Face aux risques, la France mise sur la résilience collective
Le guide publié par le Secrétariat Général de la Défense et de la Sécurité Nationale ne se contente pas d’énoncer des consignes : il s’inscrit dans une véritable stratégie politique et sociétale.
En affirmant que « Face aux risques, nous sommes tous responsables », l’État cherche à déplacer le curseur de la sécurité nationale vers une approche plus partagée, où chaque acteur – collectivités, entreprises, associations, citoyens – devient partie prenante de la résilience collective. Ce n’est pas un hasard si le document fait écho à l’article 3 du Traité de l’Atlantique Nord : la résilience est désormais considérée comme un critère de crédibilité internationale, au même titre que la défense militaire.
En affirmant que « Face aux risques, nous sommes tous responsables », l’État cherche à déplacer le curseur de la sécurité nationale vers une approche plus partagée, où chaque acteur – collectivités, entreprises, associations, citoyens – devient partie prenante de la résilience collective. Ce n’est pas un hasard si le document fait écho à l’article 3 du Traité de l’Atlantique Nord : la résilience est désormais considérée comme un critère de crédibilité internationale, au même titre que la défense militaire.
Vers une évolution culturelle
Longtemps perçue comme une affaire de spécialistes, la prévention des risques est désormais présentée comme une responsabilité commune, qui engage autant la gouvernance que la société civile. En mettant en avant des gestes simples et des réflexes accessibles à tous, le SGDSN cherche à ancrer la résilience dans le quotidien, à la rendre tangible et praticable.
L’idée est claire : la sécurité ne se joue pas seulement dans les états-majors ou les ministères, elle se construit dans les foyers, les associations, les entreprises, partout où l’on peut anticiper, s’adapter et rebondir.
L’idée est claire : la sécurité ne se joue pas seulement dans les états-majors ou les ministères, elle se construit dans les foyers, les associations, les entreprises, partout où l’on peut anticiper, s’adapter et rebondir.
Politiquement, ce guide illustre la volonté de l’État de renforcer la confiance entre institutions et citoyens.
Dans un contexte marqué par la multiplication des crises – climatiques, sanitaires, énergétiques, géopolitiques – il s’agit de montrer que la résilience n’est pas une posture défensive mais une stratégie proactive, qui vise à maintenir la continuité des fonctions vitales de la société.
On lit aussi un message adressé aux partenaires internationaux : la France entend se conformer aux standards de l’OTAN, mais elle veut surtout inscrire la résilience dans une logique de société, dépassant le seul cadre militaire.
Dans un contexte marqué par la multiplication des crises – climatiques, sanitaires, énergétiques, géopolitiques – il s’agit de montrer que la résilience n’est pas une posture défensive mais une stratégie proactive, qui vise à maintenir la continuité des fonctions vitales de la société.
On lit aussi un message adressé aux partenaires internationaux : la France entend se conformer aux standards de l’OTAN, mais elle veut surtout inscrire la résilience dans une logique de société, dépassant le seul cadre militaire.
Une mise en oeuvre difficile
Si le guide insiste sur la responsabilité partagée, la mise en œuvre reste tributaire d’une coordination complexe entre l’État, les collectivités locales et les acteurs privés. Or, les crises récentes (pandémie, cyberattaques, catastrophes climatiques) ont montré que cette articulation est souvent lente et inégale.
La résilience suppose des moyens matériels et humains. Les grandes métropoles disposent de ressources et d’expertise, mais les territoires ruraux ou fragiles risquent de rester en retrait, faute de financements ou de compétences spécialisées comme nous l'avons évoqué dans l'article Salon des Maires. Intelligence territoriale : quand la donnée réinvente la gouvernance locale. Entre ambitions et inquiétudes.
Malgré les efforts de communication, la prévention n’est pas encore un réflexe partagé par l’ensemble de la population. Le guide propose des gestes simples, mais leur appropriation dépendra d’une pédagogie continue et d’une répétition dans le temps. Et çà, c'est pas gagné !
Les sept piliers identifiés (énergie, eau, communications, santé, transport, etc.) sont pertinents, mais ils reposent sur des infrastructures souvent vieillissantes ou vulnérables. La sécurisation de ces réseaux exige des investissements massifs et une volonté politique durable. Où sont les financements ? Où est la volonté politique durable ?
Restent à mettre en place un suivi, indicateurs clairs et financements pérennes, le guide pourrait rester un "coup de com" !
La résilience suppose des moyens matériels et humains. Les grandes métropoles disposent de ressources et d’expertise, mais les territoires ruraux ou fragiles risquent de rester en retrait, faute de financements ou de compétences spécialisées comme nous l'avons évoqué dans l'article Salon des Maires. Intelligence territoriale : quand la donnée réinvente la gouvernance locale. Entre ambitions et inquiétudes.
Malgré les efforts de communication, la prévention n’est pas encore un réflexe partagé par l’ensemble de la population. Le guide propose des gestes simples, mais leur appropriation dépendra d’une pédagogie continue et d’une répétition dans le temps. Et çà, c'est pas gagné !
