigation.
Safety Science vol. 139 juillet 2021. Cet article est principalement basé sur l'examen de la littérature existante, et est complété par un examen technique de certains accidents industriels majeurs en ce qui concerne l'existence documentée de signaux faibles avant leur survenue. Les résultats de cette enquête apportent une contribution théorique à une meilleure compréhension de la nature et de l'impact actuel de ces informations. En outre, ils soulignent le manque de considération des signaux faibles dans les systèmes traditionnels de gestion de la santé et de la sécurité au travail (SGSST), et indiquent que leur prise en compte peut potentiellement améliorer l'effort global fait pour minimiser les accidents du travail, les maladies professionnelles et les événements dangereux.
Safety Science vol. 139 juillet 2021. Cet article est principalement basé sur l'examen de la littérature existante, et est complété par un examen technique de certains accidents industriels majeurs en ce qui concerne l'existence documentée de signaux faibles avant leur survenue. Les résultats de cette enquête apportent une contribution théorique à une meilleure compréhension de la nature et de l'impact actuel de ces informations. En outre, ils soulignent le manque de considération des signaux faibles dans les systèmes traditionnels de gestion de la santé et de la sécurité au travail (SGSST), et indiquent que leur prise en compte peut potentiellement améliorer l'effort global fait pour minimiser les accidents du travail, les maladies professionnelles et les événements dangereux.
I – « Les trois siNGes de la sagesse », au risque de l’aveuglement, de la surdité et du silence
Partons du principe que la crise est révélatrice de ce qui n’a pas été détecté, « là où les indicateurs de sécurité semblaient être au vert, les procédures en place, les machines en ordre de service et les opérateurs formés à toutes les situations… » (S. Luts) (*4). D’où l’importance d’identifier ces signaux en amont de l’événement, qui relèvent de la technique, de l’organisationnel et de l’humain.
A – Ne rien VOIR : les signaux faibles peuvent d’abord provenir de l’usure progressive des équipements, surtout dans des univers « où seuls les indicateurs visibles de sécurité sont recherchés (accidentologie faible, conformité réglementaire garantie, audits RSE et certifications obtenues) ». Il s’agit là de « micro évènements à bas bruits » (S. Luts), échappant à la vigilance des opérateurs et favorisant les raccourcis mentaux face aux exigences des protocoles de sécurité.
- Cette banalisation de micro usures empêche de voir « un clignotant qui s’allume, un bruit étonnant émanant de la machine, une usure prématurée d’un système » ou encore la récurrence inhabituelle de petits incidents techniques… Notons sur ce point que l’étude des accidents majeurs a longtemps caché l’intérêt envers les incidents mineurs et les situations à risque. C’est en 1969 que la pyramide de Bird a permis d'évaluer les probabilités de risques d'accidents graves ou mortels en fonction du niveau d'incidents et presque accidents observés. Depuis, ce concept est utilisé dans les formations de sécurité au travail, ainsi que la mise en place de systèmes de management sécurité qui agissent sur les comportements, en développant la conscience de la prise de risque auprès des individus. Autant de signes annonciateurs que la technique se dérègle en banalisant les erreurs et qu’elle perd pied progressivement sans que l’opérateur ne s’en rende vraiment compte : « le danger s’installe dans l’ombre, sans bruit ».
- Pour P. Shrisvastava (1992), « les crises ne sont pas des évènements mais des processus qui se développent dans le temps et l’espace ». Empruntant résolument cette voie, le chercheur C. Roux-Dufort établissait dès 2006 (*5) que « La crise peut ainsi être définie comme un processus qui, sous l’effet d’un évènement déclencheur, met en éveil une série de dysfonctionnements préexistants ». Trois hypothèses servaient ce propos, à savoir : 1) La crise est le résultat de la complexité des systèmes technologiques et organisationnels ; 2) L’événement déclencheur rentre en résonance avec un contexte fragilisé ; 3) La crise est le résultat des actions entreprises par les acteurs, leurs actions déterminant la trajectoire de la crise. Ce qui amène les organisations supposées « sages », mais restées sourdes, aveugles et aphones, à emprunter le cercle vicieux du Non-Agir, toujours décrit par Roux-Dufort de la manière suivante : « Agir sans voir ; voir sans agir ; réagir pour ne pas voir ; réagir pour réagir… ». Comme nous l’écrivions avec lui en 2013 (6) , les situations de crise constituent ainsi « le point d’arrivée d’un processus d’accumulation » de dysfonctionnements.
