Gouvernance

Colloque. #4- «Comment réussir la réindustrialisation de la France et protéger notre tissu économique. INTERVENTIONS. Proposition de Loi N°489 pour donner un nouveau cadre à l’I.E.


David Commarmond, Jacqueline Sala




Comment réussir la réindustrialisation de la France et protéger notre tissu économique. Olivier Marcé, délégué syndical pour la Confédération française de l’encadrement-Confédération générale de l’encadrement (CFE-CGC) Nokia

Colloque. #4- «Comment réussir la réindustrialisation de la France et protéger notre tissu économique. INTERVENTIONS. Proposition de Loi N°489 pour donner un nouveau cadre à l’I.E.
Comme le rappelais Régis Portalez, l’emploi industriel, c’est 3 à 4 emplois induits. C’est un élément majeur qu’on ne peut évacuer. L’idée fait son chemin, mais il reste beaucoup à faire pour que cette idée trouve une application. Les derniers chiffres publiés récemment confirme toutefois la lente descente de l’emploi industriel. Le discours sur la réindustrialisation comme fait acquis n’en est qu’au stade de frémissement. 

Nokia, connu pour ses téléphones auprès du grand public est aujourd’hui un acteur majeur dans le domaine de la connectique de réseaux des mobiles. Ce sont des infrastructures stratégiques, une technologie de pointe. La 5G est au cœur du métier de Nokia, ainsi que les développement de la future 6G. C’est une industrie qui se partage entre le logiciel et le matériel même si celui-ci est souvent sous-estimé. 

Nokia est le fruit d’une histoire, de fusions, d’acquisitions et de sessions. Nokia est née d’Alctatel, puis d’Alcatel-Lucent pour devenir Nokia. L’image d’Alcatel ayant beaucoup souffert des choix malheureux de ses dirigeants dont l’un deux inventa le concept des entreprises sans usines et l’expérimenta sur celle-ci qui en fit les frais. Ce choix fut doublé par  « le mirage chinois » au début des années 2000. Très en vogue à l’époque, qui fut l’occasion de délocalisations massives en Chine, Nokia comme nombre d’entreprises accueilli de nombreux étudiants et stagiaires, qui ne sont pas repartis les mains vides. Ce laisser-faire fut au nom de cet eldorado accompagné de nombreuses joint-ventures qui devaient être fait de de partenariats, de synergies, de partages d’informations. Il en résultat la création du Groupe Huawei, qui parti de rien est devenu en dix ans le N°1 mondial des télécoms. La qualité de leurs produits est très loin de ce qu’ils faisaient à l’époque et aujourd’hui de haute qualité. Cela n’a été possible QUE parce qu’ils ont joué avec des règles et des contraintes différentes, ils ont bénéficié d’aides gouvernementales, tandis que Nokia était astreint à rendre des comptes trimestriels à ses actionnaires, un devoir de transparence, Nokia  n’a pas droit à des Subsides de l’État. 

L’arsenal juridique et les acteurs existants permettent beaucoup de choses. Le SGDSN est un nouvel acteur bienvenu. Malheureusement depuis 2019, le sort de Nokia est scellé en France, les licenciements ont déjà été décidé et rendu effectifs. 

Le contrôle des investissements étrangers pourrait être revu et accentué. Quand Alcatel était une entreprise stratégique, le Décret Montebourg a bien été signé pour que Nokia puisse opérer cet achat. Cette opération faisait l’engagement de contreparties auprès du Ministère de l’Economie. Force est de constater que ces engagements n’ont jamais été tenus, notamment sur l’emploi, les centres de décisions, le développement de la cybersécurité, etc, dans l’indifférence générale des autorités et du public. La situation est pourtant à rapprocher d’Alstom qui fit couler beaucoup d’encre. Les syndicats ont demandé la communication des engagements à Bercy, mais des fins de non-recevoir leurs furent adressés, malgré la décision positive de la CADA, Bercy arguant du secret affaires, du secret défense… L’affaire étant au Conseil d’État, Olivier Marcé craint qu’en fait que les contreparties ne soient que symboliques, voire inexistantes. Connaître les rouages du monde de l’Entreprise, des grands groupes afin de négocier les points névralgiques est un atout. Les ignorer est un handicap majeur. 

