Communication & Influence

Pourquoi études classiques et études sociales se complètent ? Interview de Bertrand Saint-Martin. Brandwatch


Cynthia Glock
Mardi 12 Septembre 2017


Bertrand Saint-Martin est vice-président en France de Brandwatch, leader mondial de veille et d’analyse des médias sociaux. Invité à débattre sur le thème « Etudes classiques et social listening : amis ou ennemis ? » durant Influence Day le 14 septembre 2017, il livre pour Veille Mag sa vision du social listening.




Quel rôle ont aujourd’hui les études digitales au sein des organisations ?

Dix ans après la création de Brandwatch en 2007, les réseaux sociaux nous procurent une mine de matière première. Des personnes de toutes catégories, sur tous les continents, sont actives sur Internet, c’est devenu la norme. La pratique de « l’écoute sociale » entre de fait dans les mœurs des organisations, de pair avec leur développement numérique. Brandwatch conseille des gouvernements, des organisations internationales, et environ un tiers des plus grandes sociétés commerciales à travers le monde.

Les études digitales permettent à nos clients de mieux comprendre les profils démographiques, les habitudes des consommateurs d’un produit ou des usagers d’un service. Elles permettent de cerner des tendances émergentes, déterminer la portée de campagnes de communication ou mesurer une e-réputation. Les Anglo-Saxons, pionniers du marketing, se sont lancés depuis déjà longtemps dans le social listening et n’ont pas peur investir sur les zones grises et les effets probabilistiques qui caractérisent les réseaux sociaux.
 

Quelle place les études digitales ont-elles en France ?

En France, les études digitales sont moins utilisées que dans d’autres pays, la discipline a encore du chemin à faire, mais la maturation est en cours. Notre bureau français a ouvert il y a un an environ. Nous constatons que certaines  entreprises sont méfiantes quant à  ce type d’études et leur  potentiel d’exploitabilité. L’écoute sociale n’est pas en forte visibilité du management  et de ce fait ne reçoit que rarement de budgets spécifiques suffisants pour avoir un impact fort. 
A ce jour de nombreuses organisations consomment des données sociales, mais plutôt au travers de prestataires externes ou d’études externalisées.
Par ailleurs, nous assistons à des conflits  de crédibilité entre études classiques et études digitales, en particulier lorsqu’il s’agit de sujets sensibles, à portée stratégique, comme ce fut le cas lors des élections présidentielles par exemple.
 

Vous affirmez pourtant que les études traditionnelles et les études sociales se complètent. Les unes sont-elles amenées un jour à absorber les autres ?

Les études classiques se font sur des communautés connues, bien délimitées, sollicitées sur des questions très précises. Pour traiter les réponses et faire ensuite de la catégorisation, cela nécessite de la main d’œuvre et beaucoup de temps, donc de l’argent. Mais c’est un outil et une méthodologie utiles car pleinement maîtrisés.
Les études digitales s’avèrent aussi très efficaces pour des scénarios complexes, comme la recherche de signaux faibles et de courants balbutiants, qui demandent de travailler sur une population large, peu ciblée et géographiquement illimitée. Par ailleurs les personnes que nous « auditons » ne sont pas sollicitées directement, donc pas influencées par des questions précises. Enfin, en fonction des premiers résultats sur un sujet donné, nous pouvons orienter les recherches suivantes en temps réel. Ce pilotage souple en mode d’amélioration constante permet de faire surgir des insights de valeur. Notre expertise est donc peu onéreuse au regard des champs et des volumes traités, en un temps réduit.

Ainsi méthodes classiques et digitales se complètent. En proposant à nos clients un module technologique qui est un élément-clé parmi d’autres, nous contribuons à leur apporter une vision globale et donc une aide supplémentaire à la meilleure prise de décision.