- Dans les univers techniques complexes, il est souvent difficile d’écouter « un bruit qui dérange » pour paraphraser le compositeur états-uniens J. Cage. C’est d’ailleurs dans ce mouvement que s’inscrit la « fameuse » loi de Murphy, élaborée par l’ingénieur aérospatial E.A. Murphy Jr. pour qui « tout ce qui est susceptible d’aller mal ira mal ». C’est la raison pour laquelle un équipement doit être à l'épreuve non seulement des accidents les plus improbables, mais aussi des manœuvres les plus stupides de la part de l'utilisateur.
B - Ne rien DIRE : les signaux peuvent ensuite relever de failles organisationnelles. Ceux-ci « relèvent davantage du collectif », trouvant leurs origines dans « les structures et les flux », les couches hiérarchiques de l’organisation, le fonctionnement déviant d’un système humain « où la faiblesse des relations entre les individus, les manquements du contrôle et l’absence de méthode se généralisent peu à peu », échappant à la vue de ceux qui sont chargés de leur pilotage.
- Ainsi en est-il des organisations où se développe une culture de l’erreur non identifiée parce que les incidents, mêmes minoritaires, ne sont pas analysés et parce que des tabous et des rituels demeurent, qui empêchent lucidité et clairvoyance.
Faute de formation, de communication et d’attention du top management sur ces processus d’accumulation d’erreurs, l’organisation pénètre sans s’en rendre compte dans le territoire du Déficit Systémique Cindynogène (GY. Kervern, 1999) (*7) . Celui-ci se construit lentement, insidieusement par des routines managériales déviantes, des croyances erronées, des compromis et une banalisation des écarts de conduite, des pressions temporelles et hiérarchiques, des procédures contournées par habitude et la simplification des process. Il s’installe quand « les signaux avant-coureurs ne sont plus captés, quand les écarts deviennent acceptables, quand le système cesse de se sentir vulnérable. Quand une organisation ne perçoit plus ce qui la menace, elle devient vulnérable » (S. Luts). Même si tout fonctionne en apparence !
- La notion de « normalisation de la déviance » est apparue fin des années 90’ grâce aux travaux de la sociologue des organisations US D. Vaughan sur les accidents des navettes spatiales Challenger (1986) (*8) et Columbia (2003), déjà exposée dans une précédente chronique, pour expliquer comment la tolérance aux dysfonctionnements augmente.
En mêlant sociologie des organisations et sociologie de la déviance, cette auteur explique que la déviance en question, comme dans un couple qui se détache peu à peu (*9) , caractérise des comportements qui s’éloignent petit à petit du contrat originel, notamment en matière de respect des normes établies et/ou des procédures de sécurité. De mauvaises pratiques n'ayant pas de résultats négatifs immédiats deviennent de plus en plus acceptées, menant parfois à l’erreur fatale.
C – Ne rien ENTENDRE : les signaux relèvent, enfin, des hommes. Les signaux faibles procèdent ici de deux catégories bien distinctes : les biais cognitifs qui polluent en permanence la manière dont, individuellement ou collectivement, nous prenons nos décisions ; et les risques du mal-être au travail, appelés « risques psycho-sociaux » (Rps).
- Les « fameux biais cognitifs ». Dans un environnement professionnel complexe, rapide et exigeant, nous croyons souvent agir avec logique et objectivité. Pourtant, notre cerveau, pour aller vite, prend des « raccourcis mentaux ». Egalement appelés biais cognitifs, ceux-ci faussent nos perceptions, nos jugements et nos décisions car ils sont des mécanismes inconscients qui influencent notre comportement sans que nous en soyons conscients. Ils peuvent se traduire par des jugements hâtifs, des préférences injustifiées ou des oublis critiques, même chez les professionnels les plus expérimentés.
Porté à incandescence universelle par le prix Nobel 2002 d’économie (comportementale) ((*10) , le 1er biais cognitif sur lequel il s’agit de sensibiliser les personnes est le biais de confirmation, déjà explicité dans une précédente chronique, qui incite à rechercher, interpréter et retenir uniquement les informations qui confirment nos croyances ou hypothèses préexistantes, tout en ignorant ou minimisant celles qui les contredisent. Ce biais influence fortement nos décisions, même sans que nous en ayons conscience. Toutefois, de nombreux autres biais existent qui exigent une vigilance de tous les instants, tels que proposés par le Centre interdisciplinaire de la formation professionnelle (Cidfp, extraits) (*11) :
- Les signes du risque psycho-social (Rps). Ces signes parlent de « surcharge, de tensions interpersonnelles, de pressions invisibles ». Ils sont de fait « les premiers messagers d’un système qui se fragilise » lentement, sans crier gare, porteur de risques psycho sociaux.