Le collectif reconstruire regroupe de nombreuses personnalités issus de tous les secteurs d’activités, des syndicalistes, des économistes, des lanceurs d’alertes, des politiques, des entrepreneurs.  Si on ne peut faire sans l’Europe, si l’Europe est essentielle, la compétition intra-européenne pose question. Si une entreprise Finlandaise (tout à fait estimable), achète une société française en 2016, puis quatre ans après, en 2020 réalise un plan de licenciement de 1000 ingénieurs R&D travaillant dans la 5G, il semble important de s’interroger sur la logique et la justification de cette décision, alors que c’est un sujet d’actualité et que la 6G est déjà en gestation. D’autant plus que les mêmes postes sont recréés en Pologne, Roumanie et Inde pour des salaires bien inférieurs (dumping social).
Le second aspect du malaise réside dans le sentiment qui s’installe, le sentiment d’être une colonie sur son propre territoire et de n’avoir aucune marge de manœuvre dans la décision, de ne pas être maître de quoi que se soit. D’autant plus la maison mère utilise tous les leviers financiers et administratifs pour obtenir les subventions et les crédits d’impôts mis à sa disposition. Nokia touche ainsi environ 100 millions de Crédit Impôts Recherche (CIR) par an, par un montage financier, le CIR remonte en Finlande et elle distribue à ses actionnaires.
Le sort des brevets n’est pas plus enviable, les brevets créés en France, sont déposés par la Holding Nokia  en Finlande et contribue au PIB finlandais à hauteur de 1 milliard d’Euros par an sur les 20 milliards d’Euros de Chiffre d’affaires. Loin d’être exceptionnel, ce type de scénario est très courant dans d’autres groupes, les schémas diffèrent, mais les principes demeurent.

Dix propositions ont été élaborées par le collectif Reconstruire[1]. Nous en avons retenus cinq.


1. Mettre en responsabilité les dirigeants locaux et les décideurs politiques ou administratifs qui ne font pas respecter ses engagements.

Il faut qu’on ait des centres de responsabilité en France, il faut éviter que les « Dirigeants Français soient des passes plats », c’est à dire qu’ils aient des informations et qu’ils puissent les expliciter auprès des Ministères et des syndicats. Il est malheureusement trop courant de voir des dirigeants français ignorer totalement le contenu des présentations qu’ils font et être en incapacité de répondre à des questions. Les filiales françaises dans un groupe international, sont de simples plateformes interchangeables. Tout est centralisé ailleurs sans qu’aucune décision soient prise sur le territoire.

2e proposition : « Remettre des centres de décision en France ».


3e Proposition : Réintégrer dans le processus décisionnel les représentants des salariés.

La parole des représentants syndicaux n’est pas pris en compte par les différentes autorités. Seule la parole de l’Administration de l’Entreprise même auprès du cabinet de la ministre a son attention. Cette voix mériterait pourtant d’être entendue, car elle est aussi dépositaire d’une expertise et d’un savoir-faire, d’informations de grilles de lecture qui peuvent échapper à des décideurs.

4e Proposition. La question des investissements est essentiel, il faut créer des fonds d’investissements spécialisés dans l’industrie, des fonds qui travaillent sur le long terme

... des fonds qui travaillent sur le long terme, de mobiliser des fonds issus de l’assurance vie, sécurisés par l’État (Il en existe déjà mais peu mobilisés).

5. Faire appel à des investisseurs locaux, même particuliers qui souhaiteraient investir localement.


Références

[1]https://www.lefigaro.fr/flash-eco/nokia-benefice-net-quasiment-double-au-troisieme-trimestre-20211028
[2]https://collectif-reconstruire.fr/ et https://youtu.be/hhBnURruCvc?t=9

Mme la Sénatrice prend la parole

Colloque. #4- «Comment réussir la réindustrialisation de la France et protéger notre tissu économique. INTERVENTIONS. Proposition de Loi N°489 pour donner un nouveau cadre à l’I.E.
... pour apporter un éclairage sur les problématiques liées au financement de l’innovation[[1]  qui sont en constante diminution. « Nous n’avons plus aucune plasticité pour dire : je vends des actions à tel endroit pour en placer à tel autre pour sauver telle entreprise ». La mécanique est grippée, nous sommes dans une situation de paralysie l’agence de participation de l’État[[2]] . D’autre part, elle souligne le détournement  des fonds issus des capitaux publics pour les mettre dans des pseudo-fonds de l’innovation.
 
