Campus & Métiers

LAWFARE, extraterritorialité, et conflictualités dans l’espace économique : Olivier de MAISON ROUGE nous décrypte la nouvelle formation en intelligence juridique au sein de l’EGE.


Jacqueline Sala




Olivier de Maison Rouge, vous avez développé dans votre précédent article  - Création du MBA Management Stratégique & Intelligence Juridique a l’EGE - toutes les logiques qui justifient la création d’un MBA Intelligence Juridique a l’EGE. Pouvez-vous maintenant répondre a ces  questions ?
 

Vous êtes le créateur et le responsable pédagogique de ce MBA ? Pourquoi avoir choisi l’EGE ?

J’enseigne à l’EGE depuis près de 10 ans désormais, notamment le droit de l’intelligence économique, l’éthique des affaires et le droit de la cybersécurité. L’EGE possède un fort savoir-faire éprouvé et réputé en matière d’intelligence économique, notamment avec sa grille de lecture de la guerre informationnelle. En parallèle, j’interviens de manière ponctuelle à l’IHEDN et à l’Ecole Nationale de la Magistrature (ENM), où je suis directeur de formation en intelligence économique.
 
Dès lors, j’ai senti depuis les affaires BNP PARIBAS, ALSTOM ou encore AIRBUS une appétence sur les sujets juridiques présents au cœur de la guerre économique. Ce sont autant des défaites qui ont mis en évidence ce que l’on nomme désormais le lawfare, à savoir l’instrumentalisation du droit, l’extraterritorialité du droit, le contournement des règles comme armes de conflictualité économique.
 
C’est pourquoi je me suis naturellement tourné vers Christian Harbulot et Charles Pahlawan pour créer cette nouvelle formation transverse en ce qu’elle intègre à la fois des cours de droit, abordés sous l’angle de la stratégique juridique, et des méthodes directement issues de l’intelligence économique.
 

Concrètement, quand ce MBA va-t-il démarrer ? Quelles sont les conditions pour y participer ? Quelle en sera la durée ? Uniquement en présentiel ou aussi distance ?

Les inscriptions sont d’ores et déjà ouvertes sur le site de l’EGE . Les cours débuteront en octobre 2024, en présentiel exclusivement.
 
Ce MBA qui délivre le titre RNCP d’Expert en intelligence économique se décline sous deux formats :
- une formation initiale (SIJ) en alternance ouverte aux étudiants en droit en fin de parcours universitaire, titulaires d’un master 2,
- mais aussi une formation executive (MSIJ) qui s’adresse aux professionnels du droit (avocats, juristes d’entreprise, notaires, magistrats, conseils en propriété industrielle, déontologues, etc.)
- et plus largement aux praticiens de la l’intelligence économique et stratégique qui souhaitent acquérir un bagage juridique.
 
La formation s’écoule sur 12 mois, intégrant des enseignements théoriques mais aussi des exercices pratiques.
 

Quelles sont vos cibles ? Quels sont les publics adressés ?

Le MBA Exécutive Management Stratégique et Intelligence Juridique est un programme d’enrichissement juridique avec une approche résolument économique et stratégique.
 
Il s’adresse naturellement aux professionnels du droit, de la conformité, de l’éthique et de la déontologie, de l’administration et de la finance qui souhaitent se doter de compétences nouvelles avec l’ambition de faire évoluer la pratique de leur métier.
 
Cette formation est également accessible en alternance et s’adresse aux étudiants en fin de parcours de droit (SIJ).
 
Ces nouveaux diplômés pourront se positionner comme
interlocuteur privilégié en matière de décision stratégique et juridique.

Pouvez-vous nous donner les grandes lignes du contenu ?

