Intelligence des Territoires, PME, ETI

Perspectives actuelles en Intelligence territoriale. REVUE INTERNATIONALE D’INTELLIGENCE ÉCONOMIQUE. ÉDITORIAL Audrey Knauf et Christian Marcon

Médiation des savoirs, éducation et formation numérique : stratégies, dispositifs et usages


Jacqueline Sala
Jeudi 5 Juin 2025


L’intelligence territoriale (IT) envisagée à la fois comme une méthode systémique, un dispositif, un processus ou encore un système dynamique fait l’objet de travaux de la part de diverses communautés scientifiques, parmi lesquelles la géographie, les sciences de gestion, les sciences économiques et particulièrement les sciences de l’information et de la communication (SIC).




Au sein des SIC, la CPDIRSIC souligne, dans son ouvrage de 2019 (1 ) « Dynamiques des recherches en sciences de l’information et de la communication », que « La mise en réseau des territoires et les nouvelles formes de régulation par les données ont fait des recherches sur l’intelligence territoriale un champ particulièrement actif. […] La triple expertise des sic en matière de veille et d’organisation des connaissances, d’étude des usages et d’architecture des interfaces permet d’accompagner les acteurs locaux – pouvoirs publics, entrepreneurs ou société civile – dans la recherche des meilleures conditions de développement. » Ainsi, sa force réside à la fois dans sa dimension pluridisciplinaire et intersectorielle, mais aussi dans l’articulation étroite qu’elle permet entre recherche scientifique et réalités de terrain.

Plusieurs courants de recherche en SIC se sont attachés à approfondir cet objet scientifique, relativement récent au regard d’autres objets investis par la discipline, en proposant différentes définitions qui aujourd’hui se complètent et s’enrichissent mutuellement. Ainsi l’intelligence territoriale est envisagée comme une déclinaison territoriale de l’intelligence économique (IE), connue également sous le terme d’intelligence économique territoriale (IET) (Marcon ; Moinet). Pour d’autres chercheurs, elle représente une forme d’intelligence collective fondée sur l’interaction entre les individus et leur environnement ainsi que sur les relations interpersonnelles (Dumas ; Masselot). Une troisième approche conçoit l’intelligence territoriale comme une organisation apprenante s’appuyant sur les processus infocommunicationnels et favorisant la coordination entre les multiples acteurs qui composent un projet de territoire (Bourret ; Knauf).

Toutes ses approches se rejoignent sur l’idée que l’intelligence territoriale contribue à renforcer l’agilité des territoires en facilitant la co-production et le partage des connaissances, avec pour enjeux majeurs la protection et la valorisation du patrimoine, l’anticipation et l’accompagnement au changement.
La question de la soutenabilité et des transitions est ici fortement engagée, et elle résonne plus que jamais avec une actualité qui plonge les territoires dans une incertitude croissante.

Perspectives actuelles en Intelligence territoriale. REVUE INTERNATIONALE D’INTELLIGENCE ÉCONOMIQUE. ÉDITORIAL Audrey Knauf et Christian Marcon

En juillet 2024, le laboratoire Dicen-IDF et l’Université Gustave Eiffel forganisaient un colloque intitulé « De l’information scientifique et technique (IST) à l’intelligence économique au service des territoires : évolutions et nouvelles perspectives ».
Ces deux journées furent l’occasion d’un double mouvement : un retour en arrière pour rendre hommage à des pionniers de l’IST et analyser ce qui s’est passé dans les champs de l’IST et de l’intelligence économique depuis la parution du Rapport Martre, il y a trente ans ; puis une  prospective en termes de défis, de nouveaux champs et enjeux de l’intelligence économique, de l’intelligence territoriale, et notamment des questions d’éducation et de santé dans le champ territorial.

La R2IE, partenaire de ce colloque, a proposé à ses porteurs, les professeurs  Bourret et Fabry, d’élaborer scientifiquement le thème de son numéro  d’automne 2024, à partir d’une sélection de communications devenant des  articles, soumis comme il se doit au processus d’évaluation scientifique usuel.
Ce sont des perspectives nouvelles en intelligence territoriale qu’ils ont choisi de mettre au centre du thème. Des pistes. Des ouvertures vers de nouvelles approches de l’intelligence territoriale.

