Communication & Influence

Mais où se cache l’influence ?

Par Anna Oualid, Directrice conseil e-réputation, PublicisConsultants.fr, MSLGroup.com


Jacqueline Sala


Dans ma vie d’analyste, j’ai entendu 1001 façons de définir et de calculer l’« influence ». Les acteurs du secteur ont tous une définition bien précise du vocable tout en restant persuadés qu’elle est la même pour tout le monde. La question « qu’entendez-vous par influence ? » est un des leitmotivs lors des rendez-vous professionnels lorsqu’il s’agit d’e-réputation.



Comment analyser l’influence ?

En psychologie, l’influence peut être assimilée à un pouvoir de prescription exercée sur un tiers. Pour analyser l’influence d’une personnalité, il faudra évidemment tenir compte de sa notoriété. Rien de surprenant en effet, de voir les ventes de friteuse Seb exploser après un tweet très positif d’Oprah Winfrey en février dernier.
Mais qu’en est-il lorsque l’émetteur est peu connu voire anonyme ? En septembre 2013, c’est l’affaire du « bijoutier de Nice ». Un inconnu crée une page Facebook de soutien qui réunit en quelques jours plus de 1 600 000 fans et obtient une couverture de la presse nationale. Comment peut-on expliquer ce succès ? Quelle mécanique s’est mise en marche ?


Il n’y a pas d’influence, il n’y a que des preuves d’influence

Bien qu’il soit impossible de prédire un tel succès, quelques modèles et quelques acquis permettent d’anticiper une partie de ces phénomènes : les analystes savent bien que dans certaines configurations et lorsque certains facteurs clés sont réunis, l’information risque d’avoir un impact important.
Par exemple, un internaute suivi par 3000 personnes sur Twitter et publiant un contenu un caractère polémique (les internautes étant toujours plus friands à relayer des informations négatives) sera susceptible de trouver une résonance importante en ligne. Mais ces éléments ne sont pas suffisants pour le garantir.


L’analyste doit réunir un faisceau d’indices


Il faut donc chercher, réunir des preuves de l’influence, étudier au cas par cas les phénomènes médiatiques similaires. C’est tout un faisceau d’indices que l’analyste doit identifier pour démontrer le potentiel d’une information. Il s’agira par exemple de recueillir le nombre de partages sur les réseaux sociaux, d’étudier la popularité de l’émetteur, l’aspect affinitaire, la volumétrie de publications autour d’un sujet et la vitesse de diffusion de ce même sujet.

Il serait trop long de passer en revue chacun de ces indicateurs, tous perfectibles, partiels… La vitesse de diffusion est la valeur qui ressort pourtant, c’est à notre sens la moins contestable dans le sens où c’est elle qui vient confirmer ou infirmer l’intuition de l’analyste.

Car l’intuition est la faculté que les analystes doivent nourrir. A force d’observer ces phénomènes, de tabler sur des audiences, de définir des seuils, de jouer sur des prédictions, cette aptitude se développe et s’affine. C’est elle qui permettra, in fine, de mieux analyser l’influence et d’en dessiner les contours.