Ces derniers résultent d’un mal-être, c’est à dire un état émotionnel d’inquiétudes plus ou moins diffuses sur sa condition ou son avenir, en lien avec le contexte organisationnel et relationnel. Ce mal-être peut s’exprimer par un mal-vivre ensemble : la perte de confiance en soi-même va souvent de pair avec une perte de confiance envers les autres. Les causes de ces dysfonctionnements sont multiples et parfois difficiles à identifier :
- Stress au travail : déséquilibre entre le travail demandé et les ressources disponibles pour le faire en termes de compétences et de moyens humains et matériels.
- Harcèlement et violences internes : situations de harcèlement moral ou sexuel, ou de conflits exacerbés entre collègues ou équipes de travail...
- Agressions et violences externes (agressions verbales ou physiques, incivilités, vandalisme, etc. exercées contre un salarié par un ou des individus étrangers à l’organisation : clients, usagers, patients…).
Ce sont des risques qui peuvent être induits par l’activité elle-même ou générés par l’organisation et les relations de travail. L’exposition à ces situations de travail peut avoir des conséquences sur la santé des salariés, notamment en termes de maladies cardio-vasculaires, de troubles musculo-squelettiques, de troubles anxio-dépressifs, d’épuisement professionnel, voire de risque de suicide :
- Manifestations individuelles
- Emotionnelles : peurs mal définies, tensions nerveuses, moral en berne….
- Physiques : troubles du sommeil, fatigues chroniques, tensions musculaires, prise de poids, nausées…
- Cognitives : diminution de la concentration, difficultés à réaliser plusieurs tâches à la fois, erreurs…
- Comportementales : repli sur soi, isolement social, retards, absentéisme, démotivation…
- Motivationnelles : Augmentation du temps passé sur son lieu de travail, désengagement progressif dans son travail. Baisse de motivation, effritement des valeurs associées au travail, remise en cause professionnelle (dévalorisation de soi)…
- Manifestations collectives
- Ambiance de travail : tension ambiante palpable entre les agents ; ambiance délétère dans les instances de concertation, quand elles existent…
- Production : dégradation de la qualité des productions et des prestations ; dégradation de matériel…
- Médicales : augmentation du nombre de sollicitation du médecin de travail, du nombre des arrêts maladie et de l’absentéisme…
- Activités collectives : diminution des activités collectives (repas pris en commun, pots de départ, conversations à la machine à café…)
- Perspectives : augmentation des demandes de mutation, diminution du nombre de candidats souhaitant intégrer un collectif de travail…
(*4) www.guidehse.fr . Il s’agit du blog de Samuel Luts, consultant spécialisé dans les domaines de la santé au travail, de la sécurité et de l’environnement (SSE) dont l’auteur s’est inspiré, avec son accord, pour établir la structure générale de cette chronique.
(*5) C. Roux-Dufort, 2006, « La gestion de crise est-elle une gestion d’exception ? Essai de théorisation de la crise en sciences de gestion »,
Rapport d’habilitation à diriger des recherches, IAE de Lille ; Roux-Dufort, C. (2010). « La vulnérabilité organisationnelle à la loupe : entre fragilité et ignorance », Télescope, vol. 16, n° 2, p. 1-21.
Rapport d’habilitation à diriger des recherches, IAE de Lille ; Roux-Dufort, C. (2010). « La vulnérabilité organisationnelle à la loupe : entre fragilité et ignorance », Télescope, vol. 16, n° 2, p. 1-21.
(*6) Portal T., Roux-Dufort C., Prévenir les crises, ces Cassandres qui’il faut savoir écouter, Armand Colin, 2013
(*7) G.Y. Kervern, Elements fondamentaux des cyndiniques, Economica 1999. Ou encore GY. Kervern l’Archipel du danger, 2001La science des dangers étant dénommée "cindynique", les déficits systémiques porteurs de dangers ont été répertoriés par les cindyniciens : Culture d'infaillibilité ; Culture de simplisme ; Culture de non-communication ; Culture nombriliste ; Subordination des fonctions de gestion du risque aux fonctions de production ; Dilution des responsabilités. Non-explication des tâches de gestion des risques ; Absence d'un système de retour d'expérience ; Absence d'une méthode cindynique dans l'organisation ; Absence d'un programme de formation aux cindyniques adapté à chaque catégorie de personnel ; Absence de planification des situations de crise.