Les sept piliers identifiés (énergie, eau, communications, santé, transport, etc.) sont pertinents, mais ils reposent sur des infrastructures souvent vieillissantes ou vulnérables. La sécurisation de ces réseaux exige des investissements massifs et une volonté politique durable. Où sont les financements ? Où est la volonté politique durable ?
Restent à mettre en place un suivi, indicateurs clairs et financements pérennes, le guide pourrait rester un "coup de com" !
Et ailleurs, comment çà marche ?
Le guide français sur la résilience s’inscrit dans une tendance internationale, mais il révèle aussi ses limites lorsqu’on le compare aux stratégies mises en place dans d’autres pays.
Les pays nordiques (Suède, Finlande, Norvège, Danemark, Islande) ont développé une approche dite whole-of-society, où la sécurité est conçue comme une responsabilité partagée entre l’État, les collectivités, les entreprises et la société civile. Leur modèle repose sur des partenariats public-privé solides, car une grande partie des infrastructures critiques – énergie, télécommunications, finance – est détenue par des acteurs privés. Cette coopération est institutionnalisée et permet une meilleure continuité des fonctions vitales. Contrairement au guide français, qui reste très centré sur l’État et ses relais territoriaux, les Nordiques insistent sur la décentralisation et la confiance dans les communautés locales.
Le Royaume-Uni a publié en 2025 son Resilience Action Plan, qui vise à renforcer la préparation face aux pandémies, aux cyberattaques et aux crises climatiques. Trois axes dominent : l’évaluation continue des risques, l’engagement de toute la société et le renforcement des systèmes publics. Là encore, l’accent est mis sur la transparence et la responsabilisation des acteurs privés et communautaires. Mais les critiques soulignent que la stratégie britannique reste incomplète, faute de financements clairs et d’une articulation forte entre le gouvernement central et les collectivités locales
La stratégie américaine, publiée en janvier 2025, insiste sur une approche whole-of-nation face aux menaces multiples : climat, pandémies, cyberattaques, compétition géopolitique. Elle met en avant des investissements massifs dans les infrastructures, mais aussi une responsabilisation des États fédérés et des communautés locales. Le modèle américain est ambitieux, mais il souffre d’une fragmentation institutionnelle : la résilience dépend fortement des moyens financiers et politiques de chaque État, ce qui crée des inégalités territoriales.
Les pays nordiques (Suède, Finlande, Norvège, Danemark, Islande) ont développé une approche dite whole-of-society, où la sécurité est conçue comme une responsabilité partagée entre l’État, les collectivités, les entreprises et la société civile. Leur modèle repose sur des partenariats public-privé solides, car une grande partie des infrastructures critiques – énergie, télécommunications, finance – est détenue par des acteurs privés. Cette coopération est institutionnalisée et permet une meilleure continuité des fonctions vitales. Contrairement au guide français, qui reste très centré sur l’État et ses relais territoriaux, les Nordiques insistent sur la décentralisation et la confiance dans les communautés locales.
Le Royaume-Uni a publié en 2025 son Resilience Action Plan, qui vise à renforcer la préparation face aux pandémies, aux cyberattaques et aux crises climatiques. Trois axes dominent : l’évaluation continue des risques, l’engagement de toute la société et le renforcement des systèmes publics. Là encore, l’accent est mis sur la transparence et la responsabilisation des acteurs privés et communautaires. Mais les critiques soulignent que la stratégie britannique reste incomplète, faute de financements clairs et d’une articulation forte entre le gouvernement central et les collectivités locales
La stratégie américaine, publiée en janvier 2025, insiste sur une approche whole-of-nation face aux menaces multiples : climat, pandémies, cyberattaques, compétition géopolitique. Elle met en avant des investissements massifs dans les infrastructures, mais aussi une responsabilisation des États fédérés et des communautés locales. Le modèle américain est ambitieux, mais il souffre d’une fragmentation institutionnelle : la résilience dépend fortement des moyens financiers et politiques de chaque État, ce qui crée des inégalités territoriales.
Peut mieux faire
Le guide français repose largement sur l’État et ses institutions, alors que les modèles nordiques et anglo-saxons valorisent davantage la décentralisation et l’autonomie locale.E n France, les infrastructures critiques sont souvent gérées par des acteurs privés, mais le guide ne détaille pas suffisamment la coopération nécessaire pour garantir leur résilience. Contrairement aux pays nordiques, où la prévention est intégrée dans l’éducation et la vie quotidienne, la France doit encore développer une véritable culture citoyenne de la résilience.
Enfin et toujours, le guide fixe des principes, mais il ne précise pas les moyens financiers ni les outils de suivi pour mesurer l’efficacité des politiques mises en place.
Enfin et toujours, le guide fixe des principes, mais il ne précise pas les moyens financiers ni les outils de suivi pour mesurer l’efficacité des politiques mises en place.
Les limites de mise en place : entre ambition et réalité
Le guide du SGDSN trace les contours d’une stratégie nationale de résilience qui ambitionne de mobiliser l’ensemble de la société. Mais son efficacité dépendra moins de la clarté des principes que de la capacité à les traduire en pratiques concrètes, financées et partagées. La résilience ne se décrète pas : elle se construit dans la durée, au croisement de la volonté politique, de l’engagement citoyen et de la coopération avec les acteurs privés.

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