Personnalités

Dans l’ombre du rapport Martre 3/3 : le Général Jean Pichot-Duclos par Nicolas Moinet


Nicolas Moinet. IAE Poitiers




Lors de la première émission télévisée consacrée à l’intelligence économique (« Où sont passés les espions ? »), un homme apparaît au premier rang derrière Christian Harbulot : le Général Jean Pichot-Duclos. Cet homme de l’ombre va jouer un rôle essentiel dans l’émergence de l’intelligence économique en France et, pour commémorer les 30 ans du rapport Martre, il m’est apparu essentiel de rappeler ici son apport et de donner un témoignage personnel sur cet homme de qualité avec lequel j’ai eu la chance de travailler pendant cinq ans.

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Nicolas Moinet "Terminons cet hommage avec quelques souvenirs personnels."

À INTELCO, nous avions tous un point commun : l’amour de la patrie. À l’époque, oscillant entre un gaullisme qui n’existait plus vraiment et une dose de libéralisme qui me semblait nécessaire, j’ai aimé cette équipe diverse où un Général catholique de droite avait choisi comme associé un ancien subversif de la gauche prolétarienne. Mais surtout, j’y ai appris l’humilité à un âge où l’on critique facilement ceux qui sont passés avant nous. Après le déjeuner, nous faisions un tour du Parc Monceau. Rien de tel qu’un peu de marche pour réfléchir et échanger. Le Général Pichot-Duclos nous racontait alors sa vie d’expatrié à Prague en ex-Tchécoslovaquie puis en Pologne à Varsovie comme attaché militaire. Traduction : officier de renseignement. Comment il partait se « promener » en forêt le dimanche photographier des bases militaires au péril de sa vie. Comment les services ennemis lui coupaient, à lui et à sa famille nombreuse, le chauffage en plein hiver. Comment il apprit à vivre en se sachant en permanence écouté et suivi. Ou comment, dans d’autres fonctions de chef de bataillon de chasseurs alpins, il devait gérer les relations avec la presse ou assister un de ces hommes tombé dans une crevasse, voué à une fin certaine. Et qu’importe s’il était monarchiste et moi viscéralement républicain. C’était un homme avant tout avec ses qualités et ses défauts, ses éclats de lumière et ses zones d’ombre. Un homme dont la communauté française de l’intelligence économique doit se souvenir. Car le devoir de mémoire est essentiel pour qu’une communauté perdure et que son combat se poursuive.