Produire massivement des technologies « vertes » mais aussi numériques avec des énergies fossiles crée un paradoxe dangereux.
Nous ne fabriquons pas les panneaux solaires ou les éoliennes du monde avec de l'énergie solaire ou éolienne.
Au coude à coude avec le nombre de réacteurs français mais pas le même nombre d'habitants ...), l"électricité d'origine nucléaire de la Chine ne dépasse pas 5 %, de son mix énergétique, loin des 70% français (et 18% américains).
Produire massivement des technologies « vertes » mais aussi numériques avec des énergies fossiles crée un paradoxe dangereux. D'où l'urgence de combiner innovations de rupture (même concernant les procédés d'extraction, de raffinage...), matériaux de substitution et progrès scientifiques avec sobriété, recyclage, réparation ... Sans cet équilibre, la transition pourrait échouer et de laisser aux générations futures un héritage ... celui des Céruliens *.
* Le peuple des Céruliens, c'est peut-être nous, la nouvelle génération où une autre civilisation. C'est volontairement un glissement du mot Céruléen qui veut d'un bleu profond et clair lié à la mer par exemple. L'idée est que chacun imagine à quoi il peut ressembler.
Les étoiles ont forgé les métaux. L’humanité les a concentrés. Les nouveaux venus en hériteront. La fin d’un monde peut être le début d’un autre.
Vue d'artiste - générée par l'intelligence artificielle - de ce à quoi pourrait ressembler la couche géologique de l'Anthropocène : une strate particulièrement brillante saturée de marqueurs métalliques (fer, cuivre, lithium, terres rares, etc.) témoignant de l'explosion de la commation de métaux "technologiques" par notre civilisation
Dans un futur lointain, une nouvelle civilisation découvre sous ses pas une couche géologique d’un genre inédit : la Croûte de Feu, vestige métallisé de l’humanité disparue.
Sans le savoir, les Anciens, en cherchant à sauver leur monde du changement climatique, ont concentré les métaux des étoiles dans leurs villes et leurs technologies « vertes » et « numériques » et impacté inéluctablement la planète . Et même l’intelligence artificielle n’a rien pu contre le changement climat, ni contre la fin de l’humanité.
Leur chute a offert aux nouveaux venus un trésor : la possibilité de bâtir une civilisation technologique harmonieuse, née des erreurs d’une autre, en consommant très peu d’énergie.
Sans le savoir, les Anciens, en cherchant à sauver leur monde du changement climatique, ont concentré les métaux des étoiles dans leurs villes et leurs technologies « vertes » et « numériques » et impacté inéluctablement la planète . Et même l’intelligence artificielle n’a rien pu contre le changement climat, ni contre la fin de l’humanité.
Leur chute a offert aux nouveaux venus un trésor : la possibilité de bâtir une civilisation technologique harmonieuse, née des erreurs d’une autre, en consommant très peu d’énergie.
La planète semblait paisible...
Quand les Céruliens arrivèrent sur Terre, la planète semblait paisible. Les forêts avaient reconquis les plaines, les océans s’étaient purifiés, et nulle lumière artificielle ne troublait plus la nuit. Pourtant, sous leurs pieds, la Terre racontait une autre histoire — celle d’une espèce disparue, les Anciens, dont la trace se lisait dans la pierre comme un avertissement figé. Dans les profondeurs s’étendait une couche géologique singulière : un entrelacs brillant de cuivre, de silicium, de lithium, d’aluminium et de terres rares.
Ces métaux, concentrés à un degré inconcevable, formaient une veine planétaire qui serpentait sous les anciennes mégapoles : New York, Shanghai, Paris, Lagos… concentrés particulièrement sous les ruines de leurs anciennes métropoles avec leurs mégalithes de verre et d’acier effondrés, leurs montagnes industrielles de débris électroniques et de millions de véhicules fossilisés (…) réduits en poussière métallique. Tout s’était lentement sédimenté, transformé par le temps en une géologie neuve : la première strate entièrement humaine.
Les Céruliens l’appelèrent la Croûte de Feu.
Ces métaux, concentrés à un degré inconcevable, formaient une veine planétaire qui serpentait sous les anciennes mégapoles : New York, Shanghai, Paris, Lagos… concentrés particulièrement sous les ruines de leurs anciennes métropoles avec leurs mégalithes de verre et d’acier effondrés, leurs montagnes industrielles de débris électroniques et de millions de véhicules fossilisés (…) réduits en poussière métallique. Tout s’était lentement sédimenté, transformé par le temps en une géologie neuve : la première strate entièrement humaine.
