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Réindustrialiser la France ? Possible ? Pas Possible ? Sébastien Martin veut commencer par les territoires.


Jacqueline Sala
Samedi 1 Novembre 2025


La France souffre d’un différentiel de compétitivité. À Bercy, Sébastien Martin veut réindustrialiser la France en partant des territoires. Ancien élu local, le nouveau ministre de l’Industrie mise sur les préfets, les élus et les fonciers disponibles pour relancer l’usine France, au plus près du terrain. Une stratégie décentralisée face à un solde industriel toujours négatif. Et pourtant, réindustrialiser les territoires français est un défi réel, tant les freins sont multiples.



Réindustrialiser la France ? Possible ? Pas Possible ? Sébastien Martin veut commencer par les territoires.
L’ancien élu local mise sur les préfets, les élus et le foncier pour relancer l’usine France. Une stratégie décentralisée, urgente, et résolument terrain.

Sébastien Martin, l’homme des territoires à la tête de l’industrie française

Nommé ministre délégué à l’Industrie le 12 octobre 2025, Sébastien Martin incarne une nouvelle approche de la réindustrialisation française : celle qui part du terrain. Ancien président du Grand Chalon, élu de Saône-et-Loire, ce pragmatique revendique une vision décentralisée de l’action publique, fondée sur l’alliance entre élus locaux, industriels et préfets. Dans un pays où le solde net d’usines reste négatif, il veut faire des territoires le moteur du rebond industriel.

« Sans les territoires, on ne réussira pas la réindustrialisation », martèle-t-il lors de son premier déplacement ministériel à Allériot, en Saône-et-Loire. 
Ce choix n’est pas anodin : c’est là qu’il avait accompagné l’implantation de l’entreprise Le Pavé, spécialisée dans le recyclage de plastiques. À Montceau-les-Mines, il visite Erion, acteur de la maintenance ferroviaire. Ces deux sites illustrent sa méthode : identifier les potentiels fonciers, mobiliser les élus, créer un climat de confiance entre public et privé.

Un solde négatif

Le ministre ne cache pas l’ampleur du défi. En 2025, la France a perdu plus d’usines qu’elle n’en a ouvertes.

Le ralentissement des investissements, les défaillances d’entreprises et l’instabilité politique ont coûté 0,3 point de croissance, soit 9 milliards d’euros.
Face à ce constat, Sébastien Martin veut aller vite. Il annonce une réunion avec l’ensemble des préfets pour débloquer les projets industriels freinés par la complexité administrative. Il cite l’agrandissement du site Framatome à Chalon-sur-Saône comme exemple de réussite locale à dupliquer.

La réindustrialisation ne se décrète pas depuis Paris

Son parcours éclaire sa stratégie. Diplômé de Sciences Po Grenoble, ancien directeur de cabinet dans plusieurs collectivités, il a présidé le Grand Chalon depuis 2014 et Intercommunalités de France jusqu’en 2025. Il connaît les rouages locaux, les leviers d’aménagement, les attentes des élus. Il veut s’appuyer sur eux pour identifier les « sites clé en main » capables d’accueillir des usines rapidement. Pour lui, la réindustrialisation ne se décrète pas depuis Paris : elle se construit dans les territoires, avec ceux qui les font vivre.
Mais au-delà de la méthode, il y a une ambition : refaire de l’Europe une grande usine. Sébastien Martin plaide pour une stratégie industrielle européenne coordonnée, capable de rivaliser avec les géants asiatiques et américains. Il veut que la France prenne sa part dans cette reconquête, en misant sur les filières stratégiques : énergie, ferroviaire, recyclage, électronique. Il insiste sur la nécessité de relocaliser, de sécuriser les chaînes d’approvisionnement, de renforcer la souveraineté industrielle.

Dans un contexte de transition énergétique et de tensions géopolitiques, son approche territoriale pourrait bien faire la différence. Elle repose sur une conviction simple : l’industrie est une affaire de terrain, de confiance et de volonté. Et pour Sébastien Martin, il n’y aura pas de renaissance industrielle sans mobilisation locale.

La France souffre d’un différentiel de compétitivité face à des pays à fiscalité plus souple, à énergie moins chère ou à normes sociales allégées. À cela s’ajoutent des tensions géopolitiques qui perturbent les chaînes d’approvisionnement et une inflation réglementaire qui ralentit les implantations. Dans ce contexte, chaque usine relocalisée relève presque de l’exploit.


Références

1 -  Sébastien Martin, ancien président du Grand Chalon et Ministre de l'Industrie de retour en Saône-et-Loire
France Bleu

2 - La situation n'est pas satisfaisante» : le ministre de l'Industrie plaide pour une réindustrialisation massive de la France
Yahoo 

3 - De Sciences Po Grenoble à Bercy : qui est Sébastien Martin, nouveau ministre délégué à l’Industrie ? 
Le Dauphiné Libéré

4 - Sébastien Martin Ministre délégué auprès du ministre de l’Économie, des Finances et de la Souveraineté industrielle, énergétique et numérique, chargé de l'Industrie
Info.gouv.fr