Ces montants devraient être des fonds budgétaires ordinaires mis au service d’une souplesse de capital public pour accompagner des stratégies économiques du pays dans sa souveraineté, ses services publics et parfois pour sauver une entreprise ou prendre le temps de sa mutation. Aujourd’hui l’urgence est la question des vulnérabilités des électro-intensifs. Illustré par la question d’Ascoval[[3]] avec l’Allemagne et le Charbon n’est pas indexé sur le prix général de l’énergie, coûte moins cher et à côté de cela l’Allemagne nous donnes des leçons de moralité alors qu’elle fait
 
[[1]]url:#_ftnref1 https://publication.enseignementsup-recherche.gouv.fr/eesr/FR/T923/l_effort_de_recherche_et_developpement_en_france/
[[2]]url:#_ftnref2 https://www.economie.gouv.fr/agence-participations-etat
[[3]]url:#_ftnref3 https://www.ascoval.fr/

Mickaël Vallet, sénateur de Charente-Maritime – membre du groupe Socialiste, Ecologiste et Républicain, nous donne sa vision, une vision freudienne, qui nous invite à relire Totem et Tabou.

Colloque. #4- «Comment réussir la réindustrialisation de la France et protéger notre tissu économique. INTERVENTIONS. Proposition de Loi N°489 pour donner un nouveau cadre à l’I.E.

.
Sujet préoccupant, question fondamentale, qui touche l’Europe et la France a plusieurs titres.
La crise sanitaire que nous (décideurs mais aussi citoyens) traversons a montré qu’il était essentiel de se sentir souverain ou en sécurité sur les produits de premières nécessité.

« Nous sommes en train de faire une psychanalyse de groupe, une psychanalyse sur nos territoires, car nous assistons à des manifestations de nos névroses collectives. Et pour vaincre ces névroses, il faut tout qu’on en prenne conscience, identifier et mettre à terre certains totems et dépasser certains tabous, tabous que nous avons nourris pendant des décennies. Et chacun en a prit sa part. ».
Pendant 25 ans, des années 70, jusqu’à la fin des années 80, jusqu’à la chute du mur, l’idéologie européiste a servi d’idéologie de substitution

Le piège s’est refermé quand ceux qui n’avaient pas d’intérêts en Europe nous ont vendu l’idée que faire l’Europe de n’importe quelle façon était le meilleur moyen de répondre aux maux qui justifiait l’existence de la Gauche depuis sa création, tous ceux qui n’avaient pas intérêt à avoir leurs moyens de production en Europe

C’est la question de la finance, c’est la question de ce qu’on peut décorréler du territoire.
On a vécu pendant cette pandémie, des problèmes mondiaux pendant lesquelles la richesse individuelle ne peut rien à elle toute seule, quand un virus circule tout le monde à besoin d’un vaccin. Ce raisonnement trouve des limites. Car être riche dans un océan de pauvreté c’est se condamner à être submerger par une immense vague. Sur le plan industriel, pendant longtemps nombre d’acteurs pensaient qu’il en allait différemment et qu’il était possible de tirer son épingle du jeu et qu’on pouvait avoir une France sans usine. Il n’y avait rien de grave à tout cela. Nous sommes aujourd’hui rattrapé par la réalité.
 
Que faire une fois ce travail analytique réalisé ? Incontestablement mettre les mains dans le cambouis et mouiller la chemise. Et commencer par nommer les choses pour se les réapproprier. Des mots comme frontières, protectionnisme, taxes, libre-échange. Il va falloir prendre des décisions courageuses.
 
Tous collectivement en tant que sénateurs nous allons devoir veiller à ce que ces mots ne soient pas des sources de dissension et de répulsions des points Goldwin. Des éléments de discours de l’Extrême droite. Tous les acteurs de l’intelligence économiques vont devoir prendre leur courage à deux mains, travailler à ne pas se faire ostracisés et être mis sur la touche à cause de ce discours.
 
