Communication & Influence

La Maison Blanche lance son « Hall of Shame » médiatique


David Commarmond
Samedi 6 Décembre 2025


Washington, D.C. – 6 décembre 2025 La Maison Blanche nous a réservé une nouvelle surprise, elle a franchi une nouvelle étape dans sa guerre contre les médias en lançant cette semaine un portail en ligne dédié à la traque des "biais médiatiques". Baptisé Media Bias Portal, la plateforme se présente comme un outil de "transparence" et de "lutte contre les fausses informations". Cette initiative a suscité une vague de réactions indignées aux Etats-unis.



Crédit White House
Crédit White House

Le portail met en avant une section détaillée, intitulée "Media Offender of the Week", où tous médias sont épinglés pour des articles jugés "faux", "biaisés" ou "malhonnêtes" par le Bureau Ovale. Une "Offender Hall of Shame" recense des dizaines d’articles classés par catégories : "mensonge", "omission de contexte", "lunatic left-wing", ou encore "fausse affirmation". De nombreux exemples parsement le site et la liste n'a pas vocation à être exhaustive. Bien entendu, aucun média conservateur, comme Fox News ou The Daily Wire, n’apparaît dans ce classement.
 

Une "tipline" pour "impliquer les Américains"

Pour alimenter sa base de données, la Maison Blanche a lancé une initiative, elle invite les citoyens à soumettre des exemples de biais médiatiques dans une "tipline". "Les journalistes ont rendu impossible l’identification de chaque fausse information, c’est pourquoi l’aide des Américains est essentielle", explique un communiqué de la présidence. Cette démarche s’inscrit dans la continuité des attaques répétées de Donald Trump contre les médias, qu’il qualifie régulièrement de "fake news" ou d’"ennemis du peuple".
  

Réactions : entre soutien et condamnation

L’initiative a immédiatement provoqué un tollé parmi les défenseurs de la liberté de la presse. Seth Stern, directeur de plaidoyer à la Freedom of the Press Foundation, a dénoncé "un conflit d’intérêts évident lorsqu’une administration se déclare arbitre des biais médiatiques". Pour lui, ce portail "brouille la ligne entre critique et coercition" et risque de "délégitimer les médias qui osent tenir le pouvoir pour responsable".
 

Du côté des médias ciblés, les réactions sont tout aussi vives. Matt Murray, rédacteur en chef du Washington Post, a qualifié cette initiative de "ciblage injustifié et intentionnel de journalistes exerçant un droit constitutionnellement protégé". "Le Washington Post ne se laissera pas intimider et continuera à rapporter rigoureusement et précisément au service de tous les Américains", a-t-il déclaré.
 

Malgré ses attaques constantes contre la presse, Donald Trump reste un consommateur vorace d’informations, multipliant les appels aux "journalistes" et les "interviews". "Il dévore les médias dans tous les sens du terme.  Jim VandeHei trouve même une analogie culinaire, les médias pour le Président Trump étant comme des frites, le PDG d’Axios, dans une dernière analyse publiée cette semaine est très critique. "Le président Trump est entré en fonction en promettant de décapiter les médias traditionnels", il y oeuvre manifestement.
 

Un outil politique ?

Les critiques voient dans ce portail une manœuvre politique visant à discréditer les médias avant les élections de 2026. David Lipson, professeur en études américaines à l’Université de Strasbourg, y voit "une stratégie généralisée pour délégitimer les médias traditionnels et contrôler le récit médiatique " (source France 24).

Tim Graham, directeur de l’analyse médiatique au Media Research Center (un observatoire conservateur), est pour lui une initiative méritante, "un effort plus fort que ce qu’ont fait les présidents républicains avant Trump" et reflète une prise de conscience : "Tous les Républicains réalisent aujourd’hui que les médias sont du côté adverse".

2026 commence sous les meilleurs auspices. On en demandait pas tant.