Le livre insiste particulièrement sur l’essor du libertarianisme et sur les implications profondes qu’il peut avoir, surtout dans le cadre du second mandat de Donald Trump, toile de fond politique de cette mutation radicale de l’appareil étatique.
Le podcast associé au livre s’intitule Les oligarques de la Silicon Valley, anatomie d’un pouvoir sans limite. Il est diffusé par France Inter et réalisé par Thomas Snégaroff et Philippe Corbé, les mêmes auteurs que le livre.
les trajectoires de ces nouveaux maîtres du jeu
Le second mandat de Donald Trump s’ouvre dans une atmosphère de captation brutale du pouvoir étatique par une poignée d’hommes aux ambitions démesurées. Autour du président, les magnats de la tech — Peter Thiel, Elon Musk, Mark Zuckerberg, Jeff Bezos — ne se contentent plus d’influencer : ils gouvernent par procuration.
L’argent et la politique ont toujours été liés aux États-Unis, depuis les barons de l’industrie du XIXe siècle. Mais ce qui se joue aujourd’hui dépasse les logiques de connivence : c’est une prise d’ascendant intellectuel, idéologique et structurel sur l’État lui-même.
Dans leur enquête, Thomas Snégaroff et Philippe Corbé dissèquent les trajectoires de ces nouveaux maîtres du jeu. Loin du simple constat, leur ouvrage révèle les ressorts profonds d’un pouvoir privé qui redéfinit les règles démocratiques selon une vision libertarienne, élitiste et souvent radicale.
Retours sur toute une histoire : les figures historiques ...
Au XIXe siècle, Rockefeller, Carnegie et J.P. Morgan ont érigé l’argent en bras armé du pouvoir, détournant la démocratie au profit d’une vision racialiste de l’Amérique. Leur empire financier a dessiné les contours d’un capitalisme sans scrupule, dont les dérives résonnent encore aujourd’hui.
Peter Thiel surgit comme l’idéologue libertarien de la Silicon Valley, premier pourvoyeur de fonds de Trump. Son projet s’inscrit à l’intersection de la technologie et du pouvoir politique, là où l’élitisme radical façonne les corridors du monde décisionnel.
Elon Musk, messie autoproclamé, se promène entre transhumanisme et conquête spatiale pour réécrire le destin de l’humanité. Son influence déborde l’économie : elle polarise les débats sur la liberté d’expression, l’intelligence artificielle et l’avenir de la planète.
Jeff Bezos, quant à lui, opère dans l’ombre avec la même efficacité mécanique que son algorithme : propriétaire d’Amazon et de Blue Origin, acquéreur du Washington Post, il orchestre en silence la fusion des récits médiatiques et du pouvoir politique.
Mark Zuckerberg, longtemps auréolé de progressisme, renverse sa boussole idéologique. Depuis 2025, son virage vers la célébration d’une masculinité virile et la suppression de toute modération sur Meta résonne comme un écho trumpiste, faisant de ses plateformes un levier vertigineux sur la moitié de l’humanité.
Au cœur de cette toile, le président ne commande plus : il exécute les volontés de la tech-oligarchie. Dans ce renversement inédit, la Maison-Blanche devient le prolongement d’intérêts privés.
J.D. Vance, vice-président de Trump, incarne la mèche allumée du nationalisme chrétien. Porte-voix radical et conservateur, il incarne la jonction entre idéologie religieuse et techno-pouvoir, franchissant un nouveau palier dans la fusion du politique et de la technologie.
Comment les milliardaires américains imposent leur vision au mond e
Flash back...
Dans l’écosystème des géants technologiques, Musk, Bezos, Thiel et Zuckerberg ne se contentent pas de régner sur leurs empires numériques. Ils orchestrent un réseau dense où se mêlent think tanks, fondations philanthropiques, clubs privés et cabinets de lobbying, tissant des alliances stratégiques lors de conférences feutrées et de dîners off-the-record.
Leur influence s’illustre d’abord par des dons massifs aux universités et aux comités d’action politique, entièrement tracés dans la sphère publique, et par des partenariats officiels avec les institutions : salons professionnels, missions économiques et grands rendez-vous internationaux. Mais derrière cette façade transparente, l’argent circule aussi en coulisse via des véhicules financiers opaques, prêts interpersonnels non déclarés ou structures offshore, qui garantissent aux oligarques un degré de discrétion absolu.
Dans l’ombre, des organisations classées “à but non lucratif” servent d’écran à la dark money, finançant des consultants invisibles et alimentant des groupes de réflexion dont les travaux restent invisibles du grand public. Les clubs ultra-secrets comme Bohemian Grove et Nexus réunissent des élites de plusieurs générations dans un pacte tacite où le secret devient une monnaie d’échange aussi précieuse que le capital lui-même.
Les think tanks constituent le relais intellectuel de cette machine d’influence : leurs rapports et livres blancs impriment leur marque dans les textes de loi et dans les grandes rédactions favorables au libre-marché. À cela s’ajoutent les programmes de fellowships qui attirent les futurs décideurs politiques et journalistes, leur offrant un accès privilégié aux idées de l’oligarchie. Les plateformes numériques, exploitées par les magnats, orientent enfin le débat public à travers des algorithmes de recommandation calibrés et des financements ciblés de podcasts ou de newsletters.
Pour décrypter cet engrenage, il faut recouper les bases de données publiques de la commission électorale avec les bilans financiers des fondations, mener des enquêtes sur les circuits de dark money lors des dernières échéances et plonger dans les publications des think tanks emblématiques pour comprendre comment leurs propositions se transforment en lois.
Ainsi se dévoile la mécanique par laquelle l’argent et les idées convergent pour façonner les contours du pouvoir contemporain.