Des penseurs comme Régis Debray a écrit un ouvrage retentissent il y a quelques années « Eloge des Frontières [[1]] » et rappeler que les frontières étaient aussi  une source de protection pour les migrants. Car si il n’y a plus de frontière, il n’y a plus d’asile. Si la frontière disparaît, il n’y a plus de protection et les entreprises les plus faibles qui sont nécessaires pour être pourvoyeuses d’emplois, de souveraineté, d’aménagement du territoire, ces industries là ne pourraient pas tenir la distance face à de grandes puissances. C’est à nous de sortir de ces postures, notamment sortir de l’idée que ces mots ne puissent être cités, que tout doit être mesurés à l’aune du prix et d’être uniquement sur ce critère pour avoir de nouveaux champions industriels, ce qui implique un certain retour de l’État.
 
Dans certains domaines l’Etat doit être présent, comme l’énergie, les métaux rares, les mobilités ou les télécommunications. Sur ce dernier point, il est nécessaire de se poser la question et de comprendre comment nous avons pu être aussi aveugle et naïf sur un sujet aussi stratégique, alors que nous représentons 500 millions de consommateurs et être en incapacité d’anticiper ses sujets. Et avoir laisser des puissances étrangères qui ont aussi leurs propres valeurs mais surtout leurs propres intérêts.
 
Cela fait partie des totems à briser. Nous avons des valeurs, sur des questions d’asile, d’immigration, mais aussi des intérêts. En tant qu’élu de terrain, sur un territoire peu industrialisé, dans une petite commune de 6000 habitants, une petite entreprise d’une trentaine de personnes acheté par un groupe américain ferme ses portes le lendemain de l’élection présidentielle. C’est un événement géopolitique qui s’invite dans le quotidien de l’administré, économique internationale contre économie en présentiel s’invite de plein fouet.
 
Il y a 40 ans, à la Rochelle, il y avait une entreprise Rhone-Poulenc qui traitait les déchets, qui a fermé pour des raisons d’organisation et de gestion et de nuisances. Aujourd’hui, on se rend compte que l’activité de cette entreprise a l’époque était extrêmement précieux, car elle détenait une part de notre souveraineté nationale puisqu’elle traitait les métaux rares.
 
En se réappropriant ses concepts, on brise ses totems et tabous, mettre en place un protectionnisme sur les produits essentiel, mais on ne redevient pas totalement souverain, ni autarcique, car le monde évolue. Il est essentiel que le décideur public puisse fixer les secteurs dans lequel le curseur peut aller de la dépendance, à de l’interdépendance ou de l’indépendance. Peut-on être totalement dépendant sur le Doliprane ?, la réponse est certainement non, indépendant en énergie, certainement non.
 
Devrait-on être plus favorable à North Stream et diversifier encore nos approvisionnement ?, probablement oui. Arriver dans une nouvelle géopolitique et remettre au centre du jeu sans faux nez l’intérêt des Etats. Créer de nouveaux rapports de forces, Savoir qu’on ne sera pas toujours indépendant, savoir où on met les limites, et surtout discuter avec d’autres acteurs qui ne sont pas des alliés objectifs, sachant que nos alliés éternels sont parfois des alliés de circonstances et qu’ils faut aussi se méfier de ceux en qui ont a parfois trop confiance. Tout l’enjeu de la réindustrialisation pose la question de « Comment remet-on du patriotisme intelligent, on ne se cherche pas d’ennemis, on défend nos intérêts et cela passe par une déconstruction du dogme européiste, comme le disait Philippe Seguin « La France n’est pas le Dakota du Sud ».

La France doit pouvoir légèrement en jouant le rapport de force avec les autres pays réimposer cette vision là afin de trouver un nouvel équilibre dans le monde, d’un point de vue diplomatique, économique, géopolitique, car en défendant les intérêts de nos administrés, nous défendons les intérêts de l’ouvrier chinois, celui qui veut une zone de paix dans la zone indo-pacifique, en étant sur des préoccupation nationales d’avoir aussi des préoccupations internationalistes intelligents.
L’industrie finalement c’est peut-être la plus belle des portes d’entrée pour faire œuvre de républicanisme, sans coups de menton, de manière concrète, en donnant à une personne sa dignité et en lui permettant de vivre pleinement heureux dans un environnement et un territoire qui lui permette de s’épanouir.
 
