L’IA fragilise le droit d’auteur parce qu’elle apprend en absorbant des œuvres protégées, souvent sans autorisation ni transparence, puis génère des contenus qui peuvent imiter un style ou concurrencer un auteur sans jamais reproduire exactement.
La tension naît donc à deux niveaux : l’extraction massive en amont, qui prive les créateurs de contrôle, et la recomposition en aval, qui brouille la frontière entre inspiration et imitation. Au cœur du problème, c’est la valeur du travail créatif qui risque de se dissoudre dans des systèmes qui utilisent les œuvres sans toujours reconnaître ceux qui les produisent.
Dans le débat sur les droits d’auteur à l’heure de l’intelligence artificielle générative, les acteurs de l’écosystème de la connaissance ne défendent pas seulement des intérêts sectoriels : ils portent des visions différentes de ce que doit être la gouvernance de la donnée, la circulation du savoir et la répartition de la valeur dans un environnement dominé par les grands modèles.
Nous avons cherché à comprendre les principales analyses qui se dégagent en France dans ce domaine.
Le GF2I : souveraineté, transparence et maîtrise des corpus
Le GF2I défend une approche systémique centrée sur la souveraineté informationnelle.
Il plaide pour un opt‑out large, une transparence totale sur les données d’entraînement et la reconnaissance du rôle stratégique des producteurs de contenus.
Document de référence : Position officielle « Intelligence artificielle et droit d’auteur » (mai 2024)
Le GF2I, sous l’impulsion de Thomas Parisot, place la souveraineté informationnelle au cœur de sa réflexion. Pour lui, la question n’est pas seulement juridique mais systémique : sans transparence sur les données d’entraînement et sans capacité réelle pour les ayants droit de maîtriser l’usage de leurs corpus, l’IA générative risque de capter la valeur produite par les acteurs européens de l’information et d’affaiblir la diversité documentaire, pourtant essentielle à la résilience stratégique.
Il plaide pour un opt‑out large, une transparence totale sur les données d’entraînement et la reconnaissance du rôle stratégique des producteurs de contenus.
Document de référence : Position officielle « Intelligence artificielle et droit d’auteur » (mai 2024)
Le GF2I, sous l’impulsion de Thomas Parisot, place la souveraineté informationnelle au cœur de sa réflexion. Pour lui, la question n’est pas seulement juridique mais systémique : sans transparence sur les données d’entraînement et sans capacité réelle pour les ayants droit de maîtriser l’usage de leurs corpus, l’IA générative risque de capter la valeur produite par les acteurs européens de l’information et d’affaiblir la diversité documentaire, pourtant essentielle à la résilience stratégique.
Le CFC : préserver le cadre juridique et rééquilibrer le rapport de force
Le CFC met l’accent sur la continuité du droit d’auteur et la nécessité de mécanismes de rémunération adaptés. Il soutient les initiatives législatives visant à rééquilibrer la relation entre créateurs et plateformes d’IA, notamment via l’inversion de la charge de la preuve.
Document de référence : Analyse sur la proposition de loi sénatoriale (via CCFI)
Le CFC adopte une posture plus strictement juridique, mais qui converge sur l’essentiel. Il rappelle que l’extraction massive de contenus protégés ne peut être considérée comme un simple usage technique et que le droit d’auteur constitue un cadre éprouvé qu’il n’y a aucune raison de contourner. Là où le GF2I insiste sur la souveraineté et la transparence, le CFC met en avant la continuité du droit et la nécessité de mécanismes de rémunération adaptés, capables de rééquilibrer un rapport de force largement favorable aux grandes plateformes technologiques.
Document de référence : Analyse sur la proposition de loi sénatoriale (via CCFI)
Le CFC adopte une posture plus strictement juridique, mais qui converge sur l’essentiel. Il rappelle que l’extraction massive de contenus protégés ne peut être considérée comme un simple usage technique et que le droit d’auteur constitue un cadre éprouvé qu’il n’y a aucune raison de contourner. Là où le GF2I insiste sur la souveraineté et la transparence, le CFC met en avant la continuité du droit et la nécessité de mécanismes de rémunération adaptés, capables de rééquilibrer un rapport de force largement favorable aux grandes plateformes technologiques.
