Renseignement

Téléchargez ! Nouvelle Stratégie nationale du renseignement. Rapport remis par le Préfet Mailhos


Jacqueline Sala
Mardi 19 Août 2025


Ce document, qui tient lieu de feuille de route pour la communauté du renseignement, trace les grandes lignes de l’action à mener face à un environnement international instable, à la montée des menaces hybrides et à l’accélération des mutations technologiques.



La montée des menaces hybrides et à l’accélération des mutations

Dans sa version de janvier 2025, le rapport sur le renseignement opère un véritable virage stratégique par rapport à son prédécesseur. Il place désormais au cœur de sa réflexion le renforcement de la défense européenne et l’émergence d’une coopération en matière de renseignement, tout en rappelant que les prérogatives restent nationales. L’accent est mis sur des initiatives concrètes, comme la création d’une école européenne du renseignement portée par la France, destinée à former les opérateurs et à resserrer les liens entre services.

Il réaffirme la nécessité d’anticiper les crises, de protéger les intérêts économiques et industriels du pays, de contrer les ingérences étrangères et de renforcer la résilience face aux cyberattaques.

À vouloir embrasser toutes les menaces, le risque est de diluer l’effort, surtout dans un contexte où la coopération européenne reste plus déclarative qu’opérationnelle. Derrière le discours sur l’influence et la souveraineté, se pose aussi la question de l’efficacité d’un outil de renseignement qui doit composer avec une bureaucratie lourde et des silos persistants.
La volonté de « peser sur les rapports de force » à l’international sonne bien, mais se heurte à un environnement où d’autres acteurs, dotés de moyens considérables, avancent plus vite.

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Lutte contre le terrorisme

La Stratégie nationale du renseignement fixe un cap clair pour l’ensemble de la communauté du renseignement. Cette édition intègre également un contexte géopolitique mis à jour, tenant compte des tensions accrues au Moyen‑Orient et de leurs répercussions potentielles sur les routes maritimes internationales, avec une analyse affinée des risques systémiques. Elle développe par ailleurs une réflexion approfondie sur l’essor des technologies – intelligence artificielle, guerre électronique, spatial, quantique – et sur leur rôle dans l’évolution des menaces.

Enfin, ce rapport 2025 adopte une vision plus globale et interconnectée des dangers, qu’ils proviennent d’États hostiles, de groupes terroristes, de cyberattaques ou de campagnes de désinformation, là où la version précédente les traitait de façon plus compartimentée.

Elle s’articule autour de la lutte contre le terrorisme sous toutes ses formes, de l’anticipation des crises et des ruptures majeures, qu’elles soient géopolitiques, économiques ou sociétales, et de la protection des intérêts économiques et industriels de la France face à la concurrence et aux prédations étrangères.

Elle met aussi l’accent sur la neutralisation des menaces transversales, comme les cyberattaques, les ingérences et l’espionnage, la criminalité organisée ou encore la prolifération des armements

Le rapport insiste sur la cohésion entre les différents services, qu’ils relèvent du renseignement intérieur, extérieur, militaire ou financier, et sur l’importance du partage d’informations pour accroître l’efficacité collective.

Il met aussi en avant la dimension européenne et internationale de la coopération, considérée comme un levier stratégique pour défendre les intérêts français dans un monde où les lignes de fracture se multiplient.

Enfin, il rappelle que le renseignement n’est pas seulement un outil de protection, mais aussi un instrument d’influence et de souveraineté, capable de peser sur les rapports de force et de préparer les décisions politiques les plus sensibles

Ce cadre stratégique ne se limite pas à la défense : il vise aussi à renforcer la capacité d’influence de la France, à consolider la coopération européenne et internationale, et à favoriser un partage fluide et sécurisé de l’information entre services.

L’objectif est de disposer d’un appareil de renseignement capable non seulement de protéger le pays, mais aussi de peser sur les rapports de force mondiaux en s’appuyant sur une vision commune et des priorités opérationnelles clairement définies.

Ne pas courir plusieurs lièvres à la fois !

La stratégie insiste aussi sur la neutralisation des menaces transversales, comme les cyberattaques, les ingérences et l’espionnage, la criminalité organisée ou la prolifération des armements, qui exigent des capacités d’action rapides et coordonnées. Elle souligne enfin que le renseignement n’est pas seulement un outil défensif : il sert aussi à renforcer l’influence et la souveraineté françaises, en s’appuyant sur des partenariats européens et internationaux solides et sur un partage d’informations fluide entre services

En filigrane, cette stratégie reflète autant une prise de conscience lucide des menaces qu’un exercice de communication politique destiné à rassurer et à affirmer une posture de puissance, dans un monde où le renseignement est devenu autant un instrument de sécurité qu’un levier d’image.

Sources