[[1]]url:#_ftnref1 https://www.cairn.info/revue-humanisme-2011-1-page-119.htm

Martine Berthet, sénatrice de Savoie, vice présidente de la délégation sénatoriale aux entreprises – membre du groupe Les Républicains

Colloque. #4- «Comment réussir la réindustrialisation de la France et protéger notre tissu économique. INTERVENTIONS. Proposition de Loi N°489 pour donner un nouveau cadre à l’I.E.
Martine Berthet, sénatrice de Savoie, vice présidente de la délégation sénatoriale aux entreprises – membre du groupe Les Républicains évoque le problème des entreprises (hyper)électro-intensives, grands groupes ou TPE, c’est-à-dire qui consomment de très fortes quantités d’électricité. Par la nature de leur activité, elles ont besoin d’une vision, de pouvoir se projeter à long terme de leur coût de l’énergie, et préférentiellement bas.
Jusque dans les années 2005, celles-ci pouvaient avoir des contrats à long termes à des tarifs préférentiels et sans fluctuation. L’importance de ces contrats est telle que pour certains c’est la seule variable d’ajustement sur laquelle elles peuvent jouer pour rester compétitif.
Mais aussi pour qu’ils puissent aussi se projeter dans l’avenir et préparer l’étape d’après, c’est à dire la transformation de leur production notamment en la décarbonant. EDF n’ayant plus le monopole, on aurait pu pensé que la question ne se poserait pas, la concurrence permettant de modifier les rapports de force.  
De façon plus générale, nous devons protéger notre industrie. La crise a montré combien notre souveraineté économique et industrielle était importante, les médicaments bien sûr, mais aussi beaucoup d’autres. Nous avons aussi besoin de nous protéger aux frontières de l’Europe, en mettant en œuvre la taxe carbone pour ne pas favoriser plus que de raison, les entreprises qui, non soumises aux contraintes européennes peuvent proposer des prix inférieurs. Ces contraintes que nous imposons à nos propres entreprises sont légitimes et nécessaires, elles doivent à terme favoriser la décarbonatisation.
Nous devons aussi lutter et essayer de tordre le bras d’entreprises qui sans contrevenir à la législation, s’obstinent à jouer perdant-perdant, à sacrifier des centres de productions, sans pour autant leur donner la possibilité d’avoir une deuxième vie, handicapant aussi des territoires et des emplois qui sont essentiels.
Ces comportements « voyous », dans des territoires déjà fragiles, confrontent les élus et les acteurs locaux à une limite ou la bonne volonté ne suffit pas. Il est nécessaire de pouvoir les contraindre et ne pas nous laisser spolier, de nos brevets, de nos capacités industrielles. Cette entreprise a été vidée de sa substance et nous devons essayer de sauver le peu qui reste.

Jérôme Bascher, sénateur de l’Oise – membre du groupe Les Républicains

Colloque. #4- «Comment réussir la réindustrialisation de la France et protéger notre tissu économique. INTERVENTIONS. Proposition de Loi N°489 pour donner un nouveau cadre à l’I.E.
La crise a mis en lumière ce problème, mais il est bien antérieur.
C’est un travail de long terme. Nous avons tous le même objectif, réaliser un développement durable. Pour réindustrialiser la France, il y a deux choses, ceux qui sont partis et qui veulent revenir,  avoir sur place les compétences et le tissu industriel, mais aussi les infrastructures qui permettent aux acteurs locaux de développer l’économie industrielle de demain.
Ce sont les compétences qui manquent dans nos territoires, dans des secteurs de la fin-tech, on ne forme plus assez de traders dans un monde post-brexit, il en va de même pour les ingénieurs, en informatique, en chimie, en agronomie et dans bien d’autres secteurs.
Pour verdir l’économie, on manque de professionnels, on manque de formations, les entreprises embauchent pour préparer l’économie de demain.

Un des secteurs dans dans lequel il faut investir : les talents. Une industrie vient se localiser, si elle trouve la capacité financière, des hommes et des femmes qui composeront son entreprise et elle fait aussi de l’optimisation fiscale, et plus exactement, de l’optimisation de ses coûts.

Parfois une entreprise peut accepter de payer plus d’impôts si elle retrouve dans les services ou la qualité des infrastructures ceux-ci. C’est ce point d’équilibre que la France doit trouver, un équilibre entre fiscalité et services. C’est cela le point de vue de l’entreprise, pas uniquement le bien être des salariés. Mais ce n’est pas l’objectif de l’entreprise, en face, nous avons des pays comme la Belgique, l’Allemagne ou la Grande-Bretagne qui ont des modèle différents et moins généreux. Nous devons trouver ce point d’équilibre.

