L'initiative EuroStack est un mouvement indépendant et non-lobbyiste qui vise à promouvoir une nouvelle politique industrielle européenne pour construire et adopter une suite d'infrastructures numériques européennes. Ses promoteurs, un groupe en expansion de plus de 200 entreprises numériques européennes, estiment que l'Europe est à un point d'inflexion et doit impérativement réduire sa dépendance vis-à-vis des acteurs non-européens, principalement américains, dans le domaine technologique. Cette dépendance est qualifiée de "colonie numérique" et a des conséquences économiques majeures, avec une estimation de 264 milliards d'euros par an bénéficiant à l'économie américaine par l'achat de services cloud/logiciels par les entreprises européennes.
L'initiative EuroStack ne se limite pas à l'IA, mais englobe l'ensemble de la chaîne d'approvisionnement technologique ("le Stack"), de la connectivité au cloud, en passant par l'IA et les plateformes numériques. La vision est de renforcer l'entrepreneuriat et la compétitivité européens, de créer de la résilience, de protéger l'autonomie et la souveraineté de l'Europe, et de renforcer ses citoyens et ses entreprises. Les promoteurs soulignent que les capacités technologiques nécessaires existent déjà en Europe, mais que le manque de soutien stratégique côté demande, notamment via la commande publique, et la fragmentation du marché entravent leur développement et leur adoption à grande échelle.
Le Livre Blanc et la Lettre Ouverte présentent un ensemble de propositions concrètes axées sur trois dimensions principales :
L'initiative EuroStack ne se limite pas à l'IA, mais englobe l'ensemble de la chaîne d'approvisionnement technologique ("le Stack"), de la connectivité au cloud, en passant par l'IA et les plateformes numériques. La vision est de renforcer l'entrepreneuriat et la compétitivité européens, de créer de la résilience, de protéger l'autonomie et la souveraineté de l'Europe, et de renforcer ses citoyens et ses entreprises. Les promoteurs soulignent que les capacités technologiques nécessaires existent déjà en Europe, mais que le manque de soutien stratégique côté demande, notamment via la commande publique, et la fragmentation du marché entravent leur développement et leur adoption à grande échelle.
Le Livre Blanc et la Lettre Ouverte présentent un ensemble de propositions concrètes axées sur trois dimensions principales :
- « Buy European » : Favoriser la commande publique européenne pour stimuler la demande et soutenir l'offre technologique indigène. Une stratégie d'achats publics « Buy European first » est fortement réaffirmée, notamment pour sécuriser les infrastructures critiques nationales.
- « Sell European » : Améliorer la visibilité et l'interopérabilité de l'offre européenne afin de faciliter son adoption.
- « Fund European » : Mobiliser les financements privés et publics stratégiques nécessaires pour soutenir les investissements dans l'infrastructure numérique européenne.
Ces propositions visent à modifier rapidement les instruments existants plutôt qu'à créer de nouvelles lois ou attendre le prochain Cadre Financier Pluriannuel, soulignant l'urgence de la situation.
Le Débat sur l'Urgence et la Compétitivité lors de DLD25 : Une Tribune pour EuroStack
L'initiative EuroStack trouve un écho puissant dans les discussions de haut niveau, comme l'a démontré un panel dédié lors de la conférence DLD25 (17 janv. 2025). Modéré par Marc Al-Hames (Hubert Burda Media), cette session a réuni des voix clés de l'écosystème numérique européen : Francesca Bria (UCL Institute for Innovation & Public Purpose), figure impliquée dans la rédaction du livre blanc EuroStack ; Renate Nikolay (European Commission’s Directorate-General for Communication Networks, Content and Technology), représentante de la Commission Européenne ; et Prof. Dr. Niko Mohr (Friedhelm Loh Group), apportant une perspective industrielle et opérationnelle.
Le constat de départ partagé par les intervenants est sans appel : l'Europe n'est pas au niveau souhaité en termes de compétitivité numérique en 2025. Malgré des forces indéniables en talent, recherche et innovation, l'Europe peine à concrétiser et à mettre à l'échelle ces atouts. La distance stratégique avec les États-Unis et la Chine se creuse, renforçant la perception de l'Europe comme une "colonie numérique". Ce statut entraîne d'énormes pertes économiques, estimées à 264 milliards d'euros par an au profit des prestataires américains de cloud/logiciels selon un rapport récent cité dans les sources.
