Comment la CIA peut-elle s'adapter à un monde multipolaire ?
Loin de se limiter à une chronique d’opérations clandestines, il interroge la capacité de l’agence à s’adapter à un monde fragmenté, où la menace ne se résume plus à un adversaire unique mais à une constellation mouvante de risques.
Dilemmes éthiques et politiques
Mais il explore aussi les dilemmes éthiques et politiques auxquels sont confrontés ses dirigeants, pris entre la nécessité de protéger la sécurité nationale et la tentation de franchir les lignes rouges de la légalité.
Tim Weiner esquisse une réflexion plus large sur le rôle du renseignement dans les démocraties modernes, sur ses limites et sur ses dérives possibles.
Avec ce livre dense et incisif, l’auteur propose bien plus qu’une enquête : une plongée dans les coulisses d’un pouvoir invisible, dont les décisions influencent la marche du monde sans toujours rendre de comptes.
A propos de Tim Weiner
Tim Weiner, né en 1956 à New York, est un journaliste et écrivain américain spécialisé dans le renseignement et la sécurité nationale. Lauréat du prix Pulitzer en 1988 pour ses enquêtes sur les budgets secrets du Pentagone et de la CIA, il a longtemps travaillé comme correspondant au New York Times. Son ouvrage Legacy of Ashes (Des cendres en héritage), consacré à l’histoire de la CIA, lui a valu le National Book Award en 2007. Auteur de plusieurs enquêtes de référence, il s’impose comme l’un des grands historiens contemporains des services secrets américains.
A noter. Relations entre Donald Trump et la CIA. "Le grand ménage"
Dès 2016, Donald Trump a affiché sa méfiance envers la communauté du renseignement, qu’il accusait de nourrir l’« État profond » et de chercher à miner sa légitimité. Contestant les conclusions de la CIA sur l’ingérence russe dans l’élection présidentielle, il a instauré un climat de suspicion inédit entre la Maison-Blanche et Langley. Son rapport quotidien de renseignement, le President’s Daily Brief, a souvent été relégué au second plan, remplacé par des briefings espacés et adaptés à son style direct, ce qui a accentué la distance avec ses analystes.
De retour au pouvoir en 2025, Trump a franchi une étape supplémentaire en lançant un vaste plan de départs volontaires et en gelant les recrutements, une mesure perçue comme une purge visant à remodeler l’agence selon ses priorités. Cette volonté de « grand ménage » s’inscrit dans une stratégie plus large de reprise en main des institutions, où la CIA est à la fois un outil indispensable et un contre-pouvoir redouté.
La relation reste marquée par une ambivalence constante : Trump valorise l’agence lorsqu’elle conforte ses positions, mais n’hésite pas à la contredire publiquement lorsqu’elle nuance ses affirmations, comme sur l’efficacité des frappes contre le programme nucléaire iranien. Ce bras de fer illustre une fracture durable entre la présidence et les services de renseignement américains, révélant les tensions entre logique politique et expertise stratégique.