
La rareté du consensus impose des approches relativisées
Dans le meilleur des mondes, la prévention consiste à transformer une situation pour réduire les vulnérabilités et for-
ger des résiliences, et la transformation à mener fait l’objet d’un consensus.
En pratique, il est fréquent que ce consensus n’existe pas : chacun souhaite une transformation différente, et une transformation considérée comme bénéfique par l’un peut être considérée comme dommageable par un autre.
Un exemple simple suffit à illustrer ce problème : la lutte contre le réchauffement climatique. Ce qui mène à considérer non pas seulement une situation, mais aussi un ensemble de différentes observations de cette situation et de différentes transformations souhaitées, possiblement antagoniques.
C’est ce que les Cindyniques Relativisées appellent un "spectre de situations relatives " puisque les perceptions de la situation réelle et les transformations souhaitées sont subjectives, donc relatives. Et c’est précisément de cette re- lativisation que les Cindyniques Relativisées tirent leur nom.
ger des résiliences, et la transformation à mener fait l’objet d’un consensus.
En pratique, il est fréquent que ce consensus n’existe pas : chacun souhaite une transformation différente, et une transformation considérée comme bénéfique par l’un peut être considérée comme dommageable par un autre.
Un exemple simple suffit à illustrer ce problème : la lutte contre le réchauffement climatique. Ce qui mène à considérer non pas seulement une situation, mais aussi un ensemble de différentes observations de cette situation et de différentes transformations souhaitées, possiblement antagoniques.
C’est ce que les Cindyniques Relativisées appellent un "spectre de situations relatives " puisque les perceptions de la situation réelle et les transformations souhaitées sont subjectives, donc relatives. Et c’est précisément de cette re- lativisation que les Cindyniques Relativisées tirent leur nom.
La vision stratégique repose sur la compréhension de l’autre
Ces modèles relativisés décrivent non pas seulement un système d’acteurs, mais un système d’acteurs qui sont eux
aussi des observateurs : un spectre de situations relatives n’est ni plus ni moins qu’une vision stratégique des acteurs
observateurs en présence, des différentes transformations souhaitées, planifiées ou en cours, et des différentes perceptions qui sous-tendent ces transformations. Ces modèles favorisent la capacité à se mettre à la place de l’autre, à le comprendre, et l’absence de cette capacité constitue une faiblesse.
Cet autre n’est pas forcément un ennemi : s’il est souvent dit “connais ton ennemi comme toi-même”, l’Art de la guerre dit plus précisément “connais l’autre, connais-toi ”. Et se mettre à la place de l’autre c’est aussi se donner la possibilité de réaliser qu’il peut devenir un allié, et c’est la base de la recherche du consensus et de la réduction des conflictualités.
aussi des observateurs : un spectre de situations relatives n’est ni plus ni moins qu’une vision stratégique des acteurs
observateurs en présence, des différentes transformations souhaitées, planifiées ou en cours, et des différentes perceptions qui sous-tendent ces transformations. Ces modèles favorisent la capacité à se mettre à la place de l’autre, à le comprendre, et l’absence de cette capacité constitue une faiblesse.
Cet autre n’est pas forcément un ennemi : s’il est souvent dit “connais ton ennemi comme toi-même”, l’Art de la guerre dit plus précisément “connais l’autre, connais-toi ”. Et se mettre à la place de l’autre c’est aussi se donner la possibilité de réaliser qu’il peut devenir un allié, et c’est la base de la recherche du consensus et de la réduction des conflictualités.
Les relativisations sont limitées par l’observation
Cette démarche de relativisation mène à comprendre des points de vue, et par exemple à prendre en compte des différences de valeurs : le plus souvent, des valeurs spécifiques à une culture sont compatibles avec les valeurs universelles, mais parfois elles ne le sont pas, par exemple lorsqu’elles se heurtent frontalement à l’égalité des genres, ou à la liberté de conscience. De même, différents acteurs ont différentes façons d’observer le réel : ils n’observent pas forcément la même topologie d’acteurs, ou n’ont pas les mêmes échelles d’analyse, ou n’observent pas les mêmes aspects d’une problématique. Toutes ces différences apparaissent lors de l’analyse soit à partir des sources disponibles, soit lors du dialogue direct avec les acteurs.
