Carnets de voyage

Carnet de voyages d'Eva GESTKOFF-PODZIOUBAN Octobre 2025, Kusatsu Onsen, préfecture de Gunma. Témoignage.

Le Japon est l’un des acteurs les plus redoutables de la compétition internationale grâce à une culture industrielle fondée sur la précision, la fiabilité et l’innovation continue.


Eva GESTKOFF-PODZIOUBAN
Lundi 15 Décembre 2025


En cette fin d'année, Veillemag vous propose le carnet de voyage d'Eva GESTKOFF—PODZIOUBAN, étudiante en Master d’études européennes et internationales à la Sorbonne Nouvelle, au pays du Soleil Levant. "J’ai déjà eu l’opportunité de faire un échange à Séoul mais mon rêve était le Japon". Je vous propose de m'accompagner tout au long de mon séjour. Episode 2 : Les Onsen, connus par les puristes du Japon mais moins du grand public, ce sont des bains de sources d’eau très chaudes avoisinant les 45°, réputés pour leurs bienfaits sur le corps.



Crédits photo : Eva GESTKOFF-PODZIOUBAN
Crédits photo : Eva GESTKOFF-PODZIOUBAN
Rencontre avec 

Avant d’arriver au Japon je n’avais pas encore d’itinéraire précis. Cependant, je savais qu’il fallait que j’aille découvrir la campagne japonaise et les trésors qu’elle cache. J’ai décidé de prendre une kei car, les petites voitures carrées avec le volant à droite, et de m’aventurer vers d’autres horizons. L’effervescence Tokyoïte me convient, la plénitude de la campagne m’attire d’autant plus.

Le Ryokan

J’ai réussi à trouver un joli Ryokan traditionnel près du village le plus réputé pour son Onsen central : Yubatake Onsen. Le Ryokan, qui, fidèle à la tradition japonaise, a su m’accueillir par son calme et son odeur de soufre. Après m’être déchaussée et avoir enfilé les chaussons disposés à l’accueil, je me suis dirigée vers la réception. Une iconostase à la japonaise.

Un homme assez âgé, qui boit son matcha, m’emmène vers une armoire où il y a un choix démesuré de Yukata. Toutes les tailles, toutes les couleurs, tous les motifs. Mes yeux ne savaient plus où regarder. Après une brève explication, j’ai donc choisi mon Yukata : rose poudré, fleuri, avec une ceinture assortie. Je savais d’ores et déjà que ma mission du soir était de réussir à mettre ce tissu majestueux autour de moi et de la bonne façon. Le Yukata, à ne pas confondre avec le Kimono, est un habit traditionnel que les Japonais portent après leur bain du soir. Il est léger, très doux et peut-être utilisé comme pyjama.
 
Mon Yukata à la main, je m’efforce de trouver ma chambre avec mes chaussons trop grands et des clés si lourdes que ma main flageolait. J’ouvre la porte, j’ôte mes chaussons et ouvre la Fusuma, cette porte derrière laquelle je pourrais dire : j’ai porté un Yukata dans un Ryokan.
 
La chambre s’ouvrait comme un calme sanctuaire de bois et de lumière tamisée. Le sol était recouvert de tatamis tressés, ces nattes pâles qui exhalaient une odeur douce d’herbe séchée. Leur surface était si agréable lorsque je marchais qu’elle donnait l’impression de marcher sur un nuage.
 
Une magnifique table basse en bois d’ébène était placée au milieu de la chambre, s’imposant comme l’élément principal de ce lieu silencieux. Quatre petites zaisu, des chaises sans pieds avec un dossier posées à même le sol, semblaient inconfortables. Quelle ne fût pas ma surprise lorsque j’ai décidé de m’abaisser pour m’asseoir. Le confort de ces chaises face à cette immense table m’a transportée. Elles donnent presque l’envie de rester par terre, les jambes étendues, à boire son matcha qui était déjà préparé dans une petite tasse artisanale, sur la table, encore fumant. Grande amatrice de thé, la première gorgée était une source chaude revigorante et apaisante.
 
Ce qui fait tout le charme d’une chambre dans un Ryokan sont les futons déjà empilés, enveloppés dans de jolis draps brodés. L’impression d’avoir une chambre préparée sur mesure et d’avoir été attendue m’a confortée dans l’idée que les Japonais vous invitent à la quiétude.
  
La cloison coulissante que l’on ne voit que dans les films était bel et bien réelle. Très légère, presque translucide, elle laissait transparaître un autre coin de plénitude. Une petite table, deux chaises qui, cette fois-ci, n’étaient pas au sol mais sur des pieds face un choix de sachets de thé japonais, avec d’autres saveurs alléchantes qui donnaient envie de toutes les goûter.
  
