
Le syndrome du "sac de lessive" version corporate
« Toute ma carrière, on a parlé à côté de moi comme si j'étais un sac de lessive », raconte Enora Chame. Combien d'analystes hommes ou femmes en IE ont vécu cette invisibilité ? Cette sensation d'être « la seule femme » dans des réunions stratégiques, de devoir « travailler, travailler, travailler pour être enfin légitime » ?
Le parallèle est saisissant : dans les deux univers, la légitimité ne vient ni du diplôme ni du titre, mais de la reconnaissance par « ceux qui sont sur le terrain », qu'ils soient commerciaux, financiers, R&D, dirigeants, exploitants logistiques, RSSI ou commandos. « Ce n'est que lorsque je suis devenue légitime pour eux que je me suis sentie légitime. »
Le parallèle est saisissant : dans les deux univers, la légitimité ne vient ni du diplôme ni du titre, mais de la reconnaissance par « ceux qui sont sur le terrain », qu'ils soient commerciaux, financiers, R&D, dirigeants, exploitants logistiques, RSSI ou commandos. « Ce n'est que lorsque je suis devenue légitime pour eux que je me suis sentie légitime. »
L'art de la manœuvre : capteurs vs veille concurrentielle
Quand Enora Chame explique qu'elle a trouvé sa cible « exactement là où on avait dit » – à un mariage au fond du Sahel –, elle illustre parfaitement ce que tout bon analyste IE connaît : l'intuition nourrie par la méthode. « J'ai pensé que notre cible allait se joindre à un mariage », dit-elle après avoir « croisé des éléments ». Remplacez « mariage » par « salon professionnel » et « cible » par « concurrent », et vous obtenez la même démarche : anticiper les mouvements de l'adversaire, identifier un cygne noir, présenter une opportunité ou formuler une aide à la décision stratégique (que pourtant on vous avait demandé de formuler) en croisant signaux faibles, analyse comportementale, de données devenues information et analyse du terrain.
Du stress post-traumatique au burn-out de l'analyste
« C'est un métier quand même très dur, assez propice au burn-out », confie Enora Chame sur le renseignement. L'analyste IE hochera la tête : veille permanente, crises consécutives, pression des résultats, « très forte pression et très ingrat ».
Mais la leçon d'Enora est précieuse : « réactiver le cortex préfrontal », « écrire, analyser, nommer les faits » pour éviter que le stress « reste collé à l'émotion brute ». Un protocole transposable à tout métier de l'information sous tension.
Mais la leçon d'Enora est précieuse : « réactiver le cortex préfrontal », « écrire, analyser, nommer les faits » pour éviter que le stress « reste collé à l'émotion brute ». Un protocole transposable à tout métier de l'information sous tension.
"Les Français arrivent" : quand l'esprit d'équipe sauve tout
« Pour moi c'était le déclic », dit Enora Chame en évoquant cette phrase mythique. Dans l'IE aussi, il y a ces moments où « l'équipe percute » : quand le réseau se mobilise, quand les sources livrent l'information cruciale, quand la direction comprend enfin l'enjeu. « On sait que tous les camarades feront tout pour venir nous sauver », traduit-elle. En entreprise, cela s'appelle la solidarité métier, l'esprit maison, la culture du renseignement enfin partagé.
L'intelligence économique et le renseignement militaire demandent finalement la même exigence : « être orienté mission », « rien lâcher », « s'accrocher ». Qu'on traque un concurrent, une menace informationnelle, une innovation, l’éclairage pour la décision ou un terroriste, « il faut aimer travailler », et surtout, « ne jamais s'asseoir, ne jamais se coucher ». Leçon universelle d'une femme qui a prouvé qu'avec de la méthode et de l'obstination, on peut transformer n'importe quelle « caisse à outils » en arme de précision. Comme Gaëlle, C², Luc, Lilian, Jacqueline … et toutes celles et ceux avec qui j’ai eu le privilège de faire équipe et qui jamais ne se sont exprimés sur ce sujet.
Pas vous ? ah bon !
L'intelligence économique et le renseignement militaire demandent finalement la même exigence : « être orienté mission », « rien lâcher », « s'accrocher ». Qu'on traque un concurrent, une menace informationnelle, une innovation, l’éclairage pour la décision ou un terroriste, « il faut aimer travailler », et surtout, « ne jamais s'asseoir, ne jamais se coucher ». Leçon universelle d'une femme qui a prouvé qu'avec de la méthode et de l'obstination, on peut transformer n'importe quelle « caisse à outils » en arme de précision. Comme Gaëlle, C², Luc, Lilian, Jacqueline … et toutes celles et ceux avec qui j’ai eu le privilège de faire équipe et qui jamais ne se sont exprimés sur ce sujet.
Pas vous ? ah bon !
Sources

Article de référence : "Quand l'expérience kurde révèle le potentiel inexploité des femmes dans nos armées" | LinkedIn
Post de référence : https://www.linkedin.com/posts/lafonthierry_femme-de-lombre-et-daction-al-qaa-activity-7345147780253855746-uIPd?utm_source=share&utm_medium=member_desktop&rcm=ACoAAABXsQ4BnPiCrWqeNtaYVvzsXtE4spSNnEE
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Auteur
Thierry Lafon Dr PhD 博士 Chercheur associé au laboratoire CeReGe (UR 13564) axe Intelligence Stratégique Internationale chez Université de Poitiers.
La responsabilité de la publication incombe exclusivement aux auteurs individuels.