(*8) The Challenger Launch Decision: Risky Technology, Culture, and Deviance at NASA 1996 - Chicago: University of Chicago Press. ; Diane Vaughan, Dead Reckoning: Air Traffic Control, System Effects, and Risk, University of Chicago Press, 2021
(*9) Vaughan D., Uncoupling, How Relationships come apart, 1987, Vintage
(10) Les chercheurs Daniel Kahneman et Amos Tversky ont montré les deux systèmes dans notre cerveau : un rapide, intuitif et émotionnel (système 1), et un autre plus lent, logique et réfléchi (système 2). Dans le stress ou la routine, c’est le système 1 qui domine — là où les biais cognitifs au travail prennent le dessus. Cf. référence en dessous
(*11) Source principale : https://www.cidfp.fr/les-30-biais-cognitifs-au-travail-qui-sabotent-vos-decisions-et-comment-les-eviter/
II - Les trois siGNes de la prudence : faire en sorte de mieux VOIR, ENTENDRE et DIRE
Partons du principe que les incidents, furent-ils mineurs, surgissent lorsque se creuse l’écart entre l’idéal de la procédure et le réel d’un poste de travail, « avec ses interfaces ambiguës, ses signaux mal conçus, sa surcharge cognitive, ses silos décisionnels, ses procédures incompatibles et ses contradictions internes » (…) De fait, « la conscience de la situation est distribuée entre techniques, organisations et humains » (Y. Dufour, 2025 (*12). Un maillon s’érode et c’est l’ensemble du système qui s’effondre… Alors comment améliorer les conditions du « voir, entendre et dire » ?
C’est tout l’objet d’une « culture de la vigilance partagée », basée sur la conscience que c’est avant tout le système qui met l’humain en position d’échouer. Si « la sécurité est l’affaire de tous » (S. Luts), il s’agit de prévenir en dépassant la seule exigence de conformité, c’est à dire en pratiquant l’écoute pour anticiper ce qui n’est pas encore un incident. Autrement dit, posons-nous la question du comment cette « culture de la vigilance partagée » permettrait de détecter une alerte en la considérant comme une véritable alarme, avant qu‘un événement grave ne surgisse.
C’est tout l’objet d’une « culture de la vigilance partagée », basée sur la conscience que c’est avant tout le système qui met l’humain en position d’échouer. Si « la sécurité est l’affaire de tous » (S. Luts), il s’agit de prévenir en dépassant la seule exigence de conformité, c’est à dire en pratiquant l’écoute pour anticiper ce qui n’est pas encore un incident. Autrement dit, posons-nous la question du comment cette « culture de la vigilance partagée » permettrait de détecter une alerte en la considérant comme une véritable alarme, avant qu‘un événement grave ne surgisse.
A – MIEUX VOIR : une dynamique collective tournée vers la sécurité. Les avantages d’une culture commune de vigilance sont multiples : prévention des risques potentiels, scénarisation et entrainement face aux accidents plus graves, accroissement des niveaux de vigilance et de sécurité. En créant une culture de la sécurité dans laquelle chacun est responsable de la sécurité de tous, les employés sont susceptibles de se sentir plus engagés et motivés pour améliorer la sécurité dans leur lieu de travail. Plusieurs conditions à sa mise en place :
- Faire des signaux de vrais indicateurs : pour ce faire, la démarche doit permettre le déploiement de l’auto analyse « terrain » et la mise en œuvre de revues périodiques centrées sur le sens des signaux détectés. De même, « les signaux doivent être intégrés d’emblée dans les processus SST formels, croisés avec les indicateurs prédictifs existants et inclus dans la bonne gouvernance du comité de direction » (S. Luts). Surtout, le vrai progrès consiste à « savoir analyser le contexte de l’erreur » en changeant le « Qui a fait une faute ? » en « Qu’est-ce qui a rendu cette action fragile, inévitable et ambiguë ? » (Y. Dufour, 2025)
- Impliquer tout le monde (personnels, managers et chefs d’équipes, direction). Il est essentiel de prendre en compte l’expertise du réel des salariés, leurs contraintes et leurs suggestions. Ce sont souvent eux qui proposent les solutions les plus simples et les plus efficaces, car ils vivent les situations au quotidien. Là où les plus expérimentés peuvent être victimes de la routine, les plus jeunes peuvent parfois avoir tendance à « oublier » une règle de sécurité, par souci de performance. De même, les dirigeants doivent être convaincus de l’importance d’une telle démarche en l’accompagnant sur la durée, en contribuant à la mettre en scène par leur propre exemplarité, en intervenant si besoin de façon adéquate en cas d’écart tout en sachant accepter que les collaborateurs lui rappellent tout oubli.
