Innovation et Connaissance

Restrictions Revues scientifiques aux USA. Les milieux scientifiques internationaux réagissent.


Jacqueline Sala
Vendredi 9 Mai 2025


Une politique de restriction défendue par l'administration Trump veut « baillonner » la communication autour de sujets brûlants comme le climat, la santé publique ou la virologie. Elle suscite l'indignation des milieux scientifiques, qui y voient non seulement une atteinte à la liberté académique, mais également une entrave considérable à l’échange libre des savoirs et à l’innovation internationale.



Restrictions Revues scientifiques aux USA. Les milieux scientifiques internationaux réagissent.

Sous l'administration Trump, la sphère scientifique se trouve au cœur d'une véritable offensive réglementaire.

 Plusieurs sources rapportent en effet des mesures drastiques destinées à contrôler la diffusion des résultats de recherche. Selon un article de Caducee.net, les scientifiques travaillant pour certaines agences fédérales, telles que le CDC, doivent désormais obtenir l'accord préalable de leurs supérieurs avant de soumettre leurs manuscrits à des revues extérieures. Cette procédure vise à permettre aux instances gouvernementales de surveiller de près le contenu publié, s’assurant ainsi que chaque document respecte scrupuleusement les directives officielles.

Au-delà de cette formalité bureaucratique, une véritable censure apparaît. Les documents officiels se voient désormais dépouillés de mots ou expressions jugés sensibles—notamment ceux en lien avec le genre, l'identité sexuelle ou tout sujet susceptible de provoquer le débat. L’objectif affiché ? Bannir toute expression susceptible de dévier de la ligne narrative imposée par le pouvoir.

Cette politique de restriction se veut « baillonner » la communication autour de sujets brûlants comme le climat, la santé publique ou la virologie. Elle suscite l'indignation des milieux scientifiques, qui y voient non seulement une atteinte à la liberté académique, mais également une entrave considérable à l’échange libre des savoirs et à l’innovation internationale.

Pouvons-nous imaginer un avenir où la recherche se verrait autant dirigée que contrôlée ? Ce bras de fer entre régulation gouvernementale et liberté scientifique soulève des questions fondamentales sur l'avenir de la collaboration et de la découverte dans un monde en constante évolution. Quelles répercussions cette stratégie pourrait-elle avoir sur la scène internationale ?

Plongée au cœur d’une véritable révolution silencieuse, cette stratégie menace de bouleverser irréversiblement l’écosystème de la collaboration scientifique mondiale.

En imposant des contrôles sévères sur la diffusion des résultats, l’État compromet un principe fondateur de la recherche : le libre échange des données, garant de la confiance entre chercheurs de tous horizons. Sous le poids d’exigences bureaucratiques et d’une censure pointue, le dialogue scientifique en souffrirait, ralentissant l’agrégation des travaux indispensables pour relever les défis globaux.

Par ailleurs, en s’immisçant dans le processus de validation des publications, le pouvoir public étouffe peu à peu la liberté académique, véritable terreau de l’innovation. La crainte d’être censuré pourrait amener les chercheurs à s’autolimiter, biaisant ainsi l’originalité et l’audace des découvertes qui souvent naissent de confrontations d’idées sans entraves. La richesse de la diversité intellectuelle, moteur de progrès, risquerait alors de s’appauvrir.

Ce climat d’incertitude pourrait également inciter les talents à quitter des environnements jugés restrictifs pour privilégier des espaces de recherche plus ouverts. Une fuite des cerveaux s’annoncerait, fragilisant davantage la compétitivité et la synergie des collaborations transfrontalières, essentielles à l’avancée scientifique mondiale.

Enfin, en réduisant l’accès à une information véritablement transparente, les partenariats internationaux se verraient compromis. Dans un monde qui repose sur un flux constant d’échanges fiables, l’édification de barrières ne ferait qu’alimenter un climat de méfiance et freiner l’élan innovateur.

Face à ces enjeux, il devient urgent de repenser l’équilibre entre la protection légitime de certaines données sensibles et le maintien d’un espace d’échange libre, propice à l’éclosion des idées disruptives.

Pour assurer à la fois une protection robuste des informations sensibles et favoriser un climat d’échanges d’idées sans entrave, plusieurs pistes innovantes se dessinent.

Il s'agit dans un premier temps de créer un comité indépendant d’experts.
Imaginer une instance composée d’experts internationaux en éthique et en régulation scientifique permettrait de poser des règles claires, élaborées en toute transparence. Ce comité apolitique garantirait, par le biais d’une validation impartiale des publications, que les données sensibles soient protégées sans que cela ne se transforme en une censure arbitraire.

Il est ensuite impératif de miser sur les technologies de pointe.
L'utilisation d'outils avancés – depuis le chiffrement et la cryptographie jusqu'à la blockchain – offrirait une double solution : sécuriser les échanges tout en assurant la traçabilité des informations. Ces technologies, déjà efficaces dans d’autres domaines, promettent de marier la protection stratégique à l’exigence d’un partage rapide et fiable des découvertes.

Le renforcement de l'évaluation par les pairs doit aussi être une priorité. Attention aux dérives liées à l'usage de l'IA.
En adoptant un système de relecture en double aveugle, les chercheurs seraient moins exposés aux pressions administratives et politiques. Ainsi, en confiant ce contrôle à la communauté scientifique, on préserverait l’intégrité des travaux tout en stimulant l’esprit critique et l’audace créative qui nourrissent l’innovation.

Enfin, il convient d'instaurer des normes internationales harmonisées.
En collaborant avec des organismes internationaux comme l’UNESCO ou l’OMS, il serait possible de définir un cadre réglementaire commun. Ce consensus mondial garantirait que chaque acteur respecte des standards élevés en matière de sécurité et de transparence, tout en maintenant la fluidité et la spontanéité des échanges scientifiques.

L'initiative "Choose Europe for Sciences" trouve dans ces stratégies de censure et de contrôle de précieux arguments pour valoriser l'attractivité des états européens pour les chercheurs. Mais reste à vérifier la réalité et l'efficacité des moyens mis en oeuvre.

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