
Cette question hante l’Occident depuis la guerre de Kippour en 1973 jusqu'à l'attaque du 7 octobre 2023 en Israël. Combien d’entre vous n’ont pas anticipé correctement la pandémie COVID, et ses conséquences ? Les explications habituelles – incompétence, manque de moyens, mauvaise organisation, impossible à anticiper… – passent à côté de l'essentiel. Le Professeur Isaac Ben Israël propose une réponse aussi dérangeante qu'éclairante, bien que consensuelle : notre cerveau lui-même est le problème.
UN PARCOURS EXCEPTIONNEL AU SERVICE D'UNE QUETE EXISTENTIELLE
Isaac Ben Israël incarne une figure rare : celle du praticien-penseur.
Général de division de l'armée de l'air israélienne, ancien directeur de l'Administration de recherche et développement du ministère de la Défense, il a également mené une carrière académique parallèle – doctorat en philosophie des sciences, professeur à l'Université de Tel-Aviv. Cette double expertise, militaire et intellectuelle, lui confère une légitimité unique pour repenser les fondements mêmes du renseignement et l’appliquer une fois que cette méthode sera éprouvée à l’Intelligence Economique.
Son parcours est jalonné de distinctions : prix de sécurité israélien, multiples récompenses scientifiques. Mais c'est en 1983, se souvient-il, qu'une question fondamentale a émergé : quel est le dénominateur commun de toutes ses innovations ? Pourquoi ses idées semblent-elles d'abord étranges avant d'être universellement acceptées ? La réponse l'a conduit à une exploration de trente ans sur la nature même de la pensée analytique.
Général de division de l'armée de l'air israélienne, ancien directeur de l'Administration de recherche et développement du ministère de la Défense, il a également mené une carrière académique parallèle – doctorat en philosophie des sciences, professeur à l'Université de Tel-Aviv. Cette double expertise, militaire et intellectuelle, lui confère une légitimité unique pour repenser les fondements mêmes du renseignement et l’appliquer une fois que cette méthode sera éprouvée à l’Intelligence Economique.
Son parcours est jalonné de distinctions : prix de sécurité israélien, multiples récompenses scientifiques. Mais c'est en 1983, se souvient-il, qu'une question fondamentale a émergé : quel est le dénominateur commun de toutes ses innovations ? Pourquoi ses idées semblent-elles d'abord étranges avant d'être universellement acceptées ? La réponse l'a conduit à une exploration de trente ans sur la nature même de la pensée analytique.
LE DEFAUT EVOLUTIF
L'évolution, explique Ben Israël, nous a dotés d'une « logique naturelle » redoutablement efficace pour survivre dans la savane, mais catastrophique pour analyser des situations complexes. Nous faisons confiance à notre expérience (« J'ai vu cela mille fois, donc cela se reproduira »), nous cherchons à confirmer nos intuitions, nous croyons aveuglément ce que nos yeux voient. Pratique face à un prédateur, désastreux face à une menace géopolitique.
Le paradoxe est vertigineux : le défaut qui nous empêche de penser correctement nous empêche aussi de comprendre qu'il faut changer notre façon de penser. « Comme quelqu'un avec des mouches dans les yeux qui l’empêchent de voir… les mouches dans ses yeux ». Cette métaphore, que Ben Israël affectionne particulièrement, résume le cercle vicieux cognitif dont nous sommes prisonniers.
Pour sortir de ce cercle vicieux, Ben Israël préconise d'abord l'adoption systématique de la « méthode scientifique » : formuler des hypothèses, les tester rigoureusement, accepter leur réfutation. Mais cette approche, bien que facilement opérationnalisable se heurte à nos biais cognitifs profondément ancrés et à la difficulté d'appliquer une telle rigueur aux situations d'urgence du quotidien.
Le paradoxe est vertigineux : le défaut qui nous empêche de penser correctement nous empêche aussi de comprendre qu'il faut changer notre façon de penser. « Comme quelqu'un avec des mouches dans les yeux qui l’empêchent de voir… les mouches dans ses yeux ». Cette métaphore, que Ben Israël affectionne particulièrement, résume le cercle vicieux cognitif dont nous sommes prisonniers.
Pour sortir de ce cercle vicieux, Ben Israël préconise d'abord l'adoption systématique de la « méthode scientifique » : formuler des hypothèses, les tester rigoureusement, accepter leur réfutation. Mais cette approche, bien que facilement opérationnalisable se heurte à nos biais cognitifs profondément ancrés et à la difficulté d'appliquer une telle rigueur aux situations d'urgence du quotidien.
