Innovation et Connaissance

Déc 2025. La mémoire d’entreprise, moteur des transformations. Institut Choiseul

La mémoire des entreprises : un actif stratégique pour conduire la transformation Décembre 2025 Les Briefings.


Jacqueline Sala
Samedi 6 Décembre 2025


Alors que les organisations accélèrent leurs mutations, le rapport Choiseul rappelle que leur mémoire constitue bien plus qu’un héritage à préserver. Elle devient un capital stratégique qui éclaire les choix, renforce la cohésion et donne de la profondeur aux trajectoires de changement, offrant aux dirigeants un levier essentiel pour transformer sans perdre le fil de leur identité.




Mise en garde contre "l'amnésie managériale"

Le rapport de l’Institut Choiseul défend l’idée que la mémoire d’entreprise dépasse largement la notion d’héritage pour s’imposer comme un véritable actif stratégique capable d’orienter les transformations en cours. Il décrit cette mémoire comme un capital à la fois matériel et immatériel qui offre aux organisations la possibilité d’évoluer en profondeur sans perdre ce qui fonde leur identité ni la légitimité de leurs choix, permettant ainsi de transformer sans rompre.

L’étude alerte sur les dérives de l’amnésie managériale, une forme de négligence qui fragilise les décisions en obligeant les équipes à réapprendre ce qu’elles savaient déjà et en les exposant à la répétition d’erreurs anciennes. Elle montre enfin que la mémoire joue un rôle déterminant pour rendre les ruptures compréhensibles et acceptables, et conclut en appelant à la doter d’une gouvernance et d’une activation structurées afin qu’elle devienne un véritable outil de pilotage du changement.

 

Un capital vivant qui éclaire les trajectoires

Les entreprises sont engagées dans des transformations permanentes.  La mémoire offre un ancrage qui permet de changer sans se renier, de préserver la cohérence interne et de maintenir la légitimité des projets de mutation.

Le rapport montre comment cette mémoire, loin d’être un simple héritage patrimonial, agit comme un capital vivant qui éclaire les trajectoires, nourrit l’innovation, renforce la cohésion et soutient la performance. Elle permet de comprendre ce qui a fait la force d’une organisation, d’éviter les cycles d’amnésie qui fragilisent les décisions et de donner du sens aux évolutions en cours.

Le rapport insiste sur la nécessité de structurer cette mémoire, de la rendre mobilisable, de l’outiller pour qu’elle devienne un véritable instrument de pilotage stratégique. Il met en lumière les pratiques déjà existantes, souvent intuitives, et appelle à une prise de conscience plus large afin que la mémoire devienne un actif assumé, partagé et intégré dans la conduite du changement. Il invite les dirigeants à considérer la mémoire comme une énergie de transformation, capable d’orienter les choix, de fédérer les équipes et de donner de la profondeur aux stratégies futures.

Les 6 mémoires

La mémoire d’entreprise forme un ensemble de strates complémentaires qui, lorsqu’elles sont activées, deviennent de puissants leviers de transformation. Pour cela, 6 mémoires peuvent être activées.

La mémoire identitaire, nourrie par l’histoire fondatrice, les figures emblématiques et les grandes étapes de croissance, sert de repère dans les phases de diversification et continue d’infuser l’esprit des maisons qui la cultivent, de Ruinart à Ragni.

La mémoire territoriale, intimement liée aux lieux, aux métiers et aux communautés, est une mémoire partagée que les entreprises ne peuvent ni réécrire ni ignorer tant elle structure leur légitimité, comme en témoignent France Pélagique, Michelin ou La Poste.

La mémoire des savoir‑faire, est fragilisée par les départs non remplacés, ainsi que la mémoire des marchés et des publics, indispensable pour comprendre ce qui a déjà suscité l’adhésion et guider les choix éditoriaux ou commerciaux.

La valeur des crises et des échecs, qui deviennent des ressources précieuses dès lors qu’ils sont documentés et transmis, et rappelle enfin que la mémoire de l’innovation, faite d’archives techniques, de prototypes et de signatures esthétiques, nourrit la création contemporaine et démontre que tradition et modernité peuvent se renforcer mutuellement.

L’ensemble compose une véritable grille de lecture stratégique invitant les directions générales à identifier consciemment les mémoires qu’elles mobilisent dans chaque projet, afin que l’oubli devienne un choix assumé plutôt qu’une dérive subie.

La mémoire est ce qui permet de « transformer sans se renier ». C’est à ce titre qu’elle doit désor-mais être pensée, non comme un patrimoine à l’écart de la stratégie, mais comme un véritable instrument de conduite du changement. Les organisations qui sauront la traiter comme telle – en l’institutionnalisant, en la sécurisant, en la rendant activable et en la connectant aux outils d’innovation – disposeront d’un avantage stratégique durable, parce qu’elles auront transformé une ressource latente en capacité d’action.

Auteurs

Le rapport sur la mémoire des entreprises est porté par l’Institut Choiseul , en collaboration avec l’Observatoire B2V des Mémoires et le cabinet Eurogroup Consulting, qui animent ensemble depuis 2024 une plateforme dédiée à ce sujet

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Les Briefings Choiseul condensent les échanges menés par l’Institut en analyses brèves et directement mobilisables. En parcourant de nombreux secteurs et en croisant les regards d’acteurs influents et de praticiens, ils proposent des diagnostics ancrés dans la réalité et ouvrent des pistes d’action immédiates, avec l’ambition de stimuler la réflexion et d’inciter décideurs et publics à se saisir des enjeux.