Innovation et Connaissances

Stratégie d’innovation efficace : pourquoi une veille permanente est-elle indispensable ? Rencontre avec Baptiste Barrère. GAC GROUP


Baptiste Barrère (GAC GROUP)




Mercredi 23 janvier s’est tenu un petit-déjeuner proposé par Coexel   ( éditeur de la solution de veille Mytwip® en partenariat avec Veille Magazine (EGE, Paris) . Le thème « la veille dans le processus d’innovation ».
Baptiste Barrere, responsable marketing au sein de GAC Group, cabinet de conseil en innovation et performance depuis plus de 17 ans nous livre les conseils des équipes management de l’innovation pour inclure la veille permanente dans sa stratégie d’innovation afin de la rendre la plus efficace possible.

C’est désormais une évidence : innover n’est pas une option, c’est une obligation pour rester compétitif !


Pouvoir et savoir répondre aux enjeux stratégiques d’une croissance durable ?

Pour innover, il est indispensable d’être en veille permanente. Pour être en veille permanente, il faut savoir reconnaitre, classer, trier, qualifier l’information pour l’analyser et ne s’inspirer que de contenus pertinents.
 
D’après l’Huffington Post, entre janvier 2015 et août 2017, pendant la période précédant les dernières élections américaines, 80.000 posts ont été publiés par des trolls russes. « 29 millions d'Américains auraient vu apparaître ces articles directement sur leurs fils d'information. En les partageant à leur tour, c'est 126 millions de personnes qui ont été exposées à ces fausses informations ».
 
Hors dans le milieu professionnel, nous manquons cruellement de temps pour effectuer ce travail de classement, de tri et d’analyse de l’information. Et paradoxe à la française, la veille est très souvent le parent pauvre d’une stratégie d’entreprise…. Les dirigeants préférant allouer du temps ou du budget aux études de marché, à la définition de business plans et autres budgets prévisionnels.
Les sources d’information sont multiples (nouvelles technologies, brevets déposés, nouvelles tendances de consommation, évènements géopolitiques, Mooc, learning expédition…) et nous tendons clairement vers de la « junk Information » : nous avons tous « soif de culture et faim de concepts nouveaux » mais nous consommons l’information comme la nourriture au Fast food : vite et mal !
Hors le fait de bien s’informer via la veille est comme le fait de bien manger : totalement indispensable pour développer sa santé mentale et physique et donc sa capacité à innover, pourtant cela apparaît souvent trop compliqué...
 
Suivez-nous, vous allez découvrir :
  • Quelles sont les évolutions des méthodes d’innovation ?
  • Pourquoi est-ce indispensable d’être en veille permanente ?
  • Quelles sont les bonnes pratiques ?

  • Enfin, rappelez-vous de  l’époque de la ruée vers l’or : les chercheurs étaient abordés par une multitude de vendeurs de matériel qui indiquaient approximativement ou aller creuser, mais très peu accompagnaient les chercheurs sur le terrain pour trouver les bonnes sources… Découvrons la différence entre le conseil et la co-construction d’idées innovantes !

L’évolution des méthodes d’innovation

  • Le champ des possibles est décuplé mais comment saisir les bonnes opportunités ?
« Les défis auxquels sont confrontées nos sociétés marquent, par leur intensité, des transformations et des ruptures profondes. Pour y faire face, il nous faut innover, puissamment, nettement, profondément (…) cette innovation de rupture est aujourd’hui l’objet d’une compétition mondiale ». (Edouard Philippe / Mai 2018)
Selon les derniers chiffres de l’INPI , nous déposons en moyenne plus de 16 000 brevets / an ! Nous sommes l’un des pays les plus actifs en matière de R&D : nous déposons chaque année plus de 24 000 dossiers Crédit Impôt Recherche.
Le champ des possibles est donc décuplé du fait d’une créativité foisonnante, mais du fait d’une compétitivité mondiale exacerbée, comment éviter de faire fausse route ou de rester focalisé sur l’innovation technologique et de ne pas prendre en considération les aspirations réelles des nouvelles tendances de consommation de son marché…
La dernière Gartner Hype Cycle d'août 2018   confirme que la plupart des technologies (IA, blockchain…) sont en phase de désillusion : l’intérêt marché diminue, faute d’innovation vraiment concrète ou adaptée aux besoins des consommateurs.
Aujourd’hui, votre vraie concurrence, ce ne sont pas vos concurrents mais le niveau d’attente de vos clients.” Emmanuel Vivier, co-fondateur du HUB Institute
 Il est indispensable d’appliquer une méthodologie flexible dans sa manière de veiller à ce que l’idée que l’on projette de commercialiser ne devienne pas un échec : trouver la bonne innovation en étudiant les nouvelles tendances technologiques mais aussi sociétales et fédérer ses équipes métiers et son écosystème autour du projet.
  • N’innovez plus seul et arrêtez de suivre un processus défini !
Les approches en matière de management de l’innovation se démultiplient…Open Innovation, crowdsourcing, design thinking…Cependant il n’y a aucun intérêt à suivre les « modes », il faut savoir faire le choix de la méthode la plus adaptée à son mode de fonctionnement tout en étant ouvert au changement et à la remise en question de ses process.
Nous aborderons ce sujet au cours d’un prochain article : Quelles sont les approches du management de l’innovation les plus adaptées à votre entreprise et comment les utiliser correctement?
 