L’APPROCHE QUANTIQUE
Face à ce constat, Ben Israël identifie dans la mécanique quantique le cadre théorique systématique permettant d'échapper au piège. L'article que vous vous apprêtez à lire développe cette intuition en proposition méthodologique rigoureuse, opérationnalisant quatre concepts quantiques :
La superposition : en physique quantique, une particule est simultanément « ici » et « là » jusqu'à la mesure. Transposé au renseignement, cela signifie maintenir activement plusieurs hypothèses contradictoires au lieu de chercher prématurément LA vérité.
L'incertitude d'Heisenberg : on ne peut mesurer simultanément position et vitesse avec précision. De même, toute collecte modifie la réalité observée et comporte une incertitude irréductible qu'il faut quantifier explicitement.
La décohérence : les états quantiques perdent leurs propriétés au contact de l'environnement. Les biais cognitifs constituent cet « environnement mental » qui fait s'effondrer prématurément nos hypothèses multiples.
La complémentarité : onde et particule sont deux descriptions mutuellement exclusives mais toutes deux vraies. De même, analyse tactique et vision stratégique sont incompatibles mais complémentaires.
La superposition : en physique quantique, une particule est simultanément « ici » et « là » jusqu'à la mesure. Transposé au renseignement, cela signifie maintenir activement plusieurs hypothèses contradictoires au lieu de chercher prématurément LA vérité.
L'incertitude d'Heisenberg : on ne peut mesurer simultanément position et vitesse avec précision. De même, toute collecte modifie la réalité observée et comporte une incertitude irréductible qu'il faut quantifier explicitement.
La décohérence : les états quantiques perdent leurs propriétés au contact de l'environnement. Les biais cognitifs constituent cet « environnement mental » qui fait s'effondrer prématurément nos hypothèses multiples.
La complémentarité : onde et particule sont deux descriptions mutuellement exclusives mais toutes deux vraies. De même, analyse tactique et vision stratégique sont incompatibles mais complémentaires.
CE QUE VOUS DECOUVRIREZ
L'article propose une opérationnalisation complète du cycle du renseignement : matrices probabilistes, théorème de Bayes augmenté intégrant la correction des biais, architecture organisationnelle en Red/Blue/Green Teams, outils concrets directement applicables.
La promesse de Ben Israël n'est pas utopique : non pas éliminer l'incertitude (impossible dans un monde fondamentalement imprévisible), mais réduire significativement les erreurs dues à nos biais évolutifs.
La promesse de Ben Israël n'est pas utopique : non pas éliminer l'incertitude (impossible dans un monde fondamentalement imprévisible), mais réduire significativement les erreurs dues à nos biais évolutifs.
Clés de lecture
Pour le praticien : Section 3 (méthodologie) et section 4 (outils) offrent des instruments directement applicables.
Pour le chercheur : Section 2 (cadre théorique) et section 6 (discussion) établissent les fondements épistémologiques.
Pour le décideur : Section 5 (changement de paradigme) explicite la transformation culturelle nécessaire.
Pour le sceptique : Section 6.3 reconnaît honnêtement les limites et la nécessité de validation empirique.
Pour le chercheur : Section 2 (cadre théorique) et section 6 (discussion) établissent les fondements épistémologiques.
Pour le décideur : Section 5 (changement de paradigme) explicite la transformation culturelle nécessaire.
Pour le sceptique : Section 6.3 reconnaît honnêtement les limites et la nécessité de validation empirique.
L'ENJEU DEMOCRATIQUE
Au-delà de l'intérêt méthodologique, Ben Israël pose une question politique fondamentale : comment prendre de bonnes décisions dans un monde imprévisible ? Les démocraties exigent de leurs dirigeants des certitudes que la réalité ne peut fournir.
La révolution quantique a transformé la physique au XXe siècle. Peut-être est-il temps que le renseignement opère une révolution similaire.
Car dans un monde quantique, conclut Ben Israël, l'incertitude n'est pas un bug, mais une caractéristique fonctionnelle qu’il est nécessaire de prendre en compte.
La révolution quantique a transformé la physique au XXe siècle. Peut-être est-il temps que le renseignement opère une révolution similaire.
Car dans un monde quantique, conclut Ben Israël, l'incertitude n'est pas un bug, mais une caractéristique fonctionnelle qu’il est nécessaire de prendre en compte.
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A propos de ...
Thierry Lafon Dr PhD 博士 Chercheur associé au laboratoire CeReGe (UR 13564) axe Intelligence Stratégique Internationale chez Université de Poitiers.
La responsabilité de la publication incombe exclusivement aux auteurs individuels.