Le SNE : protéger la chaîne de valeur éditoriale
Le SNE adopte une ligne plus offensive, centrée sur la défense économique des auteurs et éditeurs. Il engage des actions judiciaires contre les usages non autorisés d’œuvres protégées et appelle à un encadrement strict des modèles d’IA.
Document de référence : Communiqué du SNE sur l’assignation de Meta
Le SNE, quant à lui, se situe dans une logique de protection économique. L’IA générative est perçue comme une menace directe pour la chaîne de valeur éditoriale, et l’éditeur comme un acteur dont la fonction de sélection, de garantie et de diffusion pourrait être court‑circuitée si les modèles s’entraînent librement sur les œuvres. Sa position est plus offensive : il plaide pour un encadrement strict fondé sur l’autorisation préalable, et non sur un opt‑out, afin d’éviter une désintermédiation brutale qui fragiliserait l’ensemble du secteur.
Document de référence : Communiqué du SNE sur l’assignation de Meta
Le SNE, quant à lui, se situe dans une logique de protection économique. L’IA générative est perçue comme une menace directe pour la chaîne de valeur éditoriale, et l’éditeur comme un acteur dont la fonction de sélection, de garantie et de diffusion pourrait être court‑circuitée si les modèles s’entraînent librement sur les œuvres. Sa position est plus offensive : il plaide pour un encadrement strict fondé sur l’autorisation préalable, et non sur un opt‑out, afin d’éviter une désintermédiation brutale qui fragiliserait l’ensemble du secteur.
Europeana : ouverture maîtrisée et qualité des données culturelles
Europeana, plus tournée vers la diffusion du patrimoine, défend une vision ouverte mais exigeante : accès facilité, mais jamais au détriment de la traçabilité, des métadonnées et de la qualité des corpus.
Document de référence : Étude de l’EUIPO sur l’IA générative et le droit d’auteur
(Europeana s’y appuie largement)
Europeana adopte une perspective différente, davantage tournée vers l’accès à la culture et la valorisation du patrimoine. Pour la plateforme, l’enjeu n’est pas de restreindre l’usage des données, mais de garantir que les modèles d’IA s’appuient sur des corpus correctement documentés, contextualisés et respectueux des métadonnées. L’ouverture n’est pas un risque en soi, à condition qu’elle s’accompagne d’une exigence forte en matière de qualité, de traçabilité et de visibilité des institutions culturelles européennes dans les chaînes de valeur de l’IA.
(Europeana s’y appuie largement)
Europeana adopte une perspective différente, davantage tournée vers l’accès à la culture et la valorisation du patrimoine. Pour la plateforme, l’enjeu n’est pas de restreindre l’usage des données, mais de garantir que les modèles d’IA s’appuient sur des corpus correctement documentés, contextualisés et respectueux des métadonnées. L’ouverture n’est pas un risque en soi, à condition qu’elle s’accompagne d’une exigence forte en matière de qualité, de traçabilité et de visibilité des institutions culturelles européennes dans les chaînes de valeur de l’IA.
Ces positions, loin de s’annuler, dessinent un paysage de tensions structurantes.
Le GF2I met en avant la souveraineté et la transparence, le CFC la solidité du cadre juridique, le SNE la protection économique, Europeana l’ouverture maîtrisée.
Ensemble, elles montrent que la question du droit d’auteur à l’ère de l’IA dépasse largement le seul champ du numérique : elle engage un choix de modèle, entre captation ou partage de la valeur, entre dépendance ou autonomie, entre innovation rapide ou innovation durable.
Pour les professionnels de l’information stratégique, comprendre ces lignes de force est indispensable pour anticiper les recompositions à venir et éclairer les décisions publiques dans un domaine où se joue une part essentielle de la souveraineté cognitive européenne.
Ensemble, elles montrent que la question du droit d’auteur à l’ère de l’IA dépasse largement le seul champ du numérique : elle engage un choix de modèle, entre captation ou partage de la valeur, entre dépendance ou autonomie, entre innovation rapide ou innovation durable.
Pour les professionnels de l’information stratégique, comprendre ces lignes de force est indispensable pour anticiper les recompositions à venir et éclairer les décisions publiques dans un domaine où se joue une part essentielle de la souveraineté cognitive européenne.

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