Cybersécurité

10 Mai 2022, Maison de la Nouvelle-Aquitaine Interview de Guy Flament Directeur du Campus Cybersécurité


David Commarmond




DC : Pouvez-vous vous présenter et présenter votre institution

GF : Guy Flament, Directeur du Campus Cybersécurité, animateur de réseaux, j’anime avec une petite équipe le nouvel écosystème de cybersécurité ouvert récemment en Nouvelle-Aquitaine. Le campus régional cyber et confiance numérique à pour vocation de tisser des liens entre les différents acteurs territoriaux, publics, privés, parapublics, universitaires, scolaires afin de mieux répondre aux défis de la cybersécurité. L’idée est de créer un véritable écosystème, dense au niveau du territoire, en lien avec d’autres campus régionaux et bien entendu avec des acteurs nationaux (Anssi, Cybermalveillance).

C’est une structure très collaborative. Ce projet vient de naître, puisqu’il a commencé en Septembre 2021, pour voie effectivement le jour début Mai 2022. Cette structure a vocation à monter en compétences et puissance, pour atteindre une vitesse de croisière et une capacité à absorber des pics d’activité. Le campus est construit autour de projets en R&D, de formations, d’actions de sensibilisation, de projets innovants pour pouvoir toujours contrer les attaquants qui aujourd’hui investissent massivement dans des actions offensives.

DC : Le 10 mai dernier s'est tenu la première session de recrutement en cybersécurité à la maison de la Nouvelle-Aquitaine, quel retour d’expérience pouvez-vous nous faire ?

GF : Ce premier essai a été très concluant. Les entreprises avaient la volonté de rencontrer des candidats en faisant un pas de côté. Conçu dans un laps de temps très court, cet événement a eu des retours enthousiastes. Plus de trois cents candidats (présentiel et distanciel) ont répondu présents.
 
C’était aussi une occasion de communiquer pour les entreprises de Nouvelle-Aquitaine sur un écosystème.
Inciter les futurs candidats à franchir le pas pour quitter la région parisienne. Leur montrer qu’il y a un écosystème viable où d’autres employeurs sont possibles et qu’une véritable carrière peut se faire sur le territoire, qu'il y a une véritable mobilité régionale et sociale. »
 
Le second élément que l’on peut souligner est le bon niveau des candidats, les profils correspondaient. Toutefois, le suivi des recrutements n’est pas le même partout, certains nous tiennent au courant, d’autres non. Certaines ont recruté, d’autres non. La maturité des entreprises et des PME face au recrutement est très diverse. L’ouverture des postes n’était pas forcément immédiate ou à court terme, c’est notamment le cas des experts. Nous sommes maintenant en phase de débriefing.
 
Le recrutement est un processus, un processus qui prend du temps. Du temps pour l’entreprise, mais aussi pour le candidat. Dans la mesure où nous cherchons de nouveaux arrivants, trouver une maison, un appartement, un environnement idéal pour les futures familles.
 
Enfin, le dernier élément, toujours positif, est la confirmation que le monde du cybersécurité intéresse et passionne au-delà de l’expertise et de la technique. D’autres acteurs, d’autres profils aimeraient évoluer dans le monde du cybersécurité.

DC : Pouvez-vous préciser leurs profils ?

GF : Ils peuvent être issus de la communication, de la logistique, de la qualité, ingénieur ou non. Le défi majeur pour amener ce public à la cyber est de leur donner ce vernis essentiel «un épais vernis». L’offre de formation actuelle ne permet pas encore de répondre à ce besoin.
 
Mais l’offre évolue, elle se construit, c’est un travail aussi à part entière, faire dialoguer les centres de formations, les universités et écoles d’ingénieurs pour proposer une offre en adéquation avec la demande des entreprises et celle des candidats.
 
Il faut aussi que les mentalités changent, la transversalité n’est pas encore la norme dans les entreprises et les carrières et les ressources humaines cherchent encore souvent des profils qui n’existent pas, les fameux « moutons à 5 ou 6 pattes ».
 
Le besoin est particulièrement criant dans et à côté de la gouvernance des entreprises afin de développer leur résilience. Or la résilience des entreprises n’est pas égale, elles sont plus ou moins en capacité de résister. Donner aux entreprises la capacité d’avoir une personne capable de piloter une équipe en période de crise est un enjeu majeur pour nous, soit en formant en interne et en permettant d’acquérir ces compétences, soit en les recrutant à l’extérieur.

DC : Ce projet de campus est-il une expérience nouvelle sur le territoire ? Est-elle appelée à se généraliser ?

GF : Le Campus de Nouvelle-Aquitaine n’est pas le premier en France, le premier a été fait créé à Lille (https://www.euratechnologies.com) voilà quelques années et le troisième est en Occitanie (https://www.cyberocc.com) et d’autres sont en incubation (https://campusnumerique.auvergnerhonealpes.fr/). Ces campus ont vocation à mailler le territoire et nous serons heureux de partager notre expérience.
 
Il manque en Nouvelle-Aquitaine 500 ingénieurs en cybersécurité, et au niveau national ce sont plus de 100.000 postes qui sont à pourvoir. Le besoin est là. Les tensions dans la formation et le recrutement sont manifestes. Car derrière ces enjeux se pose des questions des formateurs, des enseignants, des publics étudiants, de la formation continue, et enfin de la chasse aux talents.

DC : L’écosystème de la Nouvelle-Aquitaine est dynamique. Y-a-t-il une alchimie particulière ?

GF : Il y n’y a pas d’alchimie particulière, ni de secrets particuliers, ce projet de campus a été très longuement mûri par la région et les acteurs locaux, en amont ce sont sept ans de travail pour poser les bases du projet. Ce type de projet ne peut se faire sans un soutien politique sans faille. Le charme de la région, la gastronomie, l’environnement et les infrastructures de transports contribuent à faire de la Nouvelle-Aquitaine une alternative à l’Île-de-France.

DC : Mai 2023 sera la prochaine date de rendez-vous ?

GF : 2023 sera en effet la seconde édition, mais elle devrait avoir lieu un peu plus tôt, nous pensons plutôt pour Avril. Le mois de Mai étant un peu tardif dans le processus de recrutement pour envisager une arrivée en septembre.

Pour aller plus loin :