Comme le souligne Renate Nikolay de la Commission, le rapport Draghi sur la compétitivité de l'UE a clairement identifié les problèmes de fragmentation et la nécessité d'un modèle économique plus durable, servant de base aux actions actuelles. Le problème n'est pas le manque d'innovation, mais l'incapacité à la transformer en succès commerciaux et à retenir les talents ; 30% des "licornes" européennes choisissent de s'implanter ailleurs.
Face à cette urgence, l'initiative EuroStack est présentée non pas comme une simple technologie, mais comme un "modèle mental" et, plus concrètement, comme la nécessité de bâtir des "infrastructures technologiques paneuropéennes contrôlées par l'Europe" pour garantir l'autonomie stratégique. Il ne s'agit pas de protectionnisme, mais de construire une pile numérique européenne complète (du matériel aux plateformes et à l'IA) en capitalisant sur les capacités et talents existants en Europe.
Les trois intervenants insistent sur le fait que la seule régulation, bien que nécessaire (citant l'AI Act), ne suffit pas ; elle doit s'accompagner d'une stratégie d'innovation et de politique industrielle. Le concept des "usines d'IA" adossées aux supercalculateurs européens existants est cité comme un exemple concret de mutualisation des ressources et de focalisation pour stimuler l'IA industrielle, un domaine où l'Europe pourrait encore se positionner en leader. Cette approche est comparée aux "lignes pilotes" initiées dans le cadre du Chips Act.
Cependant, la discussion est lucide sur les défis. Le Professeur Dr. Nico Mohr souligne que l'Europe est "loin d'être sur la ligne de départ". Des initiatives passées comme GiaX n'ont pas atteint l'échelle nécessaire. La vitesse d'exécution, un changement de mentalité (être prêt à investir avec une approche "moonshot", même sans certitude de succès à 100%), et l'allocation stratégique des ressources sont jugés essentiels. L'ampleur de l'investissement requis est significative, avec des estimations autour de 150 milliards d'euros en 5 ans (rapport Draghi) ou un minimum de 300 milliards d'euros en 10 ans comme point de départ pour EuroStack.
La nécessité d'une stratégie d'achats publics "Buy European first" est fortement réaffirmée, ainsi que l'importance de sécuriser les infrastructures critiques nationales, citant explicitement le risque de dépendance pour la communication satellitaire. L'Europe doit "jouer son propre jeu" en se basant sur ses impératifs de sécurité nationale.
Malgré les défis, la discussion se termine sur un objectif ambitieux : avoir des "cas de succès" visibles d'ici 2030. L'Europe pourrait devenir leader dans des domaines stratégiques comme le supercalcul, l'IA industrielle, la connectivité résiliente, la télémédecine, la conduite automatisée, ou l'agriculture intelligente. L'enjeu ultime n'est pas l'expansion impériale, mais la protection de la démocratie, de l'État-providence et du bien-être social européens.
Cette discussion renforce le sentiment d'urgence et la pertinence des propositions clés d'EuroStack (favoriser la demande publique, améliorer l'offre et la visibilité, mobiliser les financements), en y ajoutant les perspectives d'experts et la volonté politique (avec la participation de la Commission) de traduire cette vision en actions concrètes pour l'autonomie numérique européenne.
Le constat de départ partagé par les intervenants est sans appel : l'Europe n'est pas au niveau souhaité en termes de compétitivité numérique en 2025. Malgré des forces indéniables en talent, recherche et innovation, l'Europe peine à concrétiser et à mettre à l'échelle ces atouts. La distance stratégique avec les États-Unis et la Chine se creuse, renforçant la perception de l'Europe comme une "colonie numérique". Ce statut entraîne d'énormes pertes économiques, estimées à 264 milliards d'euros par an au profit des prestataires américains de cloud/logiciels selon un rapport récent cité dans les sources.
Comme le souligne Renate Nikolay de la Commission, le rapport Draghi sur la compétitivité de l'UE a clairement identifié les problèmes de fragmentation et la nécessité d'un modèle économique plus durable, servant de base aux actions actuelles. Le problème n'est pas le manque d'innovation, mais l'incapacité à la transformer en succès commerciaux et à retenir les talents ; 30% des "licornes" européennes choisissent de s'implanter ailleurs.