Une expertise nouvelle se déploie bien mieux lorsqu’elle suscite échanges et initiatives et permet l’appropriation de solutions « terrain ». Ainsi, en s’appuyant sur des exemples concrets et des retex « opérationnels », en valorisant les bonnes pratiques au travers d’ateliers, en mettant en lumière les réussites ou encore en rythmant la communication autour de la démarche d’apprentissage global, la posture des équipes s’en trouve progressivement transformée parce que la sécurité devient le quotidien, intégrée dans les gestes métier.
B – MIEUX DIRE : faire évoluer les comportements en libérant la parole. Faire évoluer les comportements implique une culture de la sécurité dans laquelle tous les personnels se sentent en mesure de faire évoluer la sécurité de leur lieu de travail et de leurs collègues : équipes terrain, services sécurité, maintenance, production et encadrement. Chacun a un rôle à jouer dans l’identification des risques, la conception des dispositifs et leur appropriation au quotidien. A ceci trois conditions :
- Renforcer une culture de transparence et de confiance. Les signaux faibles émergent dans les environnements où l’on peut parler sans peur. Le premier levier est donc culturel, son objectif étant de faire du signal faible un acte de responsabilité partagée, et non une source de tension hiérarchique. Il s’agit là d’une compétence organisationnelle critique. Et c’est en structurant cette compétence que l’on passe d’une sécurité subie à une sécurité construite.
Cette démarche aura pour ambition de valoriser ceux qui signalent (même si le danger ne s’est pas concrétisé) en diffusant des récits de « presque accidents / erreurs » pour apprendre sans attendre l’échec.
- Faciliter la parole et l’alerte sur les signaux et les erreurs. Les opérateurs ne peuvent plus se contenter d’évoquer les seuls indicateurs de performance. Les erreurs deviennent un sujet récurrent, au coeur d’un environnement de travail sûr, ce qui exige la reconnaissance des signaux faibles comme indicateurs crédibles d’une erreur qui a failli se produire mais a été évitée à temps. « Former les salariés à repérer et signaler ces situations, c’est ouvrir la voie à une prévention plus fine, plus réactive, plus proche du terrain » (S. Luts). Ce qui exige des formations au décèlement des signaux (Inrs) (*13) , Anact (*14), un processus de remontées clairement identifié, un soutien / reconnaissance à ceux qui s’engagent dans cette voie…
En procédant de la sorte, l’humain retrouve son rôle de stabilisateur dans un environnement complexe car il peut être le dernier rempart avant l’effondrement d’un système si lui sont proposés « des interfaces compatibles avec ses capacités, des signaux / indicateurs clairs, des marges de manœuvres et une compréhension honnête du réel » (Y. Dufour, 2025).
Monter en fiabilité. Mais cela suppose un climat de confiance où les réunions d’équipes sont l’occasion de partager les signaux détectés. Chaque incident étant une occasion de comprendre, corriger, et progresser de manière collective afin d’identifier les points de fragilité, de proposer des améliorations, et de participer à la co-conception des solutions (exemple : revues périodiques sur le sens à donner aux signaux). C’est ainsi que l’on crée une culture de la vigilance partagée où les managers deviennent des « facilitateurs d’expressivité », où chacun se sent responsable non seulement de sa propre sécurité, mais aussi de celle de ses collègues.
Dans ses différents ouvrages consacrés aux décisions absurdes (2004-2018) (*15) , C. Morel diffusion de cette culture du dialogue et de l’interaction. Il établit des « métarègles de la fiabilité », inspirés des industries à risque qu’il explore, généralisables dans toutes les organisations. Ces métarègles s’illustrent par une culture du débat contradictoire. Morel propose ainsi l’utilisation de techniques bien connues des spécialistes de la créativité, à mettre en œuvre dans toute réunion efficace organisée où l’interaction est posée comme principe.
