Activité sportive et intelligence collective


Lors du Salon City Events de mars 2016 dont le thème était l’impact et l’influence de l’événementiel sportif sur nos territoires, nos citoyens, nos vies, j’avais eu l’opportunité de partager mes réflexions sur l’héritage matériel des événements sportifs pour les territoires, notamment en termes de sécurité publique.
La perspective des manifestations sportives que la France va organiser dans les années futures me paraît une raison pour les présenter à nouveau car il me paraît évident que l’intelligence collective doit être un moteur des projets qui se profilent. Voici le texte de ma conférence.
 

« L’organisation d’un événement sportif n’est pas une fin en soi, elle s’inscrit dans une stratégie de développement, une croissance réfléchie du territoire, avant tout au bénéfice des habitants qui l’accueillent ». Qui aurait pu, en conscience, affirmer l’idée force de ce forum, en observant les manifestations dans les rues brésiliennes à quelques semaines du match d’ouverture du dernier Mondial de football ?
Nous étions loin, à ce moment-là, d’imaginer un héritage positif pour les villes d’accueil. Tout au contraire, cette situation, qui troublait l’équilibre sécuritaire à l’échelle du pays, témoignait plutôt du profond malaise des habitants face à cet évènement.
C’est pourquoi avant d’aborder ce qui pourrait être le facteur clés de succès d’un héritage réussi, il me paraît utile de préciser ce qui pourrait favoriser, ou pas, l’atteinte d’un tel objectif.
 

D’abord, la situation socio-économique du territoire concerné.
L’accueil d’un événement, notamment sportif, est plus ou moins perçu comme positif selon que le territoire concerné est favorisé ou au contraire plutôt sinistré. Dans le 1er cas, on ne verra que les désagréments causés par l’organisation alors que dans l’autre on attendra un élan positif, voire un « booster » sans équivalent.
 

Ensuite, le type d’événement accueilli et je veux parler ici de récurrence d’un événement dans un même lieu.
On constate, en effet, que les manifestations, en proposant un rendez-vous régulier, deviennent  souvent un élément de valorisation, parfois même un symbole positif, du territoire qu’elles occupent. A l’inverse, un évènement « one shot » ne pourra, sauf exception, avoir un tel résultat.
 

Enfin, le type d’investissements réalisés.
Je fais référence ici au choix stratégique de l’organisation de  s’appuyer sur des structures pérennes, qui vont s’intégrer dans le territoire, ou des structures provisoires. On pourrait ainsi multiplier les exemples où les structures construites pour un événement ont été recyclés en bâtiments publics ou en habitations, créant ainsi un véritable environnement socio-économique.
 

Donc si devais faire le portrait-robot de l’événement susceptible d’être à l’origine d’un héritage réussi, je dirais :
  • Un évènement récurrent et localisé, s’appuyant sur des structures pérennes et réutilisables, s’inscrivant dans un territoire défavorisé et donc propice au développement économique et social.
Evidemment, les Jeux Olympiques sont un contre-exemple parfait de tout ce que je viens de dire. Ils sont à la fois éphémères et uniques, mais peuvent générer un impact majeur pour le territoire.
C’est qu’ici, l’universalité de l’évènement s’appuie sur un projet qui dépasse largement les frontières du territoire d’accueil, et en fait un formidable instrument de mutation et de transformation. Les Jeux sont donc « hors-jeux » si j’ose dire…
Mais, Ceci étant dit. Quel héritage matériel le territoire peut-il retirer d’un événement en termes de sécurité publique ? Car là est l’enjeu à long terme.
 

De matériel ? Pas grand-chose en dehors peut-être de quelques équipements dont l’efficacité reste souvent à démontrer.
Et pourtant, l’organisation d’un grand événement peut toutefois être à l’origine de l’évolution de la sécurité d’un territoire. Je m’explique.
En modifiant profondément l’environnement architectural et physique du territoire qui l’accueille, tout en permettant l’émergence de nouvelles activités, donc de nouveaux emplois, l’organisation d’un événement a un impact majeur sur le  développement socio-économique.
Dans les faits, l’impact direct sera la baisse de la délinquance et des actes d’incivilité. Sans oublier la diminution du sentiment d’insécurité. Sentiment qui, s’il se développe, a des effets sociologiques sont souvent, à terme, très destructeurs voire déstructurant pour le territoire.
Cette « nouvelle donne » va permettre à la fois la pacification des rapports humains au sein de la communauté et la réhabilitation de l’image de l’espace urbain concerné.
C’est-à-dire une valorisation globale du territoire.
 

Ce schéma caractérise un cercle vertueux où la sécurité du territoire n’est pas la conséquence du renforcement de moyens curatifs ou coercitifs, mais bien d’une modification en profondeur des mentalités et de l’environnement.
Attention, tout cela ne va toutefois « pas de soi » et on a vu des expériences échouer. Quelques conditions me paraissent être des facteurs clés de succès.
  • D’abord et avant tout, il est important de s’appuyer sur la mise en place d’un partenariat public/privée réel et structuré. Où les premiers représentent les intérêts des habitants/citoyens et les seconds ceux de l’organisation/propriétaire de l’évènement.
Mais ce n’est pas suffisant. Ce partenariat doit également s’ouvrir au monde associatif et à la société civile, au niveau le plus local possible. Cela afin de créer une véritable synergie entre les besoins réels du territoire et les objectifs de l’événement.
 
  • Ensuite, et c’est une conséquence du point précédent, que les populations du territoire soient réellement impliquées dans la vie de l’événement, de sa genèse à sa réalisation. On peut pour ce faire privilégier les populations locales dans les programmes de volontaires ou les entreprises du territoire sur les marchés de prestations. Le but étant de permettre à la population d’être un acteur majeur de l’évènement en s’appropriant et s’identifiant à la manifestation.

J’ai lu, il y a quelques mois, un article de la revue France Forum intitulé, « Sport et territoire : une relation privilégiée ». Il y était développé l’idée que le sport participe à réduire les différences, crée les références et valorise le territoire. Je ne peux qu’adhérer à ces idées car elles sont le fondement d’un héritage pérenne et il est important que l’événement sportif contribue à ce bel objectif.

 

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Enjeux, benevolat, coaching, management, parite homme/femme : developpement des territoires evenementiel intelligence collective sport valeurs citoyennes
Par Thierry Marchand (Caliste) le Jeudi 22 Mars 2018 | Commentaires (19)