Pourquoi mesurer la dépendance numérique ?

Une « boussole concrète » destinée à évaluer l’autonomie des acteurs français et européens face aux prestataires étrangers.
C’est au cours des Rencontres économiques d’Aix-en-Provence qu’un collectif piloté par David Djaïz (Ascend Partners), Yann Lechelle (Probabl) et le think tank Digital New Deal a dévoilé l’Indice de Résilience Numérique. Soutenu par le ministère de l’Économie et des Finances ainsi que par la délégation à l’Intelligence artificielle, cet outil se présente comme une « boussole concrète » destinée à évaluer l’autonomie des acteurs français et européens face aux prestataires étrangers.
Parmi les dix premières entreprises mobilisées figurent RTE, CMA CGM, la SNCF, la MAIF, la Caisse des dépôts, Docaposte, Ouest-France/Sipa, Groupe ADP, Orange et La Poste. Ces acteurs représentent des secteurs aussi variés que l’énergie, le transport maritime et ferroviaire, l’assurance, les services financiers, la presse, les infrastructures aéroportuaires, les télécommunications et la logistique.
Un indice spécifique a été défini : l'IRN qui signifie Indice de Résilience Numérique, l’outil conçu pour mesurer la dépendance des entreprises européennes aux prestataires étrangers dans le domaine du numérique.
L’IRN adopte une approche multidimensionnelle.
Cet indice analyse les dépendances logicielles et matérielles, scrute l’origine géographique des achats et services numériques, et évalue la gouvernance interne des organisations.
Les métriques quantitatives portent sur la répartition des dépenses entre fournisseurs nationaux, européens et extra-UE ainsi que sur la localisation des centres de données, tandis que les critères qualitatifs s’intéressent au recours à l’open source, à la diversification des prestataires et à la maturité des équipes face aux enjeux de souveraineté.
Ouvert à toutes les entreprises européennes à partir de 2026, l’indice ne cherche pas à établir un classement, mais à offrir un référentiel libre d’utilisation pour que chaque organisation puisse diagnostiquer son niveau de dépendance, prioriser ses chantiers d’amélioration et renforcer sa résilience face aux crises géopolitiques et économiques. Les premières expérimentations permettront par la suite d’enrichir l’outil et d’ajuster les indicateurs.
Pour Clara Chappaz, délégataire à l’Intelligence artificielle, la souveraineté numérique ne s’impose pas par simple décret mais se bâtit à travers des décisions éclairées. Xavier Piechaczyk, président du directoire de RTE, plaide pour que l’IRN soit désormais intégré aux comités exécutifs au même titre que les indicateurs financiers, afin de placer l’autonomie technologique au cœur de la stratégie d’entreprise.
Si l’IRN s’impose comme référence, il pourrait influer non seulement sur les stratégies des grands groupes français et européens, mais aussi sur les politiques industrielles et réglementaires à l’échelle du continent.
À terme, il vise à favoriser l’émergence de champions technologiques locaux et à réduire la dépendance aux géants étrangers, amorçant une nouvelle étape dans la construction d’une souveraineté numérique européenne.
À terme, il vise à favoriser l’émergence de champions technologiques locaux et à réduire la dépendance aux géants étrangers, amorçant une nouvelle étape dans la construction d’une souveraineté numérique européenne.