Intelligence des Territoires, PME, ETI

L'indice de risque de désindustrialisation : un outil d’anticipation stratégique

Par Arnaud de Morgny


Jacqueline Sala
Mercredi 16 Juillet 2025


Face à l'insuffisance des instruments d'analyse classiques, souvent a posteriori et descriptifs, le Centre de recherche appliquée de l'École de Guerre Économique (CR451) a conçu un outil inédit : l'indice de risque de désindustrialisation. Ce dernier repose sur une grille d'évaluation multicritère permettant de détecter précocement les fragilités des entreprises industrielles majeures et de proposer une lecture stratégique de leurs vulnérabilités. Davantage que d’attendre l’autopsie, diagnostiquons le malade tant qu’il est vivant !



L'indice de risque de désindustrialisation : un outil d’anticipation stratégique

L'indice combine neuf critères principaux

Voici les 9 critère retenus :  le positionnement stratégique, la vulnérabilité technologique, l'environnement politique et réglementaire, la situation financière, la fiscalité et les aides publiques, la gouvernance et l'actionnariat, l'emploi et les compétences, l'ancrage territorial, ainsi que l'image et la notoriété. Ces dimensions sont croisées afin d'établir un profil de risque global pour chaque entreprise analysée mais aussi d’identifier les vulnérabilités critiques.

Pour sa première version, l'indice a été appliqué à un panel de dix groupes industriels emblématiques du tissu productif français : Alstom, Arkema, ArcelorMittal, Danone, Renault, Michelin, Sanofi, Seb, Schneider Electric et Valeo. Ces entreprises, bien connues du public, présentent une importance stratégique forte pour l'économie nationale, sont bien connues du grand public et sont représentatives de secteurs clefs.
 

Les résultats sont alarmants

 selon les premiers diagnostics, la moitié du panel présente un niveau de risque élevé, indiquant des signaux faibles de décrochage potentiels. Ces alertes concernent aussi bien les délocalisations progressives, la fermeture de sites que la baisse des investissements en R&D. Là où l’information existe, elle reste trop souvent cloisonnée ou inexploitée stratégiquement.
Dans un contexte de guerre économique permanente, cette lecture systémique de l'information devient un impératif.

L’indice vise ainsi à constituer un outil de pilotage pour les pouvoirs publics (ministères de l’Économie, de l’Industrie, de la Transition écologique, de la Recherche), mais aussi pour les collectivités locales, les syndicats, les investisseurs ou les journalistes engagés dans la veille économique.

Vers un Observatoire national du risque de désindustrialisation

Ce dispositif préfigure la création d’un Observatoire national du risque de désindustrialisation annoncé pour 2026, si le centre en trouve les ressources, dans le but de fournir une veille continue, territorialisée et contextualisée. À terme, cet outil pourrait s’imposer comme un référent stratégique, au même titre que les baromètres ESG ou les classements technologiques.

L’enjeu est d’autant plus crucial que la confrontation économique se déplace sur le terrain de la normalisation, du droit, des infrastructures critiques, de la mise sous dépendance (en matériaux, en technologies) et des technologies de rupture. La souveraineté productive n’est plus un luxe, mais une condition de survie économique et nationale. L'indice de risque de désindustrialisation s'inscrit dans cette exigence d'anticipation et grille de lecture pour favoriser l’action

En somme, la création de cet indice s’affirme comme un acte fondateur pour une stratégie d’intelligence économique renouvelée, ancrée dans la prévention et l'action concertée. Elle participe à la reconfiguration des politiques publiques industrielles en leur fournissant des instruments concrets de pilotage et de décision.

Source : CR451

Pour lire la présentation de l’indice et la méthodologie :
https://cr451.fr/category/champs-de-recherche/observatoire-des-risques-de-desindustrialisation/

 

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Le CR451 est le Centre de Recherche Appliquée de l’École de Guerre Économique (EGE), fondé en janvier 2022.
Dirigé par Christian Harbulot, expert en intelligence économique, le CR451 se concentre sur l’étude des conflits informationnels, de la guerre économique et des rapports de force géopolitiques. Il vise à développer des grilles de lecture innovantes pour comprendre les dynamiques de puissance modernes, notamment face à l’influence des GAFAM et aux nouvelles formes de confrontation économique.
Le centre mène des recherches appliquées, organise des séminaires, produit des podcasts et publie des études de cas.