En prenant l’exemple de Dassault, le sénateur souligne en creux un trait de caractère commun à nombre d’entrepreneurs qui se vendent à des entreprises étrangères une fois qu’ils jugent la leur taille critique atteinte ou qui cèdent facilement à des sirènes financières. Il est essentiel de protéger nos brevets, nos savoir-faire et ne pas se faire piller par des entreprises malveillantes. Les exemples de fuites et d’échecs sont nombreux, la presse s’en ait fait écho, nous devons faire en sorte que l’État protège ses entreprises

Guillaume Gontard, sénateur de l’Isère, président du groupe Écologiste – Solidarité et Territoires du Sénat

Colloque. #4- «Comment réussir la réindustrialisation de la France et protéger notre tissu économique. INTERVENTIONS. Proposition de Loi N°489 pour donner un nouveau cadre à l’I.E.
Guillaume Gontard, sénateur de l’Isère, président du groupe Écologiste – Solidarité et Territoires du Sénat Travaillant aussi sur les problématiques énergétiques renouvelables (le silicium (7*-  trouve de nombreuses applications et de secteurs), à l’instar de Mme la Sénatrice Martine Berthet, sur la filière silicium, il est concerné lui aussi par la liquidation de l’entreprise précédence, le territoire isérois accueille un site de transformation.

Le Groupe Ferroglobe (8*-  est un ancien groupe industriel devenu financier qui en adopte les comportements avec sa filiale Ferropem, il agit de façon prédatrice. S’écarte du pourquoi on utilise le silicium pour en faire un objet spéculatif. Pour régler ce problème, il est important d’avoir une vision à long terme.
En jeu, un contrat pour les prochaines années de 18 milliards d’euros d’appel d’offre passé par l’État français. Le risque : voir arriver des panneaux réalisés en Chine, avec un bilan carbone désastreux. L’État Français semble laisser faire, mettant en danger l’existence même de la filière française, le dernier fabricant français Photowatt ayant fermé les portes .
Comment expliquer qu’on ait les compétences, les savoir-faire (9*- , les moyens de productions, une demande et que malgré tout nous cela bloque. Aucun développement industriel ne peut se faire aujourd’hui sans argent public, une implication forte de l’État, y compris peut-être par une nationalisation partielle, temporaire de l’appareil industriel. C’est un enjeu d’avenir.

Pendant quarante ans nous avons saupoudré en totale confiance des subventions.

Cela ne marche pas. Nous avons vu des groupes industriels devenir des groupes financiers. La désindustrialisation en est le résultat. Réindustrialiser est le premier maillon d’une chaîne qui conduit à la décarbonation et à la transition écologique. Les écologistes sont particulièrement attaché à cette industrie. Ce sera aussi un premier pas vers plus d’autonomie stratégique vis à vis de nos fournisseurs étrangers.

Références


Pierre Ouzoulias[1], sénateur des Hauts-de-Seine – membre du groupe Communiste, Républicain, Citoyen et Ecologiste a pour cheval de bataille le Crédit Impôt Recherche.

Colloque. #4- «Comment réussir la réindustrialisation de la France et protéger notre tissu économique. INTERVENTIONS. Proposition de Loi N°489 pour donner un nouveau cadre à l’I.E.
* Vice-Président de la commission culture et Membre de l’Office Parlementaire d'Évaluation des Choix Scientifiques et Technologiques (OPECST (2*- ), organisme trop méconnu et ignoré, qui produit des rapports sur des thèmes d’actualité (5G, filière nucléaire… v
En tant qu’archéologue, je porte un regard sur l’évolution des sociétés humaines.
Le Crédit Impôt Recherche est un enjeu stratégique et de puissance à l’intérieur même des Ministères. En 2018, Mme Amélie de Monchalin, Député à l’époque fait voter à l’unanimité au Parlement un amendement qui oblige les groupes qui ont plus de 100 millions d’euros de CIR à rendre des comptes sur l’utilisation du CIR à des fins scientifiques.  Bercy passe derrière et publie  un rescrit pour exonérer les entreprises de cette obligation. Tout le monde loue ce dispositif et ces effets bénéfiques pour la science mais on ne voit jamais les résultats, constat que l’on retrouve lors des publications.

