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Rapport Assemblée Nationale. "Gagner la guerre de l'information sans renier la démocratie : la France s’arme contre la désinformation"

N° 1661 ASSEMBLÉE NATIONALE Enregistré à la Présidence de l’Assemblée nationale le 2 juillet 2025. RAPPORT D’INFORMATION DÉPOSÉ en application de l’article 145 du Règlement PAR LA COMMISS


Jacqueline Sala
Mercredi 9 Juillet 2025


Face à la prolifération des campagnes de désinformation qui sapent la cohésion sociale, altèrent la confiance dans les institutions et menacent la souveraineté nationale, la Commission de la Défense de l’Assemblée nationale a dévoilé le 2 juillet 2025 un rapport ambitieux intitulé « Gagner ensemble la guerre de l’information ».




La France face à la guerre informationnelle : une riposte démocratique structurée

 Alors que la désinformation se déploie comme une arme silencieuse dans les conflits modernes, le rapport parlementaire publié le 2 juillet 2025 par la Commission de la Défense nationale propose une réponse stratégique inédite pour permettre à la France de se prémunir contre cette menace insidieuse.


Intitulé « Gagner ensemble la guerre de l’information », ce document analyse la vulnérabilité du pays face aux agressions numériques orchestrées par des acteurs étatiques ou non, et appelle à la création d’une véritable fonction stratégique dédiée à l’influence, au même titre que les autres fonctions opérationnelles de la défense.

Cette nouvelle doctrine prônerait une centralisation des moyens et des expertises, là où les acteurs publics se révèlent encore trop dispersés et mal coordonnés. Le rapport souligne ainsi la nécessité d’un pilotage interministériel réactif et cohérent, capable de mobiliser diplomatie, défense, renseignement et secteur civil dans une logique commune, sans renier les principes démocratiques.


Développement de technologies souveraines et formation des citoyens.

L’intelligence artificielle et les réseaux sociaux y sont considérés comme des champs de bataille majeurs, utilisés pour manipuler les perceptions, semer le doute et fracturer le lien entre citoyens et institutions. Face à cette offensive, les députés plaident pour le développement de technologies souveraines de détection et de réponse, tout en appelant à une régulation renforcée des plateformes numériques à l’échelle européenne.

Mais le cœur de la stratégie repose aussi sur la société elle-même. Éduquer les citoyens, les sensibiliser aux risques informationnels, leur donner les moyens de discerner le vrai du faux devient un impératif de sécurité nationale. L’enjeu n’est pas seulement technique : il est démocratique, culturel, humain.

Car dans cette guerre invisible, la résilience de la population pourrait bien être la meilleure des défenses.


Ne plus prendre de retard sur d'autres pays. Quelques exemples ont été évoqués en marière de stratégies globales et défenses nationales

Alors que la désinformation s’impose comme un outil central des conflits modernes, les États du monde entier ajustent leur riposte en fonction de leur position géopolitique, de leurs moyens technologiques et de leur culture démocratique. Panorama des stratégies les plus marquantes.
 

Aux États-Unis, la notion de domination informationnelle, héritée des conflits du Moyen-Orient, guide une approche offensive où géants du numérique et services de renseignement sont mis à contribution. Depuis les révélations sur les ingérences russes en 2016, le pays a renforcé sa régulation numérique et ses dispositifs de protection démocratique.
 

La Russie, fidèle à sa tradition de propagande héritée de l’ère soviétique, déploie une guerre hybride mêlant cyberattaques, faux sites d’information et opérations psychologiques. Le but : non pas convaincre, mais éroder la confiance, diviser et affaiblir.

La Chine, de son côté, intègre la guerre informationnelle dans une stratégie globale fondée sur la manipulation de l’opinion, la pression psychologique et l’instrumentalisation du droit. Son appareil médiatique et numérique, puissamment centralisé, diffuse ses narratifs tout en consolidant un contrôle intérieur drastique.
 

Les pays nordiques adoptent une approche résolument démocratique. En Suède ou en Finlande, des structures de défense psychologique travaillent en synergie avec les écoles, les médias et la société civile pour renforcer la résilience face aux influences étrangères.
 

Enfin, l’Union européenne privilégie la voie réglementaire. Avec le Digital Services Act, elle impose aux plateformes des obligations accrues de transparence et lutte contre les contenus malveillants. Elle s’appuie aussi sur des dispositifs comme EUvsDisinfo pour surveiller et déconstruire les récits hostiles.


Au-delà de ces différences, un constat s’impose : la guerre informationnelle est l’un des grands défis contemporains, et face à elle, la conscience citoyenne demeure la première ligne de défense.

« L’objet principal de cette guerre, qui abolit les frontières entre la guerre et la paix, est la conquête des esprits et non plus d’un territoire. »
David Colon