Prospective

Investir dans l'économie bleue, gardons les pieds sur terre ! Christophe Pouilly. La Fabrique du Futur

Retour sur le Salon Produrable 2025


Jacqueline Sala
Mardi 28 Octobre 2025


Après une belle introduction poétique de Maia MedAli, ‘Le chant des baleines est richesse, témoin de nos cœurs en détresse’, les intervenants se sont plongés de manière très incarnée dans un échange rondement mené sur le sujet de l’économie bleue.
Le récent Sommet de l’ONU sur les océans a montré la préoccupation des institutions internationales, des Etats et des entreprises pour le rôle essentiel joué par les écosystèmes marins dans la captation des gaz à effet de serre et la sécurité alimentaire de 3 milliards d’êtres humains. Mais quelle économie bleue, si l’on souhaite respecter la fragilité des océans et de renoncer à son exploitation à outrance ?



Intervenants :
Gilles BOEUF - Muséum national d'Histoire naturelle- Collège de France
Emmanuelle PÉRIÉ-BARDOUT – Fondatrice Under the pole
Antoine PERSON – Louis Dreyfus Armateur
Alexandre YACHINE – DG Fondation de la Mer

Animée par Catherine CHAZAL, Entreprises pour l'Environnement


 

Océan & enjeux : quelques chiffres

Investir dans l'économie bleue, gardons les pieds sur terre ! Christophe Pouilly. La Fabrique du Futur
Le Transport maritime représente 90% du commerce mondial. 99% des données Internet-telecom passent par des câbles sous-marins. Les mers et océans absorbent près 1/3 de nos émissions de CO2 et produisent 50% de notre oxygène… et 35% des hydrocarbures.

Le potentiel de l’économie bleue est estimé à 3 200mds € d’ici 2030.
Les chiffres sont têtus : les enjeux de l’économie bleue sont globaux et les défis nombreux.

Aller au fond des choses

Emmanuelle PÉRIÉ-BARDOUT voue sa vie à la Mer et en explore les fonds. Elle constate les effets du changement climatique, notamment sur les barrières de corail. Mais les grands fonds réservent encore de bonnes surprises. Forêts aquatiques et résilience du milieu lui donnent encore l’espoir de pouvoir changer de cap.

L’inimitable Gilles BŒUF s’emporte  « Le monde de l’entreprise s’intéresse au climat mais néglige la mer ». Il a tort. La mer (ou plutôt les mers et l’océan), c’est nous : « il y a dans un plancton un tiers de nos gènes ».

La mer, c’est « un espace intrinsèquement ouvert et multilatéral »  ajoute Alexandre Yachine. Elle fait partie du « patrimoine mondiale de l’Humanité ». Pour la protéger, il faut « lui donner plus de droits et créer des coalitions ».

Blue is the new green ?

Problème : la mer est également un lieu de concurrence et de confrontation. Les difficultés à y faire observer les réglementations internationales sont très grandes admet Antoine Person. Il estime malgré tout que le coût des investissements est tel, notamment dans le transport maritime, qu’il va obliger à intégrer les enjeux environnementaux. Faute d’être à côté de la plaque.

Pour Gilles Bœuf, concilier développement économique et préservation passe par une meilleure compréhension scientifique des phénomènes « La science n’est pas une opinion mais elle doit être plus ouverte pour sensibiliser le maximum de monde ».

Cette sensibilisation est au cœur de la mission de la Fondation de la Mer. Alexandre Yachine témoigne du succès des actions menées notamment auprès des établissements scolaires :  « Enjeux maritimes : réenchanter les classes » ou le  « Concours Megaplasticus ».  
Il fait part également des actions menées auprès des entreprises pour les sensibiliser au respect des ODD 6 & 14 de l’ONU ou les engager dans des projets à impact.

Emmanuelle PÉRIÉ-BARDOUT n’est pas en reste. Elle aussi cherche à sensibiliser les générations futures. Elle veut également associer exploration, mobilisation et sciences pour mener des projets d’envergure comme celui de développer un outil de mesure ‘Empreinte Océan’.

Chez Louis Dreyfus Armateur, 1 semaine par an est entièrement dédiée aux enjeux d’environnement pour tous les collaborateurs. Mais au-delà de ce temps dédié, c’est toute l’année que l’entreprise se sent concernée.

On aura apprécié l’énergie communicatrice des intervenants comme la sincérité de leur engagement. Dans la salle, ils ont été très applaudis. Reste à entendre si cette vague de soutien aura atteint des sphères ou continents plus lointains.
 

A propos de ...

Christophe Pouilly  est Vice-président exécutif de La Fabrique du Futur & Co. Il assure la direction opérationnelle de ce "Do Tank" qui compte 57 associés aux expertises transdisciplinaires. Sa mission : aider les structures (publiques ou privées) à se projeter dans le futur et les accompagner dans leurs grandes transitions.
Membre de la Société Française de Prospective et l'Association of Professionnel Futurists, Christophe est également formateur au sein de l'organisme de formation (certifié Qualiopi) de la Fabrique du Futur.