L’indispensable besoin d’être en veille permanente pour développer sa croissance

  • Benchmarker les innovations pour adapter sa stratégie
Observer les pratiques de la concurrence et/ou d’acteurs innovants permet de s’inspirer et de trouver des nouvelles idées. Les organisations gagnent à se comparer les unes aux autres dans un esprit de compétition. Elles cherchent à survivre, voire à être leader. Ce benchmark permet aussi une diffusion des innovations plus rapide.
Les entreprises peuvent être alors amenées à revoir leur stratégie d’innovation. Un concurrent B sort un nouveau logiciel, avec des fonctionnalités et une valeur ajoutée proches de ce que la société A était en train de développer. La société A sera alors poussée à innover « davantage » à proposer d’autres fonctionnalités nouvelles pour se différencier du concurrent B.

Certaines vont même s’inspirer d’acteurs d’autres secteurs.
Si vous voulez doubler la personne devant vous dans une course, alors que vous courrez à la même vitesse, il faut emprunter d’autres voies possibles.  « Les entreprises ont beaucoup trop d’experts qui bloquent l’innovation. La véritable innovation émane d’un système de pensée perpendiculaire » (Peter Diamandis)
Par exemple, Valser, une eau pétillante qui appartient au groupe Coca-Cola va se fournir en CO2 « naturel » (capté dans l’air) grâce à la Startup Climeworks qui adéveloppé une installation qui filtre les molécules dans l’air. Objectif : capter 1% du CO2 mondial en 2025.
"Ce que nous essayons de faire, c’est d’arrêter le changement climatique, voire de l’inverser, d’être capable d’évoluer à une taille qui pourrait avoir un réel impact" (CEO de Climeworks).
Autre exemple, l’armée américaine ! Elle va s’inspirer des insectes pour développer une nouvelle Intelligence Artificielle.
« La nature a imposé à ces petits insectes une miniaturisation et une efficacité énergique drastiques, certains n’ayant que quelques centaines de neurones, tout en conservant les fonctionnalités de base du cerveau", explique-t-elle dans son appel d’offre.
La veille devient alors une réelle source pour faire émerger des idées en entreprise en sortant de sa zone de confort !
  • Pouvoir dépasser l’état de l’art et lever les verrous  
Il y a différents niveaux d’innovation.
Faire de la veille permet de savoir si un projet R&D, une innovation est nouveau pour le marché, ou « seulement nouveau » pour l’entreprise.
La veille permet aussi d’aider l’entreprise à lever des verrous technologiques internes. Par exemple, une société industrielle souhaite réaliser des tuyaux en métal en forme rectangulaire pour des problématiques d’injection.
Mais elle rencontre un verrou technologique, en ne voulant pas utiliser de soudure. Elle ne maitrise pas les procédés de la fabrication additive. Toutefois, la veille peut l’aider à identifier des acteurs qui travailleraient sur cette problématique et qui auraient même peut-être déjà résolu ce problème.

 

Quelles sont les bonnes pratiques pour faire de la veille efficacement ?