Mais si la prise en compte de toutes ces perceptions subjectives et relatives du réel est une nécessité qui suppose l’abandon d’éventuels parti-pris, il peut arriver que l’observation directe d’une situation montre sans le moindre doute que la description du réel par un acteur donné n’est pas compatible avec les faits, ce qui s’observe constamment dans le domaine de la guerre des perceptions, mais aussi fréquemment dans d’autres domaines.
Mais si la prise en compte de toutes ces perceptions subjectives et relatives du réel est une nécessité qui suppose l’abandon d’éventuels parti-pris, il peut arriver que l’observation directe d’une situation montre sans le moindre doute que la description du réel par un acteur donné n’est pas compatible avec les faits, ce qui s’observe constamment dans le domaine de la guerre des perceptions, mais aussi fréquemment dans d’autres domaines.
Prophylaxie du réel : prendre le risque de dire ce qui n’est parfois pas agréable à entendre
Par exemple : dans le cadre d’un projet autoroutier, des acteurs se plaignent d’un enclavement, mais l’observation di-
recte montre que les axes routiers existants sont en réalité sous-utilisés. Ou encore, un rapport indique que dans le cas
du neuropalu (forme sévère du paludisme, en trois étapes : convulsions, coma, mort), les anti-palus sont gratuits dans
tel pays africain.
Mais sur place, vous observez que lors de l’admission aux urgences d’une enfant pour un neuropalu, la première chose qui est demandée aux parents pendant qu’elle convulse est d’aller payer 20 000 CFA, qu’ils n’ont pas. Il est évident, voire trivial, que la relativisation des perceptions s’arrête là, face à une réalité observée, indéniable, qu’il va falloir dire : dans ce cas, cette observation directe doit primer et l’analyste ne doit pas se contenter de décrire une simple disparité de perception entre lui et un autre observateur, mais aussi montrer que le discours de ce dernier n’est manifestement pas compatible avec les faits, ce qui, accessoirement, pourrait être diversement apprécié.
Cela mène à un risque image pour le risk manager ou le cindynicien – et c’est ce qui fait le sel de leurs disciplines – mais à l’ère de la post-vérité, même si elle nécessite une prise de risque, cette démarche prophylactique est devenue une nécessité.
En un mot comme en cent : la capacité à comprendre l’autre n’a jamais eu pour vocation de laisser passer la négation du réel observé en toute impunité.
recte montre que les axes routiers existants sont en réalité sous-utilisés. Ou encore, un rapport indique que dans le cas
du neuropalu (forme sévère du paludisme, en trois étapes : convulsions, coma, mort), les anti-palus sont gratuits dans
tel pays africain.
Mais sur place, vous observez que lors de l’admission aux urgences d’une enfant pour un neuropalu, la première chose qui est demandée aux parents pendant qu’elle convulse est d’aller payer 20 000 CFA, qu’ils n’ont pas. Il est évident, voire trivial, que la relativisation des perceptions s’arrête là, face à une réalité observée, indéniable, qu’il va falloir dire : dans ce cas, cette observation directe doit primer et l’analyste ne doit pas se contenter de décrire une simple disparité de perception entre lui et un autre observateur, mais aussi montrer que le discours de ce dernier n’est manifestement pas compatible avec les faits, ce qui, accessoirement, pourrait être diversement apprécié.
Cela mène à un risque image pour le risk manager ou le cindynicien – et c’est ce qui fait le sel de leurs disciplines – mais à l’ère de la post-vérité, même si elle nécessite une prise de risque, cette démarche prophylactique est devenue une nécessité.
En un mot comme en cent : la capacité à comprendre l’autre n’a jamais eu pour vocation de laisser passer la négation du réel observé en toute impunité.
Pascal Cohet est le concepteur des Cindyniques Relativisées, qui permettent une approche transversale, transdisciplinaire, trans-sectorielle, trans-culturelle, trans-domaines des situations complexes, où les problématiques de risque, conflit et développement sont intriquées.
Sa démarche s’appuie sur une diversité de domaines parcourus: architecture réseaux, neurosciences, société de l’information, relations institutionnelles et influence législative. Il considère les réalités opérationnelles comme incontournables lors des démarches de conceptualisation, et l’extension des concepts et modélisations cindyniques qu’il propose repose notamment sur son expérience de l’Afrique de l’Ouest et de la lutte informationnelle.
IFREI.ORG
Epistemic Risk, Reputational Risk and Perception Warfare.