Le programme a été pensé – avec une équipe pluridisciplinaire sur laquelle je me suis appuyé – autour de 7 grands modules, intégrant les enjeux et préoccupations contemporains :
 
1er module : l’apprentissage des techniques d’intelligence économique appliquée au droit : OSINT, due diligence, renseignement d’origine humaine, etc. autrement dit les fondamentaux déclinés dans la sphère juridique.
2ème module : le management juridique de l’information, dès lors que ce matériau incorporel constitue l’élément de base de la guerre informationnelle, au cœur des enjeux de l’intelligence économique.
Le 3ème module traite des aspects de gouvernance et de protection de l’information selon les classifications juridiques, les voies de recours etc.
4ème module : il s’agit des stratégies d’influence et de communication juridique, que ce soit la fabrique de la Loi, comme la réputation, négative ou positive, et les actions juridiques comme la diffamation, le dénigrement, la désinformation etc.
Le 5ème module aborde les questions de risques et conformité, intégrant les éléments du lawfare et les contre-mesures juridiques notamment, mais aussi le pénal des affaires.
Le 6ème module s’articule autour du cyberespace avec les questions de souveraineté numérique, traitement de la donnée, intelligence artificielle, cryptomonnaies, etc.
Enfin, le 7ème module s’attache à apporter une lecture géopolitique des ensembles juridiques systémiques américains, chinois, russes, etc.
 

Quels sont les enseignants ou intervenants déjà pressentis ?

Fidèle à la vocation de l’EGE, nous comptons beaucoup de praticiens en exercice : juristes d’entreprise, avocats, acteurs de l’intelligence économique, magistrat, etc. Car notre démarche s’inscrit conformément aux attentes des employeurs à savoir un diplôme de formation à dominante économique, comme celui délivré par l’EGE, en complément d’un parcours juridique, et surtout avec une ouverture résolument professionnalisante.
 
Mais nous nous appuyons aussi sur des grands professeurs agrégés reconnus
dans leur domaine, apportant tout à la fois une signature et un corpus valorisants.

Avez-vous d’autres remarques pour compléter ces informations ?

Je répète à l’envi aux étudiants et auditeurs que je côtoie que le droit n’est pas une fin en soi. Tout juriste bien calibré sorti de la faculté sait traiter les matières juridiques dont il est investi. C’est le minimum syndical.
 
Avec cette formation, il s’agit d’apporter un supplément d’âme en ce que l’EGE forme des cadres – dorénavant juridiques – rompus aux crises et conflits économiques contemporains, avec une lecture à 360°. Ce faisant, nos futurs diplômés sauront intégrer à leurs analyses juridiques des éléments financiers, commerciaux, des techniques de collecte de l’information, d’anticipation, etc. plus largement tout ce qui contribue à la connaissance de l’environnement d’un acteur économique.

Olivier de Maison Rouge, merci.

Olivier de MAISON ROUGE – Lex-Squared

Avocat (domaines de compétences : numérique, protection des données, secret des affaires, intelligence stratégique et sécurité économique, droit des affaires, protection du patrimoine informationnel).
Membre associé www.lex-squared.com
Docteur en droit. Diplômé de Sciences politiques. Auteur, enseignant.
Professeur associé à l’Ecole de Guerre Economique (EGE), directeur de programme du MBA Management stratégique et intelligence juridique, intervenant régulier à l’IHEDN et à l’Ecole Nationale de la Magistrature (ENM) où il est directeur de formation sur l’intelligence juridique et la protection du secret des affaires.
Membre du comité d’éthique du syndicat français de l’intelligence économique (SYNFIE). Coprésident de la commission Renseignement et sécurité économique de l’ACE (Avocats conseils de l’entreprise) et rédacteur en chef de la revue du syndicat.
Ancien rapporteur du Groupe de travail (Ministère de l’Economie et des Finances / SISSE) sur la transposition de la directive n°2016/943 du 8 juin 2016 sur le secret des affaires.
 
Ayant été amené au cours de sa carrière à défendre des entreprises confrontées aux tentatives d’espionnage économique et ingérences économiques (notamment pillage technologique), il a développé une véritable doctrine en matière de contre-mesures juridiques et de protection du patrimoine informationnel. Il est ainsi un des spécialistes de la sécurité des actifs incorporels et de leur valorisation.
Il contribue ainsi à l’élaboration de références et standards en matière de sécurité économique et de souveraineté en matière d’informations sensibles.