Le thé, la chambre, les tatamis m’ont conduite à porter mon Yukata, après une douche chaude dans les parties communes.

Les Onsen

J’ai décidé d’aller expérimenter le Onsen privé du Ryokan. Descendant les escaliers, une effluve sulfureuse d’un œuf longtemps abandonné m’a surprise. C’était l’odeur du soufre.
  
Connu pour ses bienfaits sur la santé physique et mentale, je n’ai pas hésité longtemps à laisser glisser mon Yukata et à oser rentrer dans ce bain incandescent au point de mordre la peau. Un pied après l’autre, puis le reste du corps, à une cadence posée, oscillant entre avance et retrait, j’y suis parvenue. Une fois dedans, j’ai laissé mon corps s’adapter doucement, mon esprit se reposer et j’ai compris qu’il fallait complètement s’oublier pour pouvoir commencer à se fondre dans la douceur du moment. J’étais seule, comme dans un songe, à en oublier l’espace-temps.
  
Dans le Ryokan, il y avait également un Onsen public, séparé en deux bains, un pour les femmes, un autre pour les hommes. Pour pouvoir y pénétrer, il faut s’accoutumer de certaines règles. La pudicité était un réel problème pour moi, cependant je savais que c’était une expérience unique. Je me suis laissée porter une deuxième fois, me suis attachée les cheveux puis ai franchi la porte.

Des petits tabourets en plastique face à des pommeaux de douche en dessous desquels se trouvent les produits d’hygiène indispensables avant de pouvoir entrer dans l’antre soufré. Quatre femmes se trouvaient là, à échanger, rire. Elles m’ont brièvement saluée puis ont repris leur conversation comme si je n’étais qu’un mirage. J’ai osé une seconde fois descendre dans ce Onsen, où se trouvait une femme, détendue, presque flottant dans ce bain fumant.
J’ai découvert les fondations d’une tradition japonaise ancrée depuis le VIIIè siècle.

Episode 1. Tokyo
Episode 2. Les Onsen
Episode 3. Kanazawa et le village des chaumières à venir

 


A propos de ...

Eva Gestkoff — Podziouban  Actuellement en Master d’Études Européennes et Internationales à la Sorbonne Nouvelle, je suis  au Japon pour plusieurs mois et je suis à la recherche d’un nouveau stage dans le domaine des relations internationales, de la diplomatie ou de l’analyse stratégique à mon retour.

L’automobile, cœur battant de la compétitivité japonaise

Le Japon reste l’un des acteurs les plus redoutables de la compétition internationale grâce à une culture industrielle fondée sur la précision, la fiabilité et l’innovation continue. Cette force se lit particulièrement dans l’automobile, secteur emblématique où le pays a imposé des standards mondiaux de qualité et de maîtrise technologique. Toyota, Honda ou Nissan ont bâti leur puissance sur une vision long terme, une ingénierie rigoureuse et une capacité unique à transformer les contraintes en leviers d’innovation, notamment dans l’hybride et l’hydrogène.
 

Alors que la transition énergétique rebattait les cartes, le Japon a su conserver une longueur d’avance en misant tôt sur les motorisations propres, tout en consolidant sa présence internationale, notamment aux États‑Unis. Aujourd’hui encore, malgré la pression chinoise et l’accélération du véhicule électrique, l’industrie automobile japonaise demeure un pilier stratégique : elle incarne la résilience du pays, sa capacité à se réinventer et à rester un acteur incontournable dans la mobilité mondiale.


Focus sur les kei cars au Japon en 2025 (Chiffres clés) :

  • Les kei cars représentent environ 40 % des ventes totales de voitures neuves au Japon, soit un marché colossal de près de 1,6 million d’unités par an, sur un total d’environ 4 millions de voitures particulières immatriculées annuellement.
  • Suzuki, leader sur ce segment, a vendu plus de 350 000 kei cars sur les neuf premiers mois de 2025, ce qui représente 35,5 % de parts de marché dans cette catégorie. La marque a franchi le cap des 30 millions de voitures vendues au Japon en 70 ans, dont plus de 25 millions de kei cars.
  • Parmi les modèles phares, le Wagon R a dépassé les 10 millions d’exemplaires vendus, et l’Alto représente à elle seule une vente sur cinq dans l’histoire de Suzuki.
  • Le marché des kei cars est en pleine transition vers l’électrique, avec plusieurs modèles 100 % électriques présentés en 2025, comme la Suzuki Vision e-Sky ou la Nissan Sakura, qui se vend à partir de 16 000 € au Japon.

Ces véhicules, très populaires pour leur compacité, leur coût réduit et leurs avantages fiscaux, sont un pilier de l’industrie automobile japonaise.