Monter en fiabilité. Mais cela suppose un climat de confiance où les réunions d’équipes sont l’occasion de partager les signaux détectés. Chaque incident étant une occasion de comprendre, corriger, et progresser de manière collective afin d’identifier les points de fragilité, de proposer des améliorations, et de participer à la co-conception des solutions (exemple : revues périodiques sur le sens à donner aux signaux). C’est ainsi que l’on crée une culture de la vigilance partagée où les managers deviennent des « facilitateurs d’expressivité », où chacun se sent responsable non seulement de sa propre sécurité, mais aussi de celle de ses collègues.
Dans ses différents ouvrages consacrés aux décisions absurdes (2004-2018) (*15) , C. Morel diffusion de cette culture du dialogue et de l’interaction. Il établit des « métarègles de la fiabilité », inspirés des industries à risque qu’il explore, généralisables dans toutes les organisations. Ces métarègles s’illustrent par une culture du débat contradictoire. Morel propose ainsi l’utilisation de techniques bien connues des spécialistes de la créativité, à mettre en œuvre dans toute réunion efficace organisée où l’interaction est posée comme principe.
C – MIEUX ENTENDRE : vigilance collaborative et risques psycho-sociaux. Une démarche SST de vigilance s’accompagne donc d’un volet d’attention aux biais cognitifs tels que décrits plus haut ainsi qu’un volet Santé dont l’objet est de détecter un malaise au travail. A ceci trois conditions :
- Partager le management. Agir sur les comportements nécessite parfois d’expliciter les bases du management participatif, l’intérêt d’une communication non violente, les biais cognitifs (*16) qui peuvent nuire à l’identification d’une situation inattendue. Il est important que les encadrants soient tous alignés avec les mêmes connaissances et les mêmes outils pour être capables « d’appliquer et pratiquer la graduation dans le feedback sécurité » et de l’enseigner aux équipes.
- La détection des RPS par un réseau de « bienveillance ». Selon une définition communément admise : « Ce qui fait qu’un risque pour la santé au travail est psychosocial, ce n’est pas sa manifestation, mais son origine : les risques psychosociaux seront définis comme les risques pour la santé mentale, physique et sociale, engendrés par les conditions d’emploi et les facteurs organisationnels et relationnels susceptibles d’interagir avec le fonctionnement mental. » (M. Gollac, 2017 (*17).
Leur détection est parfois possible par un réseau interne de « bienveilleurs », véritables sentinelles formées à la détection du mal-être. L’ambition est bien de créer un environnement bienveillant, dans lequel chacun est en confiance pour communiquer avec les autres de la meilleure manière possible. Pour cela, les « toxic handlers » sont les personnes à identifier et celles dont on peut s’inspirer pour distiller certaines bonnes pratiques dans l’entreprise.
Elaborée par P. Frost (1999), la notion de « Toxic Handler » ou « générateurs de bienveillance » a été introduite en France par les chercheurs G. Teneau ou G. Lemoine (2011, 2019) (*18) pour désigner des individus capables de détecter les émotions toxiques ou négatives chez les collègues : « C’est une personne qui a les clés de l’entreprise et de son organisation, et qui parvient à générer de la confiance auprès de ceux qui sont en difficultés. ». Teneau et Lemoine définissent ainsi plusieurs profils de « générateurs de bienveillance » :
- Le porteur de confiance : à l’aise dans l’organisation, il dispense des conseils aux personnes qui en ont besoin sans pour autant s’investir dans la souffrance de l’autre.
- Le porteur de souffrance : il fonctionne comme une éponge et s’investit dans la souffrance de l’autre, au point de se perdre lui-même parfois. Son empathie peut le conduire jusqu’au burn out par exemple.
- Le porteur de compassion : il a déjà connu une souffrance et fait preuve de résilience pour la surmonter. Il est capable d’apporter des solutions, plus que des conseils, aux personnes qui traversent également des difficultés. Le porteur de compassion est celui qui agit le plus en conscience, en se basant sur sa propre expérience.
Ainsi, le toxic handler valorise les émotions et les sentiments sans jamais jouer sur le registre du pouvoir personnel. Il perçoit réellement les signes de souffrance vécue par l’autre. Il est en empathie avec celle-ci, ayant lui-même vécu des situations difficiles. Il développe une attitude de douceur dans ses relations, lui permettant d’approcher ceux qui souffrent. Il sait pratiquer instinctivement l’écoute active, s’engage dans l’action pour aider les autres et sait donner du sens aux événements. Il s’investit pour lui-même dans des techniques de développement personnel (et peut ainsi éviter la fatigue de compassion).
