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Robert Guillaumot Journée : Vers une compétitivité retrouvée

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Jacqueline Sala


Vers une compétitivité retrouvée : voici le message fondamental de l'Académie d'Intelligence Econmique pour cette 18ème édition des JIEE. Ce n'est pas un hasard puisque depuis toujours l'Académie approfondit sa réflexion et ses propositions sur ces enjeux dont l'urgence se fait chaque jour plus évidente. Nous avons rencontré Robert Guillaumot qui éclaire, une fois encore, les raisons, le chemin et la finalité de ces batailles.



Le théme de cette 18ème édition de la Journée d'Intelligence économique d'entreprise "Vers une compétitivité retrouvée" est d'une incroyable actualité avec le Rapport Gallois, le choc puis le pacte de compétitivité du gouvernement. Mais en fait, pour l'Académie de l'IE c'est l'aboutissement de plusieurs années de reflexion et d'actions. Le terme "retrouvée" suppose que la France a déjà connu une sorte "d'age d'or de compétitivité". Quand le situez vous et sur quels éléments reposait-elle ?

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R.G. Il fut un temps en effet où l'économie française, à savoir son industrie, son commerce et ses services se caractérisaient par une compétitivité remarquée se traduisant en pratique par un degré d'excellence souvent égal ou supérieur à celui de ses concurrents, excellence de l'offre : innovante, de qualité, à prix compétitif et judicieusement commercialisée. La compétitivité se manifeste en effet quand l'acteur économique, en l'occurrence l'entreprise, ayant compris les besoins exprimés ou attendus du client dispose des ressources indispensables pour les satisfaire : niveau élevé de R1D, fonds propres et capitaux investis suffisants, qualité des ressources humaines, réseau de commercialisation adapté au marché, etc. Une telle époque a effectivement existé.

A partir de quand et pourquoi l'a-t-elle perdue ? Une inadaptation aux évolutions, une cécité devant les modifications de rapports de force géo-économiques ? D'autres raisons ?

R.G. Comme le dit l'adage bien connu, seuls les amoureux sont seuls au monde, les entreprises, elles, ne le sont pas.
Toutes ne vivent pas dans un écosystème qui convient à leur survie et à leur développement. Pour cet environnement économique le premier coup porté fut celui du choc pétrolier de 1974 (la France dépensait alors 20 milliards de francs pour le pétrole dont nous avions besoin tous les ans.

Les pays producteurs décidèrent du jour au lendemain de lui faire payer 60 milliards, trois fois plus.
Le pays qui venait de s'habituer à des niveaux de croissance qui laissent aujourd'hui rêveur (entre 10 et 18% par an pour certains secteurs des services) n'a pas su ou n'a pas voulu s'adapter à cette contrainte. L'avantage et l'effet pervers de la croissance à deux chiffres c'est d'effacer les erreurs comme l'eau efface les traces sur le sable.
Il y avait, cachées, beaucoup d'erreurs et de faiblesses. Elles ne furent pas corrigées; au contraire certaines d'entre elles furent aggravées.

Le modèle social français très coûteux continua à être pensé comme si ce choc n'avait pas existé et demeurait sans conséquence sur la croissance et la richesse qu'elle produisait. Les déficits budgétaires commencèrent à poindre avec comme corollaire l'accumulation des dettes. Depuis cette époque, la nation sous la conduite et même l'incitation de ses gouvernements a vécu avec une production de richesse insuffisante pour couvrir ses dépenses lesquelles ont continué à augmenter d'une année sur l'autre.

Cet environnement macro économique dégradé eut des conséquences naturelles néfastes pour les conditions de la compétitivité que j'ai cité précédemment: R&D, fonds propres et autofinancement, formation des personnels, rentabilité, etc.

Ne vous paraît-il pas paradoxal que ce soit un gouvernement de gauche qui accepte de prendre à bras le corps de ce sujet ou est-ce dû à une urgence réclamée par l'ensemble des  parties prenantes de l'économie (salariés, syndicats, patronnat, citoyens, ...) ?

R.G. C'est surtout le fait qu'il n'y a pas d'autres voies de sortie que celle de la compétitivité sinon le déclin.
En outre, le facteur temps va jouer un grand rôle.

Dans le débat « courtermisme contre longtermisme »  il faut cette fois-ci privilégier, à mon avis, des réformes rapides donc rudes quitte à aider plus fortement ceux qui seront les victimes immédiates de ces mesures. Nous vivons, comme on le voit, dans un univers aux ressources rares et, quand il y a rareté - c'est le cas des finances françaises - le choix de leur allocation devient crucial.
Il faut donc trancher vite pour supprimer ce qui épuise nos ressources sans perspective d'avenir et utiliser les ressources ainsi dégagées à faire du neuf produisant vite de la richesse.
Les leaders politiques qui seront capables de rassembler le maximum d'acteurs pour faire cette révolution auront bien mérité de la nation.

Quels éclairages, quelles propositions l'Intelligence économique que vous défendez peut-elle apporter concrètement ?

La vocation de l'intelligence économique qui est celle de décrire et de comprendre l'environnement économique dans lequel nous opérons s'en trouve renforcé.

Cette connaissance de l'environnement est aujourd'hui bien polluée par l'acceptation sans critique de théories utiles - car elles peuvent expliquer tout aisément - mais néanmoins fausses.
Savoir et comprendre, la raison d'être de l'IE, c'est beaucoup plus compliqué que de juger et militer sans savoir.
Ce qu'il faut trouver c'est ce qui marche. Regardons autour de nous. L'IE c'est fait pour ça. JIEE'12 que nous organisons avec l'Ecole Polytechnique en partenariat avec l'AX (Association des Anciens Elèves et Diplômés de l'Ecole Polytechnique) va tenter d'apporter une contribution à ce défi que nous sommes contraint de relever.

Merci à tous ceux qui vont participer.

Merci à vous, Robert Guillaumot, d'avoir répondu à nos questions.

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