
L'objectif est clair : placer l'intelligence économique (IE) au cœur de la stratégie de l'industrie de défense. Et le monde de l’IE a répondu présent, malgré une pluie battante et un contexte économique national tendu comme l’a souligné le général de corps d’armée Hervé de Courrèges dans son introduction.
Un contexte mondial préoccupant et des menaces évolutives
La nécessité de ces rencontres s'inscrit dans un paysage global complexe où la compétition ne concerne plus seulement les connaissances et les expertises, mais aussi les vulnérabilités intrinsèques aux démocraties libérales. La guerre économique fait rage, mobilisant tous les leviers possibles pour atteindre les sociétés jusqu'à leurs valeurs. Comme l'a souligné la Revue Nationale Stratégique cet été, l'instrumentalisation de l'économie est devenue une réalité incontournable.
Les menaces actuelles se distinguent par leur caractère protéiforme et leur ampleur inédite. Elles prennent la forme de stratégies hybrides, combinant cyberattaques, manipulation de l'information, instrumentalisation du droit et de l'économie, le tout facilité par le développement fulgurant des technologies numériques.
Cette fragmentation politique et économique remet en question les mécanismes internationaux de contrôle et de régulation. Les responsables d'entreprises et de laboratoires de recherche sont désormais confrontés à un risque réputationnel fort. La France est particulièrement visée en raison de l'excellence technologique de sa Base Industrielle et Technologique de Défense (BITD) et de sa position de deuxième nation exportatrice d'armement au monde, attirant de nombreuses convoitises. Chaque année, entre 500 et 550 attaques avérées sont détectées sur la BITD ou la recherche, dont 80% concernent des PME et ETI, maillons faibles des chaînes d'approvisionnement.
Les menaces actuelles se distinguent par leur caractère protéiforme et leur ampleur inédite. Elles prennent la forme de stratégies hybrides, combinant cyberattaques, manipulation de l'information, instrumentalisation du droit et de l'économie, le tout facilité par le développement fulgurant des technologies numériques.
Cette fragmentation politique et économique remet en question les mécanismes internationaux de contrôle et de régulation. Les responsables d'entreprises et de laboratoires de recherche sont désormais confrontés à un risque réputationnel fort. La France est particulièrement visée en raison de l'excellence technologique de sa Base Industrielle et Technologique de Défense (BITD) et de sa position de deuxième nation exportatrice d'armement au monde, attirant de nombreuses convoitises. Chaque année, entre 500 et 550 attaques avérées sont détectées sur la BITD ou la recherche, dont 80% concernent des PME et ETI, maillons faibles des chaînes d'approvisionnement.
La réponse Française : Veiller, Protéger, Influencer
Face à cette réalité, la France a déjà mis en place un système défensif qui identifie mieux ses actifs stratégiques et renforce leur surveillance, permettant de mieux appréhender les risques et d'anticiper les menaces. Cependant, cela ne saurait suffire. La réponse doit être globale, à l'image de la "culture de défense globale" adoptée par les pays nordiques et baltes, où chaque citoyen est appelé à s'informer et à cultiver sa résilience.
La DGA et l'ACADEM sont les piliers de cette démarche. L'ACADEM, dirigée par un général et ayant l'ADN de servir d'interface avec la société civile, vise à réunir les acteurs publics et privés, les chercheurs et les opérationnels, seniors et juniors, pour élaborer des réponses innovantes et augmenter la résilience nationale et européenne. L'Académie met l'accent sur la formation, la diffusion de la culture de l'IE, l'anticipation (coopération recherche civilo-militaire-industrielle) et l'innovation (développement de nouveaux outils et wargaming).
La DGA, quant à elle, porte une ambition forte en matière d'IE, qu'elle considère comme un outil central. Elle a créé une sous-direction dédiée à l'intelligence économique au sein de sa direction de l'industrie de défense, renforçant ses capacités de renseignement et d'anticipation des évolutions de marchés.
Les actions de cette direction s'articulent autour de trois axes fondamentaux : veiller, protéger et influencer. Veiller implique une analyse stratégique basée sur des expertises et des écosystèmes de veille anticipatifs. Protéger concerne les menaces réelles (physiques, cyber, économiques), notamment via le contrôle des investissements étrangers en France, un dispositif jugé efficace par la DGA, qui gère environ 130 dossiers par an. Influencer passe par la valorisation des partenariats industriels et l'action proactive pour anticiper les évolutions de marché et saisir les opportunités. La DGA vise également à « produire plus et plus vite » pour faire face à la demande de réarmement français et européen.
La DGA et l'ACADEM sont les piliers de cette démarche. L'ACADEM, dirigée par un général et ayant l'ADN de servir d'interface avec la société civile, vise à réunir les acteurs publics et privés, les chercheurs et les opérationnels, seniors et juniors, pour élaborer des réponses innovantes et augmenter la résilience nationale et européenne. L'Académie met l'accent sur la formation, la diffusion de la culture de l'IE, l'anticipation (coopération recherche civilo-militaire-industrielle) et l'innovation (développement de nouveaux outils et wargaming).
La DGA, quant à elle, porte une ambition forte en matière d'IE, qu'elle considère comme un outil central. Elle a créé une sous-direction dédiée à l'intelligence économique au sein de sa direction de l'industrie de défense, renforçant ses capacités de renseignement et d'anticipation des évolutions de marchés.
Les actions de cette direction s'articulent autour de trois axes fondamentaux : veiller, protéger et influencer. Veiller implique une analyse stratégique basée sur des expertises et des écosystèmes de veille anticipatifs. Protéger concerne les menaces réelles (physiques, cyber, économiques), notamment via le contrôle des investissements étrangers en France, un dispositif jugé efficace par la DGA, qui gère environ 130 dossiers par an. Influencer passe par la valorisation des partenariats industriels et l'action proactive pour anticiper les évolutions de marché et saisir les opportunités. La DGA vise également à « produire plus et plus vite » pour faire face à la demande de réarmement français et européen.