Dans une organisation, l’objectif à terme est que le rôle de toxic handler dans l’entreprise ne soit plus endossé par une seule personne mais que ces pratiques soient diffuses. En investissant dans la formation / soutien aux « bienveilleurs » et à leur mise en réseau de vigilance active, l’organisation crée un environnement de travail plus sûr et plus sain, tout en renforçant le bien-être mental de ses collaborateurs.
- Alerter la ligne hiérarchique. La mission du toxic handler n’est pas de résoudre un problème mental ou psychologique mais bien de le détecter et de savoir rediriger les salariés vers les professionnels de santé adéquats.
C’est donc tout l’objet de l’alerte auprès de la hiérarchie, décelée en amont, qui déclenchera une alarme, prémisse d’une crise qui touchera forcément l’organisation. En cas de mal-être constaté, c’est au niveau supérieur qu’il revient d’intervenir en priorité. Plusieurs modalités d’intervention peuvent se mettre en place pour traiter les problèmes ainsi détectés :
- Evoquer ces problèmes, le plus librement possible, avec l’ensemble des agents concernés (ou leurs représentants). Cette prise de parole peut avoir lieu dans des espaces de discussion (tels que proposés par l’Anact). Ces lieux d’échanges sont conçus avant tout pour permettre aux agents de s’exprimer sur leur condition de vie au travail et sur l’organisation du travail, de présenter des difficultés constatées ou prévisibles en les analysant dans leurs différentes dimensions, et d’explorer les pistes d’évolution et les modalités concrètes d’amélioration. Des groupes d’échange, des temps de régulation d’équipe permettent de repérer les dynamiques collectives de mal-être, souvent invisibles à l’échelle individuelle.
- Mettre en place un certain nombre d’outils pour activer la vigilance active, tels que des entretiens annuels préparés à l’avance selon un mode opératoire balisé (non intrusif mais bienveillant car respectant la confidentialité) ; des briefs réguliers (exemple : hebdomadaires) où l’on scrute aussi l’humeur du moment ; une attention portée à cette culture de l’écoute lors des recrutements ; des entretiens lors d’un retour à l’emploi (après absence)… Bref, un ensemble de méthodes pour sentir l’état d’esprit des collaborateurs.
- Mobiliser les acteurs de la prévention des risques professionnels (médecins et infirmières du travail, assistantes sociales et psychologues, référent Rps ou Qvct, Direction des RH, cellule d’écoute, inspecteurs SST ou encore assistants et conseillers de prévention). Dès qu’une situation individuelle ou collective devient préoccupante, il est nécessaire de réagir rapidement et de mobiliser les professionnels ayant vocation à prendre en charge ce type de situation. « Le porteur de compassion peut, par exemple, prendre rendez-vous avec une assistante sociale au nom de l’autre ou se diriger vers un service capable de traiter le problème de la personne » (G. Lemoine).
(*12) Yoann Dufour est consultant Sécurité – Page Linkedin : https://www.linkedin.com/in/yoann-dufour/
(*13) https://www.inrs.fr/ Institut national de recherche et de sécurité
(*13) https://www.inrs.fr/ Institut national de recherche et de sécurité
(*14) https://www.anact.fr/ Agence Nationale pour l’Amélioration des Conditions de Travail
(*15) Morel C., Les Décisions absurdes, 3 tomes (2004, 2013 et 2018), Gallimard
(*16) ibid
(*17) https://www.cnis.fr/wp-content/uploads/2017/11/
DC_2011_RENCONTRE_risques_psychosociaux_rapport.pdf
(*18) Teneau G., Lemoine G., Toxic Handlers, les générateurs de bienveillance en entreprise, 2019, Odile Jacob
(*15) Morel C., Les Décisions absurdes, 3 tomes (2004, 2013 et 2018), Gallimard
(*16) ibid
(*17) https://www.cnis.fr/wp-content/uploads/2017/11/
DC_2011_RENCONTRE_risques_psychosociaux_rapport.pdf
(*18) Teneau G., Lemoine G., Toxic Handlers, les générateurs de bienveillance en entreprise, 2019, Odile Jacob
Conclusion
Les fragilités majeures des organisations se révèlent autant dans les interactions humaines, les tensions culturelles que les dysfonctionnements invisibles. La culture de sécurité et santé au travail (Sst) vise donc à développer une perception du risque partagée par tous les membres de l'entreprise, avec pour objectif de réduire significativement la fréquence et la gravité des accidents. En cela, une prévention efficace des risques professionnels doit nécessairement prendre en compte le facteur humain, « l'analyse comportementale étant régulièrement négligée au profit de l'analyse de prévention traditionnelle, seulement technique et organisationnelle » (S. Luts). Une vraie culture de sécurité et de santé au travail ne repose donc pas uniquement sur des règles et des procédures, mais sur des environnements complexes, pensés pour éviter les erreurs, résultantes implacables de l’effacement de l’attention aux détails : de l’invisible émergent les déviances, d’où l’impérieuse nécessité d’intégrer une intelligence anticipative des signaux faibles. Ceux-ci doivent devenir des « indicateurs structurant(s) de la culture managériale et de la politique de prévention » des risques, même pour ceux jugés « mineurs ».