La dernière note (3*) - émise par le Trésor est très critique envers le Crédit Impôt Recherche, ainsi que France Stratégie dans son dernier rapport (4*- daté de juin 2021. La note indique que le CIR permet d’apporter une aide très horizontale aux entreprises mais que l’État gagnerait à mettre en place des instruments beaucoup plus ciblés sur des projets. Or ces financements on les voient très peu. Dans le domaine de la recherche publique, la demande est rigoureusement inverse, on demande de chercher les financements récurrents sur projets. La loi du 24 décembre 2020 de programmation de la recherche (5*- pour les années 2021 à 2030, lors du débat n’a jamais évoqué les questions de relations entre la science, la connaissance, la recherche et le monde de l’industrie. C’est un angle totalement mort du sujet, alors que c’est historiquement un des plus fort budgets depuis 1945 et que par ailleurs plus aucun organisme n’est en mesure d’éclairer ou de travailler sur la mise en place de stratégies et de planifier quoi que se soit  dans le domaine scientifique.

Alors que nous avons besoin d’un Etat stratège, y compris en matière de recherche, il aurait fallu un organisme associé à l’OPESCT qui donne des grandes directions vers lesquels ont peut flécher les financements publics comme privés. Un amendement a été déposé le 19 novembre dernier d’orienter les financements du CIR qui sont à hauteur de 7 milliards cette année et qui augmentent de 500 millions par an d’être en partie consacrer à la décarbonation de l’économie. « On ne peut pas toucher au CIR, alors que manifestement, son apport scientifique est faible.
 
En tant qu’historien, spécialiste de la relation de l’Homme et son environnement (sur le temps long), a depuis la révolution industrielle (triple révolution), est l’ère du carbone, énergie inépuisable à l’époque, très bon marché, libère des force productive, telle qu’on a jamais vu dans l’histoire de l’humanité, nous et la génération suivante allons vivre la clôture de cette ère. Nous quittons l’ère du carbone, ce qui nous oblige à inventer un mode de production qui se passe complètement de cette matière. Nous arrivons au pic du pétrole,  et nous allons être obligés de nous en passé car c’est une énergie fossile. L’enjeu, est de convertir un système sur lequel est fondé une civilisation. C’est un changement radical que l’on doit faire en peu de temps, non pas en changeant de bicyclette mais en mème temps. C’est ce qui a l’échelle de l’humanité ne s’est jamais vu. C’est un enjeu majeur qui demande des investissements publics, d’un état stratège, d’une mobilisation de la connaissance, et aussi d’un regard citoyen et démocratique, sur les progrès à venir. Pour cela nous devons élever le degré de connaissance générale.
 
Nous avons un devoir d’instruction nationale qui est aujourd’hui fondamental. Le CESE chiffre à 20 milliards d’Euro par an la transformation de notre modèle productif. Le Plan France 2030 annoncé récemment par la présidence chiffre lui cette transformation à 30 milliards pour les dix années à venir. Nous sommes face à un mur de demande exceptionnelle de financement des entreprises et de connaissances auquel nous allons être confrontés. Il faut maintenir l’idée que la science progresse en permanence ; il ne faut pas financer uniquement ce qui progresse à un instant T, car c’est peut être dans un domaine très annexe qui stagne que le bond de demain viendra. « Quand Thierry Breton était encore Président d’Atos, un sénateur lui posa la question de quelles disciplines enseigner aux enfants pour que dans l’avenir nous puissions développer de l’intelligence artificielle, la réponse fut : le latin et le grec car ce sont des modes de pensées différents qui nous permettrons de mieux comprendre notre propre fonctionnement ». Il faut investir dans l’industrie, mais aussi dans les sciences humaines et l’accompagnement sur ce qu’est le progrès est indispensable.

Référence du Colloque

Colloque. #4- «Comment réussir la réindustrialisation de la France et protéger notre tissu économique. INTERVENTIONS. Proposition de Loi N°489 pour donner un nouveau cadre à l’I.E.

Marie-Noëlle Lienemann, sénatrice de Paris – membre du groupe Communiste, Républicain, Citoyen et Ecologiste

https://youtu.be/YXV-uxseE7w