Les Céruliens l’appelèrent la Croûte de Feu.
Ils avaient achevé le travail des étoiles
Les géologues céruliens y virent un paradoxe grandiose : les étoiles avaient mis des milliards d’années à forger ces atomes métalliques au cœur de leurs fournaises. A chaque supernova, elles avaient projeté dans l’espace des nuées d’or, de fer, de cuivre, de carbone, semant la matière et la vie des mondes futurs.
Les Céruliens comprirent alors que cette Croûte de feu n’était pas un simple vestige : c’était une œuvre cosmique achevée par des mains humaines. Les étoiles avaient créé la matière, l’humanité l’avais concentrée, au prix de son existence. En ce sens, ils avaient achevé le travail des étoiles.
Sur la petite planète bleue, les Anciens avaient passé des millénaires à les retrouver, les fondre, les purifier, les façonner, de l’âge de bronze à l’âge du silicium. Les Anciens avaient passé des millénaires à extraire ces métaux de roches presque stériles — quelques grammes arrachés à chaque tonne de pierre.
A l’apogée de leur histoire, au milieu du XXIe siècle, l’humanité a fini par concentrer ces métaux stellaires dans ces technologies les plus complexes : technologies bas-carbone, data centers, robots, aéronautique, défense ...Mais dans les ruines minéralisées de leurs cités, les nouveaux venus pouvaient désormais en récolter des centaines de grammes, parfois des kilos par tonne de sol, avec très peu d’énergie.
Les Céruliens comprirent alors que cette Croûte de feu n’était pas un simple vestige : c’était une œuvre cosmique achevée par des mains humaines. Les étoiles avaient créé la matière, l’humanité l’avais concentrée, au prix de son existence. En ce sens, ils avaient achevé le travail des étoiles.
Sur la petite planète bleue, les Anciens avaient passé des millénaires à les retrouver, les fondre, les purifier, les façonner, de l’âge de bronze à l’âge du silicium. Les Anciens avaient passé des millénaires à extraire ces métaux de roches presque stériles — quelques grammes arrachés à chaque tonne de pierre.
A l’apogée de leur histoire, au milieu du XXIe siècle, l’humanité a fini par concentrer ces métaux stellaires dans ces technologies les plus complexes : technologies bas-carbone, data centers, robots, aéronautique, défense ...Mais dans les ruines minéralisées de leurs cités, les nouveaux venus pouvaient désormais en récolter des centaines de grammes, parfois des kilos par tonne de sol, avec très peu d’énergie.
Pour les Céruliens, c’était une leçon.
La couche géologique la plus. sombre visible sur cette photo - riche en iridium - est la célèbre couche KT (Crétacé - Tertiaire). Epaisse de seulement quelques centimètres, elle marque la transition entre l'apparition des dinosaures et leur extinction. On peut l'observer partout sur la planète, notamment sur la place de Bidart, en France. (Photo prise par l'auteur).
En voulant sauver la planète, les Anciens avaient accéléré sa fièvre.
Pour échapper à leur propre destruction, ils avaient cru bon de verdir leur énergie — de remplacer le feu du charbon par le souffle du vent, la flamme du pétrole par la lumière du soleil.
Mais pour bâtir ces nouvelles machines du salut — panneaux solaires, batteries, éoliennes, réseaux électriques — il leur avait fallu extraire plus de métaux en trente ans qu’en tout le reste de l’Histoire de l’Humanité.
Et pour fondre ces minerais, les purifier, les transformer, ils n’avaient eu d’autre choix que d’utiliser ce qu’ils tentaient justement d’abandonner : le charbon, le gaz, le pétrole. Ainsi, plus ils croyaient se sauver, plus ils accéléraient la fin. Leur « transition énergétique » n’avait été qu’un mirage de pureté, une affaire de profit et de puissance déguisée en vertu. Des énergies dites propres, nées d’un sol noir de suie.
Quand la dernière calotte eut fondu et que les mers eurent englouti leurs continents, il ne resta d’eux qu’un silence de métal et de verre, scellé sous les sédiments du temps.
Pour échapper à leur propre destruction, ils avaient cru bon de verdir leur énergie — de remplacer le feu du charbon par le souffle du vent, la flamme du pétrole par la lumière du soleil.
Mais pour bâtir ces nouvelles machines du salut — panneaux solaires, batteries, éoliennes, réseaux électriques — il leur avait fallu extraire plus de métaux en trente ans qu’en tout le reste de l’Histoire de l’Humanité.