Bienvenu(e)s en Terra Incognita
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A propos de Thierry. Portal
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Lecturer, auteur primé FNEGE, direction pédagogique (Management des crises), chargé d’enseignement, Consultant senior Crisis Management, trainer et co-scénariste. Je suis passionné par le sujet des crises / risques depuis plus de trente ans : « indépendant, je forme, écris et conseille ».
Entre 2022 et 2024, j'ai co dirigé la pédagogie du MBA Management et communication de crise chez De Vinci Exedec (Prix Innovation 2022 et le Prix du Lancement Eduniversal 2023). Avant cela, j'intervenais déjà dans de nombreux établissements d'enseignement supérieur (Master 2) dont : Paris Saclay (Sciences Po et droit), Panthéon Sorbonne (Ecole de Management / Gestion globale Risques et Crises), Ileri (Institut Libre des Relations Internationales et des Sciences Politiques), Université Technologique de Troyes (UTT) et diverses autres écoles et universités spécialisées en Cybersécurité, Ressources Humaines, Environnement, Communication, Commerce...
De 2001 à 2024 : près d'agences et cabinets conseils en communication sensible/crise, plus de vingt (20) années passées à décrypter les jeux d’acteurs dans l’écologie des organisations (exemple : intelligence économique - due diligence des parties prenantes), débroussailler les sujets complexes (ex : tendances puis scénarios à risques) et déminer les terrains délicats (ex : anticipation et signaux faibles annonciateurs de crise).
Auparavant, j’étais membre de plusieurs cabinets d'élus locaux avec comme mission essentielle la coordination municipale et la communication locale, en lien étroit avec le politique, les services et les administrés.
Ancien chargé de mission près du Ministère de l’écologie pour mettre en place les premières expérimentations d’information préventive sur les risques majeurs (ex : dicrim).
Lecturer, auteur primé FNEGE, direction pédagogique (Management des crises), chargé d’enseignement, Consultant senior Crisis Management, trainer et co-scénariste. Je suis passionné par le sujet des crises / risques depuis plus de trente ans : « indépendant, je forme, écris et conseille ».
Entre 2022 et 2024, j'ai co dirigé la pédagogie du MBA Management et communication de crise chez De Vinci Exedec (Prix Innovation 2022 et le Prix du Lancement Eduniversal 2023). Avant cela, j'intervenais déjà dans de nombreux établissements d'enseignement supérieur (Master 2) dont : Paris Saclay (Sciences Po et droit), Panthéon Sorbonne (Ecole de Management / Gestion globale Risques et Crises), Ileri (Institut Libre des Relations Internationales et des Sciences Politiques), Université Technologique de Troyes (UTT) et diverses autres écoles et universités spécialisées en Cybersécurité, Ressources Humaines, Environnement, Communication, Commerce...
De 2001 à 2024 : près d'agences et cabinets conseils en communication sensible/crise, plus de vingt (20) années passées à décrypter les jeux d’acteurs dans l’écologie des organisations (exemple : intelligence économique - due diligence des parties prenantes), débroussailler les sujets complexes (ex : tendances puis scénarios à risques) et déminer les terrains délicats (ex : anticipation et signaux faibles annonciateurs de crise).
Auparavant, j’étais membre de plusieurs cabinets d'élus locaux avec comme mission essentielle la coordination municipale et la communication locale, en lien étroit avec le politique, les services et les administrés.
Ancien chargé de mission près du Ministère de l’écologie pour mettre en place les premières expérimentations d’information préventive sur les risques majeurs (ex : dicrim).

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