Face à cette urgence, l'initiative EuroStack est présentée non pas comme une simple technologie, mais comme un "modèle mental" et, plus concrètement, comme la nécessité de bâtir des "infrastructures technologiques paneuropéennes contrôlées par l'Europe" pour garantir l'autonomie stratégique. Il ne s'agit pas de protectionnisme, mais de construire une pile numérique européenne complète (du matériel aux plateformes et à l'IA) en capitalisant sur les capacités et talents existants en Europe.
Les trois intervenants insistent sur le fait que la seule régulation, bien que nécessaire (citant l'AI Act), ne suffit pas ; elle doit s'accompagner d'une stratégie d'innovation et de politique industrielle. Le concept des "usines d'IA" adossées aux supercalculateurs européens existants est cité comme un exemple concret de mutualisation des ressources et de focalisation pour stimuler l'IA industrielle, un domaine où l'Europe pourrait encore se positionner en leader. Cette approche est comparée aux "lignes pilotes" initiées dans le cadre du Chips Act.
Cependant, la discussion est lucide sur les défis. Le Professeur Dr. Nico Mohr souligne que l'Europe est "loin d'être sur la ligne de départ". Des initiatives passées comme GiaX n'ont pas atteint l'échelle nécessaire. La vitesse d'exécution, un changement de mentalité (être prêt à investir avec une approche "moonshot", même sans certitude de succès à 100%), et l'allocation stratégique des ressources sont jugés essentiels. L'ampleur de l'investissement requis est significative, avec des estimations autour de 150 milliards d'euros en 5 ans (rapport Draghi) ou un minimum de 300 milliards d'euros en 10 ans comme point de départ pour EuroStack.
La nécessité d'une stratégie d'achats publics "Buy European first" est fortement réaffirmée, ainsi que l'importance de sécuriser les infrastructures critiques nationales, citant explicitement le risque de dépendance pour la communication satellitaire. L'Europe doit "jouer son propre jeu" en se basant sur ses impératifs de sécurité nationale.
Malgré les défis, la discussion se termine sur un objectif ambitieux : avoir des "cas de succès" visibles d'ici 2030. L'Europe pourrait devenir leader dans des domaines stratégiques comme le supercalcul, l'IA industrielle, la connectivité résiliente, la télémédecine, la conduite automatisée, ou l'agriculture intelligente. L'enjeu ultime n'est pas l'expansion impériale, mais la protection de la démocratie, de l'État-providence et du bien-être social européens.
Cette discussion renforce le sentiment d'urgence et la pertinence des propositions clés d'EuroStack (favoriser la demande publique, améliorer l'offre et la visibilité, mobiliser les financements), en y ajoutant les perspectives d'experts et la volonté politique (avec la participation de la Commission) de traduire cette vision en actions concrètes pour l'autonomie numérique européenne.
Summary in english
EuroStack is an urgent call to build European digital autonomy through industrial policy. The goal: to invest in and adopt complete infrastructures (connectivity, cloud, AI, platforms). Supported by over 200 companies, it responds to Europe's situation as a dependent "digital colony," losing €264 billion annually. Europe lacks competitiveness in 2025.
Keys words : "Buy European" (public procurement), "Sell European" (offer visibility), "Fund European" (strategic funding).
This assessment was shared at the DLD25 panel, where Renate Nikolay (European Commission) cited the Draghi report on fragmentation as a basis for action.
It's not protectionism, but building a controlled European stack. Regulation alone isn't enough; industrial policy is key. Challenges: significant investment, speed. The stake: protecting democracy. It's a call for urgent cooperation.
Keys words : "Buy European" (public procurement), "Sell European" (offer visibility), "Fund European" (strategic funding).
This assessment was shared at the DLD25 panel, where Renate Nikolay (European Commission) cited the Draghi report on fragmentation as a basis for action.
It's not protectionism, but building a controlled European stack. Regulation alone isn't enough; industrial policy is key. Challenges: significant investment, speed. The stake: protecting democracy. It's a call for urgent cooperation.