Intelligence des Territoires, PME, ETI

Réveiller les territoires : quand l’intelligence locale bouscule la décision publique. Patrice Schoch


Jacqueline Sala
Samedi 14 Juin 2025


À l’heure des crises et des transitions, les territoires deviennent des laboratoires d’action publique. Encore faut-il savoir écouter, coordonner et anticiper. Lors d’une table ronde animée à EDC Paris Business School, le concept d’intelligence territoriale s’est imposé comme un levier stratégique incontournable pour sortir des logiques verticales et redonner du souffle à la gouvernance locale.




Puteaux, 4 juin 2025 – C’était l’un des moments forts du Symposium « Le management public à l’épreuve des réseaux », organisé à EDC Paris Business School : une table ronde dense et engagée consacrée à l’intelligence territoriale, cette approche encore trop peu valorisée mais au cœur des enjeux d’avenir.
Nos invités - Philippe Clerc, Nathalie Kakpo, Christophe Rafenberg et Mounir Rochdi –
ont pû nous donner un éclairage sur cette pratique essentielle.

 

Derrière ce concept, une conviction : les territoires ne peuvent plus être gouvernés par des logiques verticales, descendantes, coupées de la réalité du terrain.

L’intelligence territoriale vise à bâtir une gouvernance fondée sur la circulation croisée de l’information, entre institutions, acteurs locaux, entreprises, et citoyens. C’est une démarche de coordination, d’anticipation et d’action collective, qui place le territoire non comme un simple réceptacle de décisions nationales, mais comme un espace vivant d’initiatives et de signaux faibles.
Encore faut-il que les structures acceptent de jouer le jeu. Car les freins sont nombreux. Les logiques bureaucratiques, les silos administratifs, l’absence de stratégie transversale ou la réticence à intégrer des sources non officielles brident la capacité d’anticipation. Dans certaines institutions, l’ouverture à des éclairages extérieurs reste perçue comme une menace plutôt que comme une richesse. Dans d’autres, elle est perçue comme essentielle.
 

Pourtant, les bénéfices sont tangibles.

L’intelligence territoriale permet de repérer à temps des mutations économiques, des tensions sociales, des vulnérabilités climatiques. Elle renforce l’attractivité, la résilience, la capacité d’innovation locale. Elle donne aux politiques publiques un ancrage réel, réactif, connecté aux attentes et aux réalités du terrain.
 

Les discussions ont également soulevé une autre ligne de faille : celle de la temporalité.

Là où les gouvernements s’inscrivent dans un temps court, souvent électoral, les territoires ont besoin de continuité. Les outils de veille, les systèmes d’alerte ou les réseaux d’information territoriale ne peuvent produire des effets qu’à condition d’être pensés dans la durée.
Des cas concrets ont illustré à la fois les risques d’un manque de concertation – comme un aménagement urbain mal coordonné qui entrave les services d’urgence – et le potentiel d’initiatives structurées dans le secteur agricole, industriel ou économique, quand l’intelligence collective est mobilisée de manière proactive.
 

L'intelligence territoriale, une nécessité opérationnelle

En définitive, cette table ronde a rappelé une vérité simple : piloter un territoire aujourd’hui ne se limite plus à gérer, mais à comprendre, anticiper, relier. L’intelligence territoriale n’est pas un luxe intellectuel, c’est une nécessité opérationnelle. Elle invite à revoir nos méthodes, nos outils, nos postures. Et surtout, à faire confiance à ceux qui vivent et transforment les territoires au quotidien.
 
 

Patrice Schoch
Enseignant-Chercheur – EDC Paris BS
Co-organisateur du 13ème Symposium de Management Public
Animateur de la Table Ronde sur l’Intelligence Territoriale