Appliquer les principes de bases du journalisme, faire des aller / retour et comparer les sources  
L’information est partout et les modes de managements évoluent. Ceux-ci ne sont plus seulement descendants, mais transverses, participatifs, collégiaux…
  • Pour ces deux raisons, les acteurs de la veille ne sont plus une seule personne ou une seule équipe dans l’entreprise. Il est important que ce soit l’affaire de tous.
Pour la collecte de l’information (équipe commerciale, équipe R&D dans les salons, abonnement à des revues spécialisées, réseaux sociaux…), jusqu’à la prise de décision, l’information est partagée, discutée, challengée et impacte les décisions finales.
A plusieurs niveaux, pour la direction avec des décisions stratégiques, mais aussi les collaborateurs qui ont besoin de comprendre ces choix, et de se sentir impliqués.
Le collaboratif permet aussi aux organisations d’être plus réactives, plus agiles face à une demande client, face à des actions de la concurrence, et durant des projets de R&D.
Les collaborateurs peuvent alors se nourrir des connaissances, des expériences et des informations qui circulent dans l’entreprise. C’est un réel plus pour gagner en compétitivité, dès lors que cette approche collaborative est correctement managée pour en tirer la quintessence afin de produire des idées innovantes ET rentables.

Etre en veille…sur les nouveaux outils de veille    

L’avènement de l’intelligence artificielle, de l’apprentissage automatique et de l’analyse sémantique de plus en plus précise va permettre d’aller encore plus loin dans la reconnaissance, le classement, le tri de l’information.
Cependant, rien ne sera plus efficace qu’une analyse qualitative et humaine de l’information afin d’en tirer les bonnes décisions selon l’actualité.
 

Pour grimper l’Everest, mieux vaut être accompagné par des sherpas (et non plus des guides)

Dans le film « Sherpa » (2015),  le pitch était de suivre une expédition au cours de son ascension du sommet, perturbée par une avalanche mortelle et de vivre cela grâce aux témoignages des sherpas qui s’en sont sortis.
De consultant scientifique « sachant » à co-créateur de solutions innovantes, d’expert en financement de l’innovation à co-investisseur dans des solutions innovantes : en tant que cabinet de conseil en innovation, il est désormais indispensable d’aller bien au-delà des simples recommandations. Désormais, il faut accompagner son client jusqu’au bout du projet et même après la fameuse barre fatidique des 2 ans de mise sur le marché d’offres innovantes.
  • De plus, il ne suffit pas de savoir proposer les meilleurs moyens de faire financer les innovations, il faut savoir accompagner un projet sur l’ensemble des étapes : marketing, management et sécurisation de l’innovation pour pérenniser l’avenir commercial de chacun des projets. Pour cela, il est indispensable de partager en mode itératif, un plan d’action stratégique en termes de R&D.
Nous l’avons vu, la veille reste l’un des rouages indispensables à l’innovation rentable. Les changements technologiques, scientifiques et sociétaux étant tellement fréquents que négliger la veille revient à s’engager dans une démarche d’autodestruction programmée dans son industrie.
Pour aller plus loin, nos consultants en marketing de l’innovation animent un atelier de travail autour de l’innovation en collboration avec le CNAM.

Le premier atelier aura lieu au sein du siege de GAC Group France, le jeudi 21 mars 2019 (format afterwork) et aura pour thématique « Comment créer plus de valeur avec vos innovations et mieux répondre aux nouvelles attentes de vos clients ? ».
Pour garder la main face à vos concurrents, il est indispensable que vous fassiez évoluer vos offres en fonction des nouveaux modes de consommation de vos clients.
GAC GROUP a le plaisir d’accueillir Lionel Roure, maître de conférences en innovation au CNAM pour co-animer cet atelier d’échange de bonnes pratiques entre acteurs de l’innovation !  
 Sous un format ludique et bienveillant, venez partager vos problématiques et vos benchmarks avec des confrères et des consultants experts en marketing et management de l’innovation.
Notre objectif lors de cet atelier : faire évoluer votre manière d’appréhender «  l’innovation rentable » et vous faire gagner en agilité dans le développement et la commercialisation d’offres innovantes.  
Bonne nouvelle, cette thématique sera aussi abordée à Lyon et Toulouse, sous format webinar et livre blanc.

Merci Baptiste Barrère. Responsable Marketing
Pour tout contact