Les cinq chantiers de l'Intelligence Économique de Défense
Pour structurer cette réflexion collective, cinq commissions thématiques ont été lancées, dont les conclusions sont attendues pour mars-avril 2026 :
- Intelligence Économique Territoriale (présidée par Henry-Jacques Citroën) : Cette commission s'attache à comprendre comment les industries françaises, souvent des PME et ETI situées en province, peuvent accroître leurs affaires dans un contexte de guerre économique. Elle abordera la méconnaissance de l'IE, le manque de moyens financiers pour des cabinets spécialisés, le rôle des collectivités territoriales, de l'État et des grands groupes industriels de l'armement dans l'accompagnement des PME/ETI, la protection du savoir-faire technique et la mise en place de mesures de conformité (compliance).
- Influence (présidée par Christine Dugoin-Clément) : Dans un monde de "guerre hybride" où le cognitif, l'influence et l'économie sont intriqués, cette commission analysera les méthodes d'influence ciblant la BITD. Elle étudiera l'utilisation des nouvelles technologies, l'adaptation des entreprises (y compris celles à double usage), et l'approche à différents niveaux : micro (individus), méso (organisations, gouvernance, réputation, financement, recherche) et macro (États). La maîtrise de son propre récit est un enjeu crucial.
- BITD Européenne (présidée par Jean-Pierre Maulny) : En dépit de la compétition naturelle entre acteurs européens, la nécessité de coopération pour l'autonomie stratégique européenne est reconnue. La commission analysera les relations État-industrie dans les pays européens, les influences extérieures (notamment américaines), et la manière de construire un "paysage global" de l'information. La question centrale est de savoir si la coopération en matière d'IE est possible avec les partenaires européens.
- Intelligence Économique Offensive (présidée par Frédéric Pierucci, vice-présidée par Éloïse Benhammou) : Cette commission se concentrera sur des actions concrètes pour conquérir des marchés, sécuriser les réseaux de télécommunication et les nouvelles technologies. Elle s'inspirera des stratégies de grandes puissances comme les États-Unis, la Russie et la Chine pour permettre aux entreprises françaises de la BITD d'influencer à travers des réseaux humains et matériels, avec le soutien diplomatique et public.
- Renseignement en Sources Ouvertes (OSINT) (présidée par Anne-Solène Spido) : L'OSINT est présenté comme un outil puissant de souveraineté dans un monde informationnel "obèse, instable, influencé". La commission définira le périmètre d'application de l'OSINT pour la DGA et la BITD, établira un état des lieux des méthodes et outils en abordant les questions de sécurité et de souveraineté. Elle insistera sur le travail collaboratif et le partage d'informations sécurisé, cartographiera les parties prenantes et s'inspirera des bonnes pratiques d'autres secteurs pour le domaine de la défense.
Un appel à l'action collective
Ces rencontres visent à générer des recommandations pragmatiques qui alimenteront la réflexion de l'ensemble de la communauté de l'IE de défense. Les services de l'État, la BITD, le monde académique et les acteurs privés sont invités à constituer une "force de frappe" en appui de l'intelligence économique. Tous les acteurs, qu'ils soient présents en ligne ou sur place, sont encouragés à participer aux travaux des commissions par des auditions ou des contributions écrites.
L'ingénieur général de l'armement de classe exceptionnelle de l'armement Alexandre Lahousse, directeur général adjoint de la DGA, a souligné l'importance de cette intelligence collective et de l'approche multidisciplinaire. La DGA, pivot entre les besoins opérationnels, la recherche scientifique, le monde académique et la réponse industrielle, est idéalement positionnée pour contribuer à ces échanges et déployer des leviers d'action. L'action doit se déployer à toutes les échelles : territoriale (avec des attachés industriels de défense en région), nationale (dialogue régulier avec les industriels) et européenne (définition de normes, combat d'influence pour des financements européens favorisant les produits conçus et fabriqués en Europe).
En conclusion, ces rencontres marquent la volonté de fédérer et d'organiser une véritable "équipe de France de l'intelligence économique de défense". Cette initiative doit permettre de relever les défis actuels et futurs, garantissant ainsi la pérennité, la performance et la résilience de la BITD française et, in fine, l'autonomie stratégique de la nation.
Rendez-vous est donné aux prochaines journées de l’ACADEM en avril 2026.
L'ingénieur général de l'armement de classe exceptionnelle de l'armement Alexandre Lahousse, directeur général adjoint de la DGA, a souligné l'importance de cette intelligence collective et de l'approche multidisciplinaire. La DGA, pivot entre les besoins opérationnels, la recherche scientifique, le monde académique et la réponse industrielle, est idéalement positionnée pour contribuer à ces échanges et déployer des leviers d'action. L'action doit se déployer à toutes les échelles : territoriale (avec des attachés industriels de défense en région), nationale (dialogue régulier avec les industriels) et européenne (définition de normes, combat d'influence pour des financements européens favorisant les produits conçus et fabriqués en Europe).
En conclusion, ces rencontres marquent la volonté de fédérer et d'organiser une véritable "équipe de France de l'intelligence économique de défense". Cette initiative doit permettre de relever les défis actuels et futurs, garantissant ainsi la pérennité, la performance et la résilience de la BITD française et, in fine, l'autonomie stratégique de la nation.
Rendez-vous est donné aux prochaines journées de l’ACADEM en avril 2026.