Communication & Influence

Journée des langues : Parlez-vous Globish ?


David Commarmond


Dans le cadre de la journée des langues, la Maison de l’Europe, le Musée des langues et le partenariat de l’association kidilangues ont donné le 26 septembre 2016 une conférence commune sur le thème « Franglais spanglish et globish »




Si les langues sont un enjeu européen depuis longtemps, depuis trente ans, le grand vainqueur est surtout le Globish. Mixage de langues, le Globish est une «boîte à outils» qui est sensé permettre de se faire comprendre partout dans le monde. L’ambition du globish est utilitaire, de suffire au chef d’entreprise globe-trotter afin de pouvoir se faire comprendre à peu-près partout dans le monde, surtout par des non anglophones.
 
Le Globish se distingue du Franglais, qui peut-être considéré comme une sous-branche de celui-ci. Mélange de français et d’anglais, il est apparut après guerre, quand la société de consommation se généralisait. Plus riche que la langue française, la langue anglaise ne trouvait pas d’écho et d’alternative pour définir les nouveaux usages.
  
Les publicitaires ont profité de cette brèche pour introduire des termes à consonance anglaise, mais d’essence française, car non reconnu en Grande-Bretagne. Brushing, parking, conf-call, sont entrés dans notre langage courant. Plus insidieusement certains mots biens britanniques, sont employés au mépris du bon usage, un nom pour un adjectif ou inversement et dénature complètement celui-ci.
 
Dans notre malheur dirons-nous nous ne sommes pas seuls, toutes les langues sont touchées par ce phénomène, Spanglish chinglish, portuglish. Limité au domaine des nouvelles technologies, de la publicité peu à peu il envahi de nouveaux territoires et vocables.
  
Plusieurs auteurs ont tenté de théoriser ce phénomène, plutôt que de le combattre de l’apprivoiser et de lui donner une colonne vertébrale. Ainsi nous devrions parler de globish au pluriel. Jean-Claude Nerriere pour citer l’un des plus connu en France propose une liste de 1500 mots qu’il pense suffisant pour s’exprimer dans le monde des affaires sans pour autant sacrifier la grammaire et la conjugaison. Certes ces 1500 mots n’ont pas vocation à impressionner la Reine d’Angleterre ni de faire de vous un grand orateur, ni même d’exprimer une gamme d’émotions aussi riche que celle de la langue maternelle. Erreur très commune des débutants.
 
Apprendre une langue, l’utiliser n’est pas neutre. C’est aussi épouser un mode de pensée, une façon de voir le monde et se raccrocher à une histoire. Les langues existantes, l’Anglais, le Français, l’Espagnol et le Portugais ont longtemps été vu comme des langues de pays colonisateurs (pour le reste du monde). Une histoire souvent lourde de sens et d’incompréhension mutuelle, qui pendant longtemps ont été facteur de rebellions et d’histoires personnelles douloureuses. Pour tenter de s’affranchir de ses Histoires et de cet héritage, des tentatives ont été faites. Des langues ont été inventé, parfois totalement, comme le klingon ou l’espéranto pour la plus connue, mais jusqu’à aujourd’hui, malgré un nombre important de locuteurs, ces tentatives n’ont pas porté les fruits espérés malgré un avantage certain : la facilité d’apprentissage.
 
Pour le moment, le pouvoir économique et la démographie favorise l’anglais anglo-américain. Cet avantage peut-être remis en cause par de nombreux facteurs dans les années à venir. Le Globish ne joue pas en faveur pour les locuteurs natifs anglais bien au contraire, le Globish présent dans les grandes administrations et instances internationales sous d’autres formes ne garantit pas au locuteur extérieur de comprendre quoique ce soit.
 
L’avenir est très ouvert et seul les prochaines générations pourront changer la donne.