L’article « De l’information scientifique et technique (IST) à l’intelligence économique au service des territoires : évolutions et nouvelles perspectives » proposé par Christian Bourret et Nathalie Fabry ouvre le dossier en revenant justement sur les trente années passées avant d’indiquer quelles sont les perspectives nouvelles en matière d’intelligence territoriale.
Ces perspectives, portées notamment par le laboratoire Dicen-IdF, sont explorées dans trois articles. L’intelligence territoriale y est appréhendée comme un cadre théorique qui permet de regarder différemment la question de la protection sociale (Bourret, Parini-Alemanno, Haurie), les smart destinations. (Aïdi), et la contribution du patrimoine culturel au développement économique. d’un territoire (Da Ré).

D’autres questions liées aux territoires sont posées dans les trois autres textes inscrits dans le thème :
- Yannick Pech pose la question de la protection des données des collectivités territoriales et de leurs hôpitaux face à la cybermenace, pointe la fragilité de celle-ci et s’interroge sur l’appui que des hackers éthiques pourraient apporter à ces acteurs territoriaux.
- Jean-François Gayraud, interviewé par Bruno Racouchot, met en tension. l’intelligence économique territoriale et les menaces criminelles en. approchant la relation entre la mafia et la Maison-Blanche.
- Enfin, Ali Amairia propose enfin un résumé de sa thèse qui a précisément porté sur l’évolution de la DATAR en région Nouvelle- Aquitaine, dans le cadre d’une analyse de la production de connaissances du dispositif d’intelligence économique territoriale mis en place par la collectivité régionale.
 
Le présent numéro est enrichi de quatre textes qui ne manqueront pas de capter les lecteurs scientifiques et non scientifiques de la revue.


Perspectives actuelles en Intelligence territoriale. REVUE INTERNATIONALE D’INTELLIGENCE ÉCONOMIQUE. ÉDITORIAL Audrey Knauf et Christian Marcon
Dans le cadre de notre partenariat récurrent avec l’Académie de l’Intelligence Économique, Henri Dou et Jacky Kister développent une analyse de l’influence des réseaux d’auteurs, des citations et de l’évaluation dans la perception d’une thématique de recherche. La question, évidemment, importe aux auteurs de ce champ de recherche qu’est l’intelligence économique, mais elle concerne plus largement à peu près tous les champs de recherche…
Deux articles de professionnels de haut niveau contribuent à l’ouverture de notre champ éditorial. Certes, la Revue Internationale d’Intelligence économique est une revue scientifique reconnue dont la vocation est de demeurer un support d’expression pour les chercheurs de l’intelligence économique et l’intelligence territoriale issus des sciences de l’information et de la communication, des sciences de gestion et des autres disciplines lorsqu’elles abordent son cœur de sujet, mais nous croyons au dialogue entre les chercheurs et les hommes de l’art, sur le terrain. Il n’est d’ailleurs pas rare que les deux ne fassent qu’un.

En l’occurrence, dans ce numéro, Elisabeth Benali-Léonard, dont l’action pour défendre la technologie française du paratonnerre est bien connue, explique en quoi la normalisation internationale est une arme de puissance. Pour sa part, Jérôme Bondu, fondateur d’Inter-Ligere et désormais chef adjoint du département intelligence et sécurité économique au sein de l’Institut des hautes études du ministère de l’intérieur (IHEMI) nous partage son étude du positionnement des professionnels de l’information face à Google.

La R2IE doit enfn aux plumes de Nicolas Moinet et Arnaud de Morgny un. compte-rendu du colloque « La guerre économique du temps de paix » qui s’est tenu le 24 octobre 2024 au sein du Palais du Luxembourg à Paris. Accueillant des chercheurs et des experts de terrain à l’invitation du centre de recherche appliquée de l’Ekcole de guerre Economique (CR451) et de la sénatrice de l’Aude Gisèle Jourda, le colloque a apporté des éclairages tant théoriques qu’analytiques et factuels sur la guerre économique en temps de paix, ses acteurs, ses formes.