
Pour Kirsten Wild, doctorante au CEREGE de l’université de Poitiers, cette mutation de la conflictualité mérite qu’on sorte des schémas traditionnels de la guerre pour en saisir les mécanismes et anticiper les ripostes.
Dans un monde où chaque flux de données peut se transformer en champ de bataille, la désinformation s’impose comme une arme stratégique au service d’États et d’acteurs non étatiques. Plutôt que de frapper physiquement, elle s’immisce dans les esprits, fragilise les démocraties et bouleverse les équilibres internationaux.
Pour Kirsten Wild, doctorante au CEREGE de l’université de Poitiers, cette mutation de la conflictualité mérite qu’on sorte des schémas traditionnels de la guerre pour en saisir les mécanismes et anticiper les ripostes.
Source : revue Diplomatie.
Pour Kirsten Wild, doctorante au CEREGE de l’université de Poitiers, cette mutation de la conflictualité mérite qu’on sorte des schémas traditionnels de la guerre pour en saisir les mécanismes et anticiper les ripostes.
Source : revue Diplomatie.
Une stratégie d’influence insaisissable
Selon Kirsten Wild, la désinformation ne se contente pas de diffuser des fausses nouvelles : elle orchestre des récits concurrents qui fragmentent le champ de l’opinion publique. Chaque message ciblé s’appuie sur les vulnérabilités informationnelles des individus, de leurs biais cognitifs à leur soif d’émotion. L’objectif n’est pas forcément de promouvoir un mensonge unique, mais de semer suffisamment le doute pour paralyser la prise de décision politique ou créer des fractures sociales irréversibles.
Les nouveaux champs de bataille
Au cours des dernières années, on a vu émerger des opérations de grande envergure visant à influencer les élections, orienter les négociations diplomatiques ou fragiliser les alliances régionales.
Des campagnes russes ont cherché à semer la discorde au cœur de l’Union européenne, tandis que certains acteurs asiatiques ont diffusé des narratifs destinés à gagner en influence sur le continent africain. Dans cet univers, l’anonymat et la difficile attribution des attaques confèrent un double avantage : la possibilité de nier toute implication et la capacité de prolonger l’assaut sans jamais franchir la ligne rouge d’un conflit ouvert.
Des campagnes russes ont cherché à semer la discorde au cœur de l’Union européenne, tandis que certains acteurs asiatiques ont diffusé des narratifs destinés à gagner en influence sur le continent africain. Dans cet univers, l’anonymat et la difficile attribution des attaques confèrent un double avantage : la possibilité de nier toute implication et la capacité de prolonger l’assaut sans jamais franchir la ligne rouge d’un conflit ouvert.
La réponse ne peut se réduire à la censure ou à la réglementation des plateformes numériques. Elle prône avant tout le développement d’une résilience cognitive au sein des sociétés. Il s’agit de renforcer l’éducation aux médias dès le plus jeune âge, d’inciter les citoyens à questionner leurs propres certitudes et de promouvoir une culture du doute salutaire.
Dans le même temps, les diplomates et les responsables politiques doivent coordonner leurs efforts pour établir des cadres de transparence et de responsabilité dans l’écosystème numérique mondial.
De la recherche à l’action
L’originalité du travail de Kirsten Wild réside dans son ancrage à la fois théorique et opérationnel. Forte de son expérience dans le renseignement militaire allemand, elle met en regard les concepts académiques de la guerre informationnelle et les retours d’expérience des services de sécurité.
Cette double approche permet de dégager des recommandations pragmatiques, qu’il s’agisse de méthodes d’attribution des campagnes malveillantes ou de dispositifs de coopération internationale pour partager les contre-mesures.
Cette double approche permet de dégager des recommandations pragmatiques, qu’il s’agisse de méthodes d’attribution des campagnes malveillantes ou de dispositifs de coopération internationale pour partager les contre-mesures.
La géopolitique de la désinformation illustre le passage d’un monde où les armes lourdes régissaient les conflits à un univers où chaque smartphone devient un vecteur de pouvoir.
Le véritable champ de bataille se trouve désormais dans le récit partagé par les communautés.
Grâce aux travaux de chercheurs comme Kirsten Wild, nous commençons à cartographier cet horizon stratégique inédit.
Mais c’est à l’échelle de chaque citoyen que se jouera l’issue de cette guerre silencieuse : en choisissant de ne pas céder au premier message venu et en préservant la capacité collective à penser par soi-même.
Le véritable champ de bataille se trouve désormais dans le récit partagé par les communautés.
Grâce aux travaux de chercheurs comme Kirsten Wild, nous commençons à cartographier cet horizon stratégique inédit.
Mais c’est à l’échelle de chaque citoyen que se jouera l’issue de cette guerre silencieuse : en choisissant de ne pas céder au premier message venu et en préservant la capacité collective à penser par soi-même.