Le CEPII, Centre d’études prospectives et d’informations internationales, est le principal think tank français dédié à l’économie mondiale.
Créé en 1978 et rattaché à France Stratégie, il combine recherche académique et expertise opérationnelle pour éclairer les décideurs publics et privés.
Ses travaux couvrent le commerce, la finance, les migrations, l’énergie et les politiques européennes, avec une publication phare chaque année.
Source - https://www.cepii.fr/CEPII/fr/evenements/abstract.asp?IDReu=746
Focus sur 5 points majeurs
- Les métaux critiques
La dépendance des États-Unis à l’égard des importations de métaux stratégiques (lithium, cobalt, terres rares) et la tentation de bâtir une « OPEP des métaux » est un des marqueurs principaux de 2026. Cette insécurité minérale est présentée comme un facteur structurant des rivalités géoéconomiques.
- Les sanctions contre la Russie
Plus de trois ans après leur mise en place, les chercheurs évaluent leur efficacité réelle. Ils montrent que si elles ont limité certains financements de l’effort de guerre, elles ont aussi été contournées, révélant les limites de l’outil de coercition économique.
- Le secteur automobile
Etudié comme un symbole de la mondialisation, il illustre les bouleversements liés à la montée en puissance de la Chine, notamment dans l’électrique, et les difficultés persistantes de l’industrie européenne face à la concurrence et aux transitions technologiques.
- L’intelligence artificielle
Présentée comme une « révolution industrielle du savoir », elle est analysée à la fois comme moteur de productivité et comme facteur de déstabilisation sociale, posant la question de la place de l’humain dans un monde où les tâches cognitives sont automatisées.
- Les migrations et la démographie :
Le CEPII insiste sur le rôle des politiques de naturalisation, d’asile et de régularisation comme leviers d’intégration économique, dans un contexte de déséquilibres démographiques mondiaux entre vieillissement accéléré au Nord et vitalité démographique au Sud.
Les nouveaux équilibres de la mondialisation

Le fil rouge de cette édition est celui des « guerres » au pluriel : guerre commerciale, guerre technologique, guerre monétaire, mais aussi guerre de l’information et des ressources. Les menaces de droits de douane, en particulier dans la relation sino-américaine, pèsent sur le commerce international et fragilisent des secteurs emblématiques comme l’automobile, déjà en difficulté en Europe. La rivalité autour des métaux critiques, indispensables aux transitions énergétique et numérique, installe une insécurité minérale qui devient un facteur structurant des stratégies industrielles et diplomatiques.
Les limites des sanctions économiques
Les sanctions économiques contre la Russie, plus de trois ans après leur mise en place, font l’objet d’un bilan nuancé : elles ont limité certaines capacités de financement de l’effort militaire, mais leur efficacité reste entravée par des contournements et par l’adaptation progressive de l’économie russe.
Cette situation illustre les limites d’un outil de coercition qui, tout en cherchant à préserver les populations civiles, peine à atteindre pleinement ses objectifs stratégiques.
L'I.A. ou la révolution industrielle du savoir
Présentée comme une révolution industrielle du savoir, elle est à la fois source de gains de productivité et de déstabilisation sociale, posant la question du rôle de l’humain face à des systèmes capables d’automatiser des tâches cognitives complexes. L’IA devient ainsi un enjeu de puissance, mais aussi un défi de gouvernance, tant ses usages peuvent accentuer les inégalités ou bouleverser les équilibres du travail.
La démographie et les migrations constituent un autre axe majeur
Le CEPII souligne que l’immigration, loin d’être uniquement perçue comme une contrainte, peut devenir un levier de rééquilibrage économique si elle s’accompagne de dispositifs efficaces de naturalisation, d’asile et de régularisation.
Europe, un recul prévisible
Ce relatif effacement interroge sur la capacité du Vieux Continent à peser dans une économie mondiale polarisée, où la souveraineté énergétique, numérique et industrielle devient un impératif.
Maîtrise des interdépendances
Plus qu’une simple photographie conjoncturelle, cette analyse met en lumière la nécessité d’une intelligence économique et politique capable de naviguer dans un monde où la prévisibilité se fait rare et où la puissance se mesure désormais à la maîtrise des interdépendances.
Ont contribué à ce rapport
- Isabelle Bensidoun et Thomas Grjebine – Vue d’ensemble : l’économie mondiale en guerres
- Carl Grekou, Emmanuel Hache et Valérie Mignon – Métaux critiques : les États-Unis entre impératif de souveraineté et tentation impérialiste
- Matthieu Crozet, Charlotte Emlinger et Kevin Lefebvre – Sanctions commerciales contre la Russie : quelques raisons de ne pas (dés)espérer
- Vincent Vicard et Pauline Wibaux – L’automobile, secteur emblématique de la mondialisation et de ses bouleversements
- Axelle Arquié – L’IA, révolution industrielle du savoir : entre progrès technique, déstabilisation sociale et défi lancé à l’humain
- Anthony Edo et Jérôme Valette – Naturalisation, asile, régularisation : des leviers en faveur de l’intégration économique des immigrés
- Hippolyte d’Albis – Démographie mondiale : retour aux chiffres et aux concepts
- Pierre Cotterlaz – Base de données sur l’économie mondiale