Et pour fondre ces minerais, les purifier, les transformer, ils n’avaient eu d’autre choix que d’utiliser ce qu’ils tentaient justement d’abandonner : le charbon, le gaz, le pétrole. Ainsi, plus ils croyaient se sauver, plus ils accéléraient la fin. Leur « transition énergétique » n’avait été qu’un mirage de pureté, une affaire de profit et de puissance déguisée en vertu. Des énergies dites propres, nées d’un sol noir de suie.
Quand la dernière calotte eut fondu et que les mers eurent englouti leurs continents, il ne resta d’eux qu’un silence de métal et de verre, scellé sous les sédiments du temps.
Les Céruliens comprirent alors …
Les Céruliens comprirent alors : sans le savoir, les Anciens leur avaient préparé la voie.
Ils avaient accompli, au prix d’une consommation d’énergie colossale, le travail le plus long et le plus coûteux du cosmos — purifier la planète de ses métaux, les concentrer, les amener à la surface. Une œuvre titanesque née de la démesure, mais dont les fruits permettraient à d’autres de vivre en harmonie., Ils purent bâtir ainsi leur civilisation sur l’héritage énergétique et minéral des disparus, en sachant que leur confort venait d’un sacrifice ancien.
Ce paradoxe fascinait les Céruliens :
Les Céruliens, eux, n’avaient nul besoin de creuser si profondément.
Grâce à ces couches minérales déjà raffinées, les Céruliens purent bâtir leur monde sans fonderie, sans feu, sans piller les entrailles de la Terre. L’énergie leur suffisait désormais pour façonner, non pour extraire. Ils développèrent rapidement des technologies d’une grande finesse, légères, transparentes, presque vivantes, et leur société s’épanouit sans blesser la planète.
De cette richesse géologique héritée, ils tirèrent des technologies sobres, transparentes, douces à la planète. Ils avaient appris la leçon que la Terre portait dans ses strates : la véritable énergie propre est celle qu’on n’a pas besoin d’extraire.
Et sur l’un des sites où reposait une ancienne métropole, sur les ruines minéralisées de l’humanité, ils érigèrent un monument : un dôme transparent, où reposait une plaque de cuivre gravée d’un seul mot, hérité d’une langue morte :
« Souviens-toi. »
Ils avaient accompli, au prix d’une consommation d’énergie colossale, le travail le plus long et le plus coûteux du cosmos — purifier la planète de ses métaux, les concentrer, les amener à la surface. Une œuvre titanesque née de la démesure, mais dont les fruits permettraient à d’autres de vivre en harmonie., Ils purent bâtir ainsi leur civilisation sur l’héritage énergétique et minéral des disparus, en sachant que leur confort venait d’un sacrifice ancien.
Ce paradoxe fascinait les Céruliens :
Les Céruliens, eux, n’avaient nul besoin de creuser si profondément.
Grâce à ces couches minérales déjà raffinées, les Céruliens purent bâtir leur monde sans fonderie, sans feu, sans piller les entrailles de la Terre. L’énergie leur suffisait désormais pour façonner, non pour extraire. Ils développèrent rapidement des technologies d’une grande finesse, légères, transparentes, presque vivantes, et leur société s’épanouit sans blesser la planète.
De cette richesse géologique héritée, ils tirèrent des technologies sobres, transparentes, douces à la planète. Ils avaient appris la leçon que la Terre portait dans ses strates : la véritable énergie propre est celle qu’on n’a pas besoin d’extraire.
Et sur l’un des sites où reposait une ancienne métropole, sur les ruines minéralisées de l’humanité, ils érigèrent un monument : un dôme transparent, où reposait une plaque de cuivre gravée d’un seul mot, hérité d’une langue morte :
« Souviens-toi. »
A propos d'Alexandre Marciel
Ancien journaliste, conseiller politique et adjoint au maire de Toulouse, Alexandre Marciel a développé ces dix dernières années une véritable expertise dans le domaine des matériaux avancés et des métaux stratégiques. Il accompagne des entreprises et des institutions. Il intervient régulièrement auprès de différents publics sur le thème "De l'objet au minerai", en s'appuyant sur la matériauthèque inédite qu'il a constituée (plus de 3 000 matériaux / métaux / minerais). Après un premier livre de vulgarisation scientifique sur les éléments du tableau périodique et leurs applications " Le chasseur d'atomes ", (az'Art Ateliers Editions), il vient de sortir un nouveau livre dédié aux matériaux de la transition énergétique "Mendeleïev au cœur des énergies, Enjeux stratégiques des éléments" (Éditions Cépaduès). Il prépare actuellement un rapport national sur les enjeux de sécurisation de nos approvisionnements en métaux stratégiques.

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