Intelligence des risques

Lutte contre la corruption 2025-2029. Publication du plan national pluriannuel.


Jacqueline Sala
Vendredi 21 Novembre 2025


Le gouvernement vient de dévoiler son plan national pluriannuel de lutte contre la corruption pour la période 2025-2029, une feuille de route qui se veut à la fois ambitieuse et pragmatique. Ce document marque une étape importante dans la volonté des autorités de renforcer la transparence de la vie publique et de consolider la confiance des citoyens dans les institutions.



Adopté le 14 novembre 2025, le plan gouvernemental présente un ensemble de 36 mesures destinées à renforcer la protection et l’accompagnement des administrations, des collectivités et des entreprises face aux atteintes à la probité. Il met particulièrement l’accent sur la prévention des risques liés à la criminalité organisée, soulignant la volonté des autorités de conjuguer transparence et vigilance dans tous les secteurs concernés.

 

Objectifs

Le plan national pluriannuel de lutte contre la corruption 2025-2029 mérite une lecture critique, car il s’inscrit dans une tradition de grandes annonces politiques où l’ambition affichée doit être confrontée à la réalité des moyens et des résultats.
Le rapport met en avant une approche globale, qui combine prévention, contrôle et sanction, avec l’objectif de réduire les zones d’opacité dans l’action publique et dans les relations entre l’État, les collectivités et le secteur privé.

Il insiste sur la nécessité d’une coopération accrue entre les différentes administrations, les autorités judiciaires et les organismes indépendants, afin de garantir une réponse cohérente et efficace face aux pratiques frauduleuses.

Les défis à relever

D’abord, la volonté de renforcer la transparence et la coopération institutionnelle est louable, mais elle se heurte à un obstacle récurrent : la fragmentation des acteurs. Multiplier les instances de contrôle et les dispositifs de suivi peut créer une bureaucratie lourde, où la dilution des responsabilités finit par affaiblir l’efficacité. La question centrale reste donc celle de la coordination et de l’indépendance réelle des organes chargés de surveiller les pratiques.

Ensuite, le plan insiste sur la prévention et la culture de l’éthique. Or, l’expérience montre que les campagnes de sensibilisation et les codes de conduite ne suffisent pas à enrayer des comportements profondément enracinés. Sans mécanismes de sanction rapides et exemplaires, la prévention risque de demeurer un discours symbolique. La crédibilité du plan dépendra de sa capacité à traduire les principes en actes concrets, visibles et mesurables.

L’ouverture vers la société civile est une avancée, mais elle pose la question de l’accès à l’information. Les ONG et les citoyens ne peuvent jouer un rôle de vigie que si les données publiques sont réellement accessibles, compréhensibles et exploitables. Or, la transparence proclamée reste souvent limitée par des barrières techniques ou juridiques.

L'inscription dans la durée, avec des objectifs chiffrés et un suivi régulier, est une promesse forte.

Mais elle suppose une volonté politique constante, au-delà des alternances et des pressions économiques. L’histoire des plans anticorruption montre que la continuité est rarement assurée : les priorités changent, les moyens se réduisent, et les résultats s’érodent.

Ce plan 2025-2029 apparaît comme une étape nécessaire, mais il ne sera crédible que s’il parvient à dépasser le stade des intentions pour instaurer une véritable culture de responsabilité. La lutte contre la corruption ne se gagne pas par des textes, mais par des actes répétés, des sanctions effectives et une transparence vécue au quotidien.

Passer aux actes

Conçu comme une réponse aux attentes de transparence et d’intégrité, ce programme entend renforcer les mécanismes de contrôle, promouvoir une culture de l’éthique et associer la société civile à la surveillance des pratiques publiques.
Une stratégie ambitieuse, mais dont la réussite dépendra de sa capacité à dépasser les déclarations d’intention pour s’ancrer dans des actions concrètes et durables.

Pour aller plus loin AFA

Lutte contre la corruption 2025-2029. Publication du plan national pluriannuel.
​AFA. La sous-direction du conseil, de l’analyse stratégique et des affaires internationales mène des actions destinées à améliorer la connaissance du phénomène corruptif et à la diffuser auprès des acteurs économiques comme publics. Elle assure l’enrichissement du référentiel national anticorruption, notamment par l’élaboration et l’actualisation des recommandations et la publication de guides pratiques destinés à faciliter la prévention et la détection les faits de corruption, de trafic d’influence, de concussion, de prise illégale d’intérêts, de détournement de fonds publics et de favoritisme. Elle sensibilise, forme et accompagne l’ensemble de ces acteurs et peut, à leur demande, leur apporter un appui technique conformément à l’article 3 de la loi n°2016-1691 du 9 